L’Africa Investment Forum (AIF) a ouvert officiellement ses travaux du 26 au 28 novembre 2025, au Maroc, à Rabat, à l’hôtel Sofitel, sous le thème :« Combler le fossé : mobiliser les capitaux privés pour libérer le plein potentiel de l’Afrique ».
L’événement, qui se tient au Maroc, réunit des décideurs publics, des investisseurs internationaux et des institutions financières de premier plan.
Le discours inaugural du Dr Sidi Ould Tah : transformer la démographie africaine en puissance économique.

Dans son allocution de bienvenue, le Dr Sidi Ould Tah, président du Groupe de la Banque africaine de développement, a rappelé l’urgence d’une transformation structurelle du continent :« Notre continent connaît une croissance démographique remarquable. Il est estimé que, d’ici peu, la force de travail africaine dépassera celle de la Chine et de l’Inde réunies. Nous devons transformer cette dynamique démographique en véritable force économique », a-t-il déclaré.
Pour y parvenir, il a souligné la nécessité d’investir massivement dans les infrastructures, de créer des environnements favorables à la transformation des matières premières et de mobiliser de nouveaux mécanismes financiers innovants.

Le président de la BAD a structuré sa vision autour de quatre axes majeurs :
Mobiliser de manière massive les capitaux privés, grâce à des mécanismes capables de multiplier chaque dollar investi par dix, en renforçant les garanties et les dispositifs d’atténuation des risques.
Réformer l’architecture financière africaine à travers un modèle articulé sur trois niveaux — continental, régional et national — permettant de renforcer les synergies entre institutions financières africaines et de clarifier leurs rôles.
Transformer le dynamisme démographique en puissance économique, en misant sur l’autonomisation des jeunes et des femmes, l’inclusion financière, la promotion des PME, la formation technique et professionnelle et les STEM.
Développer des infrastructures résilientes et créer de la valeur ajoutée localement, notamment grâce à la transformation des matières premières sur le sol africain et au renforcement des capacités énergétiques, logistiques, hydrauliques et numériques.
« Le déficit en infrastructures reste un impératif majeur »
Le Dr Ould Tah a conclu en rappelant que :« Le déficit en infrastructures constitue un frein majeur au développement. Transformer nos matières premières en Afrique représente la meilleure voie vers la création d’emplois et la valeur ajoutée locale. »

L’engagement du Maroc : porter l’investissement privé à deux tiers du total national d’ici 2035
Le Maroc a réaffirmé sa vision ambitieuse : faire passer la part de l’investissement privé à 2/3 du volume national d’ici 2035, contre 1/3 actuellement.
Une orientation qui repose sur la conviction que l’investissement privé est la clé de la création d’emplois, de l’innovation et de la compétitivité.
L’édition 2025 de l’AIF prévoit des sessions dédiées à des secteurs stratégiques : énergie, agriculture, infrastructures, numérique, intégration régionale…
L’objectif : faire émerger des partenariats concrets, des deals structurants et des initiatives durables au profit des populations africaines.
Un panel ministériel de haut niveau pour l’ouverture : Accélérer l’investissement privé
La session inaugurale a réuni plusieurs ministres et hauts responsables africains autour du thème :
« Accélérer l’investissement privé grâce à des environnements favorables ».
Parmi les intervenants figuraient :Ismael Nabé, Ministre du Plan et de la Coopération internationale, Guinée
Abdallah Souleymane Cheikh-Sidia, Ministre des Affaires économiques, Mauritanie
Ahmed Shide, Ministre des Finances, Éthiopie
Nadia Fettah Alaoui, Ministre de l’Économie et des Finances, Maroc
John Mbadi N’gongo, Secrétaire du Cabinet au Trésor national, Kenya
Kaba Nialé, Ministre du Plan et du Développement, Côte d’Ivoire
Déclarations marquantes des ministres
Mauritanie : « Le secteur privé doit devenir un pivot du financement public
Le ministre mauritanien Abdallah Souleymane Cheikh-Sidia a mis en avant la nécessité d’impliquer davantage le secteur privé dans le financement des grands projets :
« Les financements publics seuls ne suffisent plus. La mobilisation des ressources intérieures est limitée, et un financement public massif risquerait d’exclure le secteur privé. »
Il a souligné l’adoption en octobre 2024 d’une loi économique garantissant une stabilité juridique exceptionnelle,des protections renforcées pour les investisseurs,
l’attraction d’investissements majeurs dans l’énergie et les infrastructures portuaires.
Côte d’Ivoire : des réformes ambitieuses pour attirer les investissements privés
La ministre ivoirienne Kaba Nialé a rappelé la dynamique réformatrice engagée depuis 2012 :
adoption d’un Code des investissements plus attractif (2018),
création de guichets uniques pour faciliter les procédures,
mise en place de réformes sectorielles (mines, tourisme, télécommunications, forêt…),
modernisation du Centre de promotion des investissements.
Les résultats sont significatifs :
« La part de l’investissement privé est passée de 10 % du PIB en 2012 à 20 % en 2020 », a-t-elle précisé.
La Côte d’Ivoire ambitionne désormais d’atteindre 20 % du PIB en investissements privés d’ici 2030, soutenue par la stabilité politique et macroéconomique du pays.

L’Africa Investment Forum, une plateforme stratégique pour transformer l’Afrique
L’AIF, dirigé par le Groupe de la Banque africaine de développement et six partenaires clés (Afreximbank, Africa50, AFC, BADEA, TDB, SADC Bank), constitue aujourd’hui la principale plateforme de mise en relation entre projets et investisseurs en Afrique.
Son objectif : accélérer le financement de projets transformateurs et faciliter la conclusion de transactions majeures.
Les activités se poursuivent les 27 et 28 novembre 2025 avec des sessions sectorielles et des rencontres B2B.
Cette première journée a marqué également la signature,Afreximbank &SEDC : un accord JPPF pour un portefeuille de 1 Md USD dans le Sud-Est du Nigéria.
Hawa Bâ
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