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Atelier de renforcement de capacités des journalistes sur la protection du littoral avec l’appui du projet WACA

Les 19 et 20 décembre courant s’est tenu à Nouakchott un atelier de renforcement de capacités des journalistes sur la protection du littoral avec l’appui du projet WACA.

L’atelier organisé par l’Association des Journalistes Mauritaniens Amis du Littoral (AJAL) a été ouvert jeudi 19 décembre par le directeur adjoint de la protection du littoral au ministère de l’environnement et du développement durable, Mr Saadna Abdel Wahab. On notait aussi la présence d’un représentant de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel et du coordinateur adjoint du projet WACA.

D’emblée, le président de l’association AJAL Mr Haidara, a présenté cette organisation de journalistes créée en 2021 en marge d’un séminaire de formation organisé par le projet WACA sur les défis du littoral mauritanien.

Mr Haidara a affirmé que le littoral mauritanien est sous la menace de l’avancée de la mer, donnant l’exemple des villages de Nouamghar et Iwik, situés dans le Parc National du Banc d’Arguin.

Il a de ce fait invité ses confrères à s’impliquer davantage dans la lutte contre cette dégradation accélérée du littoral, et ce en multipliant les couvertures médiatiques destinées à éveiller les consciences des citoyens et des décideurs.

Pour sa part, le coordinateur adjoint du projet WACA(Programme de gestion du littoral ouest-africain), Mr Dia Abdoul a présenté ce projet sous-régional présent dans 7 pays dont la Mauritanie.

Le lancement du projet fait suite à une demande des pays côtiers du littoral Ouest-africain suite à l’élévation inquiétante du niveau de la mer.

La 1ère phase du projet a débuté en 2018 e Mauritanie et était initialement prévue pour une durée de 5 ans. Mais ella a été prolongée de 2 ans supplémentaires et le projet sera finalement clôturé à la fin de l’année 2025, a noté Mr Dia.

Le projet comprend plusieurs volets dont la restauration de l’écosystème côtier ; l’accompagnement et le renforcement du cadre légal ; un volet résilience des populations riveraines soumis aux événements extrêmes (mise en place de projets sociaux) ; un volet pollution.

Il y a aussi une composante sensibilisation et vulgarisation soutenue par la présence d’un expert en Communication et d’un réseau de journalistes.

Pour le directeur adjoint de la protection du littoral, cet atelier intervient dans un contexte particulier. Il vise à faire la lumière sur l’ampleur du phénomène de la dégradation du littoral. Et le directeur d’inviter à la multiplication des efforts et à une synergie entre le gouvernement, la Société Civile et les journalistes.

Des défis environnementaux à relever

Dans un exposé présenté par le directeur adjoint de la protection du littoral, ce dernier a parlé des côtes mauritaniennes et des défis auxquels elles font face.

Ces côtes sont considérées comme uniques. C’est dit-il un patrimoine à protéger. Elles sont longues de 750 Km et couvrent une superficie de 230.000 Km2. Elles comportent des zones humides d’importance mondiale telles que les parcs de Diawling et du Banc d’Arguin (PNBA). On compte plus de 700 espèces de poisson dont 49 sont sur la liste rouge des espèces en voie de disparition. Il y a aussi 269 espèces d’oiseaux dont 47 espèces d’oiseaux des eaux profondes.

Tout ce potentiel risque de disparaître si la mer n’est pas protégée, conclut le directeur adjoint.

S’agissant des défis il a cité la nécessité de la mise en œuvre de la gestion intégrée du littoral. Un projet de loi sur le littoral est en cours. Il y a 22 ONG qui travaillent sur les questions d’environnement. Mais avec 22 brèches à Nouakchott, il y a du pain sur la planche, a-t-il souligné.

La ville de Nouakchott menacée

Dans sa présentation portant sur la protection et la restauration des espèces et des milieux, le coordinateur adjoint du projet WACA a présenté des pistes pour la protection de la ville de Nouakchott contre les incursions marines.

Mr Dia a rappelé que le littoral mauritanien est peu connu.

Le littoral dispose d’un cadre réglementaire, le Plan Directeur d’Aménagement du Littoral, mis en place en 2005 et actualisé en 2017, avec un plan d’investissement et l’ordonnance N°2007-037.

