Par Amy Fofana
Nouakchott, 12 septembre 2025 – En visite officielle en Mauritanie, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme des migrants, Gehad Madi, a reconnu les avancées réalisées par les autorités mauritaniennes dans la gestion des flux migratoires, tout en appelant à combler les écarts persistants entre engagements juridiques et pratiques sur le terrain.
« Je félicite le gouvernement mauritanien d’avoir relevé les défis liés à la migration, notamment en adoptant des lois contre la traite et le trafic de migrants, en créant des centres d’accueil et en renforçant les opérations de recherche et de sauvetage en mer », a déclaré M. Madi. Il a toutefois mis en garde contre des pratiques contraires aux normes internationales, telles que des arrestations arbitraires, des détentions prolongées dans des conditions difficiles et des expulsions collectives sans évaluation individuelle ni assistance juridique.
L’expert a également exprimé ses inquiétudes quant à la vulnérabilité particulière des femmes et des enfants migrants, exposés à la violence, à la séparation familiale et à diverses formes d’exploitation. Il a en outre fait état d’allégations de comportements discriminatoires visant des migrants subsahariens de la part de certains agents de sécurité, exhortant les autorités à enquêter et à renforcer la prévention.
Parmi ses recommandations, M. Madi appelle la Mauritanie à :
- adopter une loi globale sur l’asile garantissant des procédures équitables et transparentes ;
- mettre fin aux expulsions collectives et privilégier des évaluations individuelles conformes au droit international ;
- améliorer les conditions de détention et simplifier l’accès aux permis de séjour ;
- renforcer la formation des forces de sécurité en droits humains et instaurer des mécanismes de contrôle indépendants.
Le Rapporteur spécial a souligné que « le soutien technique et financier de la communauté internationale est essentiel » pour accompagner la Mauritanie, notamment dans le traitement des demandes d’asile et la protection des groupes vulnérables. Il a plaidé pour un appui accru aux agences humanitaires comme l’OIM et le HCR, ainsi qu’aux organisations de la société civile.
Concluant sa mission, M. Madi s’est engagé à poursuivre le dialogue avec les autorités mauritaniennes, les Nations Unies et les acteurs locaux afin de favoriser la mise en œuvre des réformes nécessaires.