Notre véritable blocage

Nos difficultés ne résident pas dans notre capacité à organiser des alternances politiques dans certains pays d’Afrique. Elles ne tiennent pas non plus à notre aptitude à exploiter nos ressources naturelles ou à éduquer nos enfants. Et elles ne s’expliquent pas par un manque de personnes ambitieuses, capables d’analyser lucidement nos failles dans divers domaines.

Non, notre véritable problème est ailleurs : il réside dans notre incapacité à transformer nos mentalités, à tous les niveaux de la société. Des dirigeants politiques restent enfermés dans des schémas de pensée obsolètes, animés par des logiques revanchardes. À chaque alternance, c’est un éternel recommencement, comme on le constate au Sénégal, en Côte d’Ivoire et dans bien d’autres pays.

Des autorités religieuses manquent de courage pour incarner les valeurs authentiques de leur foi. Trop souvent, elles privilégient leurs intérêts personnels, influencées par une mentalité traditionaliste.
Partout en Afrique, les principes d’amour du prochain, d’éthique et d’équité semblent s’effacer.
En Mauritanie, par exemple, nombre de savants religieux sont restés silencieux face aux discriminations que subissent les Mauritaniens noirs — une trahison des fondements moraux de leur religion.

Quant aux intellectuels et universitaires, beaucoup n’osent plus éveiller les consciences. Prisonniers d’une mentalité élitiste, repliés sur leurs cercles familiaux ou amicaux, leurs discours perdent de leur portée. Leurs enseignements sont discrédités par les contradictions entre leurs paroles et leurs actes.

Hélas, le changement de mentalité ne peut être qu’individuel avant d’être collectif.
C’est pourquoi être Mukallaf, c’est faire preuve de courage, c’est engager sincèrement et profondément ce processus de transformation intérieure.

Abdoul GUISSE

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