Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et l’Environnement (REMAPSEN), poursuit ses efforts de mobilisation en faveur des questions de santé et de lutte contre les violences faîtes aux femmes.
Ainsi, le Forum des Medias sur l’élimination des violences faîtes aux femmes et aux filles en Afrique(VFFF) organisé à Dakar du 4 au 6 décembre, avec l’appui de ONU Femmes et le Fonds français MUSOKA, a abordé plusieurs volets ayant trait à la problématique de l’autonomisation des femmes en Afrique.
Le roi et la reine en première ligne dans la lutte contre les VFFF
L’une des présentations phares du forum a porté sur les changements de normes sociales par les leaders traditionnels.
En vedette lors de cette présentation il y avait son Altesse Ahan Kalidji Béatrice, Reine d’Oussouye et Mr Moussa Ndione, Diaraf de Bargny. Il s’agit de deux personnalités fortes dont la voix est très bien écoutée par les populations du Sénégal profond.
Ahan Kalidji Béatrice, de son vrai nom de reine Alice Oussouye Djédjou a été intronisée le 24 Aout 2000, à l’âge de 14 ans. Son royaume situé au fin fond de la Casamance comprend 22 villages. Oussouye c’est bien le royaume de Boubé Djone Oyi et du fameux Aline Sittoye Diatta.
La reine Alice est profondément engagé dans l’éveil des consciences au sein de son peuple. C’est pourquoi en 2018, elle a été nommée ambassadrice de l’ONU Femme pour la lutte contre les violences faîtes aux femmes et aux filles (VFFF).
Et ce fut l’occasion pour elle de visiter la ville de Dakar pour la première fois ; une visite qui allait lui ouvrir les portes du monde en compagnie de ONU Femme pour diffuser la bonne parole et les bonnes pratiques liées aux VFFF.
Pour elle ce sont les violences verbales qui sont les plus vicieuses et les plus difficiles à régler.
Et d’ajouter que le plus grand défi pour les victimes est de briser le silence.
Pour sa part, le Diaraf de Bargny (titre royal) est le chef de la célèbre collectivité Lébou.
Bargny est une commune du Sénégal, située sur la côte sud de la presqu’île du Cap-Vert, à une trentaine de kilomètres de Dakar.
Bargny fait partie des 12 « Penthie » (collectivités) qui ont formé la République Lébou, au large de la ville de Dakar, avant la colonisation.
Au niveau de la collectivité Lébou, souligne le Diaraf, il y a le Conseil National des notables où siège une représentante des femmes. Une collaboration parfaite existe entre hommes et femmes, note-t-il, donc pas de place pour les violences contre les femmes.
Au passage, le Diaraf a donné en exemple la reine d’Oussouye pour son engagement profond pour la cause des femmes et pour le maintien au sein de son royaume des valeurs culturelles.
En tant que Diaraf de Bargny Mr Ndione a la responsabilité sociale de protéger les valeurs traditionnelles et des valeurs culturelles positives.
Il affirme par ailleurs que les interventions les plus efficaces sont celles qui se basent sur les valeurs traditionnelles car dit-il, le changement des normes traditionnelles nécessite une médiation.
De ce fait il préconise comme approche une interprétation progressiste des traditions.
Cette approche est basée sur deux axes principaux : une médiation traditionnelle rénovée et la lutte contre les pratiques néfastes. Et c’est ce qui, soutient-il peut assurer un changement social profond. Et ce changement, poursuit-il nécessite un engagement profond des leaders traditionnels.
Ainsi, les prises de position et l’influence du Diaraf sont mises au service des femmes et des filles.
« Notre rôle est d’être un pont entre la tradition et la modernité ; de traduire la parole en actions concrètes ; de s’adapter aux exigences de notre temps ; d’être positif et de prendre des décisions courageuses. »
Tel est la philosophie du Diaraf, qui fait figure de référence car pour lui, l’autonomisation des femmes est nécessaire pour un développement harmonieux de la société. D’où le devoir de créer un environnement favorable pour l’épanouissement des femmes et des filles.
Le Diaraf de Bargny s’engage à mobiliser les leaders traditionnels et contribuer à la transformation des normes sociales.
Et à l’occasion de ce forum des medias, il a lancé un appel pressant aux leaders traditionnels d’Afrique afin de se mobiliser aux côtés de ONU Femmes et d’user de leur légitimité traditionnelle pour devenir de vrais artisans de ce changement.
Bakari Gueye