Ouverture officielle du 7ème Forum Régional Africain pour le Développement Durable

Le président Dénis Sassou Nguesso a prononcé officiellement le mot d’ouverture de la 7ème session du  Forum Régional Africain pour le Développement Durable(FRADD) qui se tient à Brazaville du 1er au 4 Mars sous le thème : « Mieux construire l’avenir : Vers une Afrique résiliente et verte pour assurer la réalisation du Programme 2030 et de l’Agenda 2063. »

La cérémonie organisée pour l’occasion cet après-midi au centre de conférences du Grand Hôtel de Kintélé a été marqué par une succession de discours des hautes personnalités qui supervisent l’événement.

Intervention du ministre zimbabwéen de la fonction publique

Ouvrant le bal, Paul Mavima ministre zimbabwéen de la fonction publique, du travail, de la protection sociale, et Président du Bureau sortant de la sixième session du Forum régional, a affirmé d’emblée que la crise de la Covid 19 impose une nouvelle manière d’interagir.

Il a invité les gouvernements africains à redoubler d’efforts pour réaliser les recommandations des chutes Victoria. Il a rappelé au passage les efforts fournis par la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) pour la mise en œuvre des dites applications citant entre autres l’organisation à New York d’un forum de haut niveau du 7 au 16 juillet 2020 ainsi que le recrutement d’un expert pour l’accompagnement de la feuille de route stratégique de la 7ème session. Il a cité également la mise en place des VLR dans 3 localités.

Paul Mavima a exprimé sa confiance au 7ème bureau fraichement élu et dirigé par Arlette Soudan Naunault, Ministre congolaise du Tourisme et de l’Environnement, Coordinatrice Technique de la Commission Climat du Bassin du Congo. Le défi à relever consistera a booster tous les indicateurs de développement qui ont été mis à rude épreuve par la crise sanitaire, ce qui aura un impact négatif sur les programmes 2030 pour l’atteinte des ODD et l’agenda 2063.

Le ministre zimbabwéen a préconisé une mobilisation des ressources et la mise en œuvre d’une approche innovante afin de créer une résilience en Afrique. Il s’agira de reconstruire les systèmes socio-économiques en s’appuyant sur l’innovation et le concours des partenaires. Mais la réussite d’un tel programme est tributaire du changement des mentalités, d’un financement local et d’un développement inclusif. Pour ce faire les recommandations de ce forum doivent être appliquées notamment celles ayant trait aux sciences et à l’innovation. Il va falloir également pour P.Mavima élaborer un plan complet et adapter la boite à outils de la CEA.

Il a également lancé un appel pour une distribution équitable des vaccins.

Mot du président de l’ECOSOC

Pour sa part, Munir Akram, président de l’ECOSOC a noté que les ODD constituent un plan fondamental du développement au niveau régional et mondial. Mais ajoute-t-il les effets de la pandémie sont profonds et l’Afrique a été  durement touchée. Les économies se sont contractées et les inégalités se sont aggravées et le manque des financements compromet la réalisation des ODD.

Pour Munir Akram il y a trois priorités aujourd’hui : la mobilisation des ressources, la mise en place des infrastructures durables et l’investissement dans les ITC. Pour lui l’impact de la Covid est mondiale et nécessite une initiative mondiale.

L’initiative du Pakistan au niveau de l’ONU pour l’allègement de la dette va dans le bon sens pour la réalisation des ODD.

Il serait ainsi avantageux de profiter de 500 000 Milliards de DTS pourrait jouer un rôle important ainsi que la mise en place par le FMI d’un système de crédits de concessions. Les 1000 milliards promises par le FMI tardent à venir c’est pourquoi d’autres bailleurs multilatéraux comme la Banque Mondiale pourraient contribuer à ce financement. Ces financements sans condition devraient bénéficier aux pays en voie de développement.

