Mauritanie:Et si le rejet collectif du dialogue était, pour une fois, un acte politique fort ?

Par Bakary Seta Wagué

Le président de la République a, depuis plusieurs mois, tendu la main aux forces politiques du pays en appelant à un dialogue inclusif. Une démarche saluée par certains comme une rare ouverture dans un système politique verrouillé, et perçue par d’autres comme une manœuvre dilatoire de plus. Si les partis dits modérés se sont empressés de répondre favorablement, les sceptiques, eux, dénoncent une mascarade. En effet, rien dans la pratique du pouvoir en place ne laisse présager une volonté réelle de réforme ou de partage.

Une opposition atomisée et inaudible.

Dans ce contexte, l’opposition, déjà fragmentée, peine à parler d’une seule voix. Elle oscille entre appels à la participation conditionnelle et dénonciations radicales. Ce manque de lisibilité joue clairement en faveur du pouvoir, qui gagne du temps et conserve le monopole du récit politique.
Or, la situation actuelle du pays, caractérisée par Le désespoir social, l’inefficacité des institutions et la fracture communautaire, exigerait une posture claire, lisible et collective.

Le refus structuré : une option stratégique ?

Et si, au lieu de cette cacophonie permanente, l’opposition décidait collectivement de fixer un ultimatum clair au pouvoir: un calendrier, des garanties de transparence, des modalités partagées. À défaut, refuser d’entrer dans un énième simulacre de dialogue, souvent sans suite ni impact.

Ce rejet, s’il est porté de manière unie, ferme et argumentée, pourrait redonner à l’opposition un souffle stratégique. Il permettrait de :

  • sortir du piège de la participation passive,
  • forcer le pouvoir à sortir de son ambiguïté,
  • clarifier les lignes politiques aux yeux de l’opinion,
  • repositionner l’opposition comme un acteur crédible.

Alors un refus collectif, bien structuré, peut être un acte politique fort. Il ne s’agirait pas de rejeter le dialogue pour rejeter, mais de rappeler que toute concertation exige la confiance, la transparence et un véritable équilibre des forces.
Le dialogue n’est pas une fin en soi. C’est un outil, à condition qu’il ne serve pas à neutraliser les aspirations légitimes du peuple, mais à y répondre.

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