De ce fait, selon Mr Dia, la Mauritanie est l’un des rares pays de l’Afrique de l’Ouest ayant un plan directeur datant de plus d’une décennie.

Abordant le contexte géomorphologique, le panéliste a noté que le littoral mauritanien se caractérise par des côtes rocheuses au Nord ; au centre il y a des visières de hauts fonds au large ; au Sud de Nouakchott il y a des plages sableuses rectilignes, exposées et basses avec le fameux cordon dunaire. Et pour aggraver le tout, il y a le manque d’un système d’assainissement avec les eaux souterraines emmagasinées à partir de l’Aftout.

Ainsi, apprend-on, la ville de Nouakchott est triplement menacée. D’un côté par la Sebkha Ndramcha, et de l’autre par l’Aftout Essahili et il y a l’érosion côtière. Avec la disparition de la ceinture verte et le phénomène des changements climatiques, la menace de submersion est plausible.

Les défis à surmonter

Parmi les contraintes auxquelles il faut faire face, il y a le développement des infrastructures le long du littoral ; des ports complexes avec un transit sédimentaire impressionnant de mouvement Nord-Sud, qui représente un million de mètres cubes de sédiments par an. De ce fait s’impose la nécessité de mise en place d’un système qui piège ces sédiments (fixation biologique). Autres contraintes : l’urbanisation et les effets du changement climatique et ses corolaires. Il y a aussi l’érosion du trait de côte qui s’accentue, ce qui a pour conséquence l’avancée de la mer qui grignote dangereusement sur le continent.

Au Sud du port de Nouakchott, le cordon dunaire a presque disparu, ce qui représente un grand danger du fait de l’existence des brèches.

En effet les 21 brèches recensées sur le littoral Nouakchottois constituent l’un des principaux sujets de préoccupation.

Leur colmatage constitue une urgence. Selon le coordinateur adjoint de WACA  suite à une étude faîte en 2018, les 9 brèches les plus dangereuses doivent être colmatées. Depuis, 3 ont été colmatées par le projet WACA  qui devrait en colmater 6 autres et la société d’aménagement du littoral s’est engagée à en colmater 6 autres.

Le coordinateur adjoint du projet WACA, s’appuyant sur les données de l’IMROP depuis 1950 a mis en exergue les changements de paramètres liés à une hausse des températures et au régime des vents (haute pression et basse pression, pour étayer les dangers encourus par la capitale du fait de la dégradation du littoral.

Ces données sont recueillies auprès des stations de référence de Nouakchott et de Nouadhibou.

Ces données mettent en évidence la fréquence des phénomènes extrêmes et la perturbation du phénomène d’upwelling au niveau des côtes mauritaniennes.

Ainsi, les agressions marines ont augmenté et ces nouvelles contraintes sont scientifiquement prouvées, soutient Mr Dia.

La révolution des « Typhavelles »

Au cours de cet atelier Mr Cheikh Aidara, a exposé un partage d’expérience d’une mission effectué à Saint-Louis dans le cadre du projet SEDAD, un projet de 15 millions de dollars financé par le Canada et piloté par le PRCM.

Il s’agit du Projet Solutions écosystémiques d’Adaptation durable (SEDAD) qui a pour objectif de contribuer à l’adaptation aux changements climatiques des communautés.

Ce projet qui concerne le Sénégal, la Mauritanie et la Gambie sera clôturé à la fin de l’année 2026.

L’expérience en question concerne l’aire marine protégée de Saint-Louis. Elle consiste à arrêter la mer avec le Typha, une plante qui occupe une grande partie des eaux du fleuve Sénégal.

L’aire protégée de Saint-Louis s’étend sur une dizaine de kms.

En 2018, la mer était à seulement 40 m de la côte. Elle remontait jusqu’au fleuve et inondait les terroirs maraîchers qui devenaient inaccessibles.

Mais grâce à cette nouvelle technique dite des « Typhavelles » initiée sous la houlette de El Hadj Ameth Sène Diagne, président de la coopérative des maraîchers de l’aire protégée de Saint-Louis, la mer a reculé de 120 m au plus grand bonheur des paysans qui ont retrouvé leurs terres et ont relancé leur production maraîchère de plus belle.

Dans le