Le développement des infrastructures durables devrait bénéficier de 1000 milliards chaque année selon Munir Akram qui a affirmé que l’Afrique occupera une part importante dans le nouveau monde émergeant et de conlure par la célèbre parole de Nelson Mandala : « Comme l’Apartheid, la pauvreté n’est pas naturelle. Elle peut être combattue. »

Discours de Véra Songwe

Dans le mot qu’elle a prononcé Vera Songwe Secrétaire Générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique a souligné le choc massif et brutal produit par la crise sanitaire sans précédent qui a plongé l’économie mondiale dans une des plus graves récessions depuis des générations. Le taux de la croissance mondiale pour 2020 est estimée selon le Fonds monétaire international (FMI) à -3,5 %. Pour ce qui est de l’Afrique, la CEA a exécuté une simulation qui montre que la croissance moyenne du continent en 2020 aurait chuté

à 1,8 % dans le meilleur scénario et à -2,6% dans le pire scénario en raison de l’impact économique de la COVID-19.

Force est de constater que l’Afrique souffre autant de la crise climatique, qui épuise davantage les richesses de notre continent. Les pays africains consacrent déjà entre 2 et 9% de leur PIB pour répondre aux impacts environnementaux associés au changement climatique, notamment inondations, sècheresses et glissements de terrains. Les projections de la CEA démontrent qu’au rythme actuel de réchauffement de la  planète, les zones les plus affectées par le changement climatique perdront jusqu’à 15% de leur PIB à l’horizon 2030.

Le FMI estime que la pandémie de COVID-19 a creusé le déficit de financement du continent jusqu’à le porter à 345 milliards de dollars et a fait dérailler les progrès qui s’accomplissaient dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Le poids de la dette est énorme. Cette question cruciale de la dette a incité la CEA à organiser en mars 2020 deux conférences virtuelles des Ministres africains des Finances qui ont abouti à un appel

en faveur de l’annulation de la dette de ces pays ainsi qu’à un appui de 100 milliards de dollars de soutien financier aux bailleurs bilatéraux et aux institutions financières multilatérales pour aider à soutenir les économies africaines.

Les efforts entrepris ont abouti à l’annonce par le G20 au mois d’avril 2020 d’une initiative de suspension du service de la dette (ISSD) dû aux créanciers bilatéraux officiels.

Le moratoire sur la dette est une étape essentielle pour aider l’Afrique à traverser la crise du nouveau coronavirus.

Les pays développés ont injecté des centaines de milliards de dollars pour relancer leurs économies. Aux États-Unis, par exemple, la nouvelle administration est sur le point de faire adopter un plan de relance de 1900 milliards de dollars pour surmonter la crise de la COVID-19. Ces montants sont sans commune mesure avec les 100

Milliards de dollars que demande l’Afrique dont la population totale est 4 fois supérieure à celles des États-Unis.

Pour Vera Songwe la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) constitue un véritable catalyseur pour stimuler le commerce entre les pays africains, favoriser des chaînes de valeur régionales, soutenir le développement industriel, créer des opportunités d’affaires, créer des emplois pour les jeunes ainsi que dynamiser la compétitivité et l’innovation, contribuant ainsi à la réalisation du Programme 2030 et de l’Agenda 2063. La ZLECAf qui a été officiellement lancée le 1er janvier 2021 représente un marché unique de plus de 1,3 milliard de consommateurs avec un PIB cumulé supérieur à 2500 milliards de dollars.

Le thème du forum « Mieux construire l’avenir » exige selon Vera Songwe  de ne pas accepter un simple retour au statu quo.

Une étude sur les investissements verts conduite par la CEA, démontre que les investissements en énergie renouvelable et des solutions basées sur la nature pourraient créer 250% plus d’emplois et 450% plus de valeur ajoutée que les investissements traditionnels reposant sur les hydrocarbures.

Elle a préconisé la mobilisation des ressources et du Fond bleu qui offre à l’Afrique  un véhicule de développement novateur.

Parole du Commissaire de l’Union Africaine

Pour Albert Muchanga Commissaire chargé du Développement, du Commerce, de l’Industrie et des Mines de l’Union Africaine a affirmé que ce forum vient à point nommé. Selon lui la Covid a mis à mal les systèmes de santé africains et les changements climatiques s’aggravent.

