La capitale mauritanienne, Nouakchott, figure parmi les zones les plus vulnérables aux effets du changement climatique, notamment en raison de l’élévation du niveau de la mer. Depuis plusieurs décennies, des environnementalistes alertent sur la dégradation croissante de la ville, aggravée par une exploitation anarchique du sable et une urbanisation non planifiée.
Face à cette situation préoccupante, la Banque mondiale a récemment lancé un avertissement soulignant les menaces qui pèsent sur Nouakchott. Le directeur du littoral mauritanien, Djibril Ly, confirme que certaines parties de la ville ont déjà connu des phénomènes de submersion marine. Il signale l’apparition de plus de 21 brèches côtières, causées à la fois par des facteurs naturels et humains, ainsi que la fragilisation du cordon dunaire, élément essentiel de protection contre les intrusions marines.
Historiquement, les habitants utilisaient les dunes de sable marin pour la construction de leurs habitations, une pratique qui a contribué à l’érosion progressive de ces barrières naturelles. Aujourd’hui, les conséquences sont visibles : l’élévation du niveau de la mer entraîne des inondations récurrentes, notamment pendant la saison hivernale, touchant même des quartiers résidentiels comme Tevragh Zeina et Sebkha.
Selon Pape Sao-Aly Kane, jeune ingénieur mauritanien spécialisé en gestion du changement environnemental et en agriculture durable, les impacts de cette montée des eaux sont multiples : inondations côtières, déplacements de populations, perte de terres agricoles, dégradation de la santé publique, entre autres. Il souligne que ces effets sont le fruit d’un enchevêtrement de causes, telles que le réchauffement climatique, l’urbanisation désorganisée, l’érosion côtière et le manque d’infrastructures de drainage adéquates.
La position géographique de Nouakchott, sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest, la rend particulièrement sensible aux effets de la montée des eaux. Le changement climatique accentue cette situation en provoquant la fonte des glaciers et la dilatation thermique des océans. En parallèle, la croissance urbaine rapide, sans planification adaptée, expose davantage la ville aux risques d’inondations.
Pour faire face à ces défis, plusieurs solutions sont envisageables. Une planification urbaine rigoureuse et une meilleure gestion des risques peuvent réduire la vulnérabilité de la ville. Des infrastructures de protection telles que des digues, des systèmes de drainage efficaces ou encore la création de zones tampons seraient des moyens concrets de défense. Le développement de pratiques agricoles résilientes et le déplacement progressif des zones les plus exposées vers des terres plus sûres font également partie des options à envisager.
Par ailleurs, les autorités mauritaniennes étudient la possibilité de relocaliser partiellement ou totalement la capitale. Une telle décision nécessiterait une planification minutieuse, avec pour objectif prioritaire la protection des populations et des infrastructures essentielles.
Dans cette optique, le projet régional WACA – Programme de gestion du littoral en Afrique de l’Ouest, soutenu par la Banque mondiale, est actuellement déployé à Nouakchott. Ce programme vise à colmater les brèches littorales, renforcer les défenses côtières et proposer des solutions durables pour faire face aux menaces climatiques qui pèsent sur la ville.
JP