A l’occasion du forum des Medias sur l’élimination des violences faîtes aux femmes et aux filles en Afrique(VFFF) organisé du 4 au 6 décembre, par Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et l’Environnement (REMAPSEN), avec l’appui de ONU Femmes et le Fonds français MUSOKA, la question du travail des soins non rémunérés des femmes en Afrique de l’Ouest et du centre a fait l’objet d’une communication présentée par Dr Muriel Amétoglo Économiste féministe régionale, de ONU Femmes Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le parent pauvre des politiques de développement
Le travail des soins non rémunérés désigne le travail fait à l’intérieur des ménages comme le fait d’aller chercher de l’eau, du bois de chauffe, de faire les travaux ménagers, de s’occuper des enfants, etc
En Afrique subsaharienne ce travail occupe 3,1 fois le temps des femmes et 5 fois en Afrique de l’Ouest et du Centre. De ce fait, les femmes n’ont pas le temps de se consacrer aux Activités Génératrices de Revenus (AGR).
Les statistiques au niveau mondial montrent que 708 millions de femmes dans le monde sont inaptes pour aller travailler du fait de leurs occupations ménagères contre 40 millions d’hommes.
Il s’agit donc comme l’a souligné la conférencière d’un frein à l’autonomisation des femmes.
En effet, ce fardeau des travaux de soins non rémunérés entrave l’accès des femmes aux emplois en général, à l’entrepreneuriat et aux opportunités de l’économie en général.
La pénibilité des travaux non rémunérés accentue la pauvreté en temps des femmes.
Ces travaux ont des répercussions sur le cycle de vie des femmes et font que les femmes ont beaucoup moins de temps à consacrer à l’éducation.
Les défis sont importants dans ce domaine qui demeure le parent pauvre des politiques de développement en Afrique.
Dr Muriel préconise ainsi des investissements dans ce secteur de la part des gouvernements qui dit-elle doivent cesser de ne voir que le volet des dépenses, or affirme-t-elle il y a un retour sur investissement non négligeable.
Pendant la crise sanitaire du Covid les investissements dans ce domaine étaient de seulement 3% en Afrique contre 8% en Asie.
Il y a aussi les défis liés au changement climatique. En zone rurale le temps consacré par les femmes à la recherche de l’eau augmente. Il y a par ailleurs les maladies liées au changement climatique, les catastrophes naturelles, etc.
Autre défi, l’absence de données statistiques pour quantifier les travaux de soins non rémunérés. 135 pays n’ont pas publié de données conformément aux instructions faîtes dans le cadre de l’ODD5 spécifiquement dédié à l’autonomisation des filles et des femmes.
Les enquêtes sont certes coûteuses mais bénéfiques selon la théorie des 3R : Reconnaître, Réduire et Réaliser régulièrement des enquêtes.
Ainsi les décideurs et les acteurs devraient privilégier les travaux de soins non rémunérés et mettre en place des politiques inclusives, justes et sensibles au genre.
Bakari Gueye