Il a préconisé la résilience et le développement inclusif afin de réaliser les ODD et l’Agenda 2063. Le Commissaire de l’UA a estimé la perte du PIB africain à 65, 7% en 2020 contre 56,3% en 2019. Ainsi le risque est grand que la dette représente 100% du PIB. Il convient ajoute-t-il de mobiliser 60 à 80% des ressources nécessaires et il convient de ce fait d’appuyer les administrations fiscales dont les recettes ont connu une augmentation de 4% ce qui demeure insuffisant. Par ailleurs il faut mettre un frein au trafic illicite de capitaux (plus de 80 milliards de dollars perdus chaque année mais également lutter contre l’évasion fiscale qui se chiffre à 100 milliards de dollars par an.

Concernant les vaccins l’Afrique a besoin dans l’immédiat de 10 milliards de dollars pour en acquérir et vacciner 70% de sa population. Près d’un milliards de doses seront nécessaires d’ici 2022.

Adresse du Ministre du Tourisme présidente du FRADD

Arlette Soudan Nonault, Ministre du Tourisme et de l’Environnement du Congo et nouvelle présidente du Bureau, ce forum est d’une grande importance pour l’ensemble du continent Africain.

L’objectif c’est d’examiner les progrès accomplis, de partager les expériences et les enseignements tirés et de dégager un consensus sur les recommandations sous la forme de messages clés, afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Elle a rappelé que la date butoir de 2030 est proche pour la réalisation des objectifs du développement durable établis par les Nations Unies en 2015. Ces objectifs recouvrent des impératifs aussi élémentaires que l’élimination de la pauvreté et de la faim, l’égalité des sexes, l’accès à l’éducation et aux soins, la préservation des écosystèmes terrestres et marins, la promotion d’infrastructures et de villes résilientes etc…

Et pour elle l’Afrique a un avantage par rapport aux grands pays

industrialisés: elle n’est pas prisonnière d’un modèle profondément ancré et peut donc s’orienter très vite vers une croissance durable et inclusive.

La Vice Secrétaire Générale de l’ONU

Dans son intervention, Amina Mohamed Vice Secrétaire Générale de l’ONU a souligné que la crise de la Covid est un défi pour le monde entier. 5 millions de morts et plus de 100 millions d’individus ont basculé dans la pauvreté. Et cela compromet l’atteinte des ODD.

L’impact de cette crise est multidimensionnel : déscolarisation des jeunes, problèmes de sécurité au Sahel, crise dans les Grands Lacs, l’épidémie d’Ebola en Guinée, sécheresse et invasions de criquets…

Et pour Amina la crise pourrait être plus aigue en 2021. Mais dit-elle c’est là une opportunité pour un nouveau départ.

Elle a par ailleurs appelé à l’équité pour ce qui est de l’accès au vaccin saluant au passage les efforts entrepris pour réaliser un vaccin sur le continent. Elle a aussi plaidé pour la mobilisation des financements en faveur de l’Afrique assurant que le continent pourrait être la locomotive de l’économie mondiale dans les dix prochaines années.

Le vice premier ministre du Congo

Prenant la parole à son tour, Firmin Ayessa le vice premier ministre du Congo a affirmé que l’objectif de ce forum c’est de faire progresser la réalisation des ODD à l’horizon 2030 ainsi que l’Agenda 2063. Il a poursuivi en notant que les conséquences imprévisibles et multidimensionnelles de la Covid 19 constituent un des axes prioritaires des pays du monde et de l’Afrique.

L’idée du développement a fait du chemin depuis le 18 octobre 1950 avec la convention sur la protection des oiseaux en passant par le PNUE, la 3ème conférence au sommet de Rio en 1992 et jusqu’à l’accord de Paris sur le climat.

Firmin Eyessa a présenté le Congo comme un pays leader dans la lutte contre le changement climatique. Il a parlé de l’initiative fond bleu du bassin du Congo et du lancement en 2018 du 1er rapport biennal actualisé.

Le Vice premier ministre congolais a préconisé l’adoption de l’approche de l’économie verte.

Pour lui la 4ème révolution industrielle ouvre de grandes perspectives. Le Congo dit-il a initié une politique ambitieuse de développement de l’économie numérique assurant que la présidence du Congo du FRADD contribuera à la réalisation des objectifs de développement durable.

Notons qu’à l’issue de cette cérémonie on a assisté à la signature d’un mémorandum portant sue le développement des ITC entre la CEA et le gouvernement du Congo Brazaville.

Bakari Guèye

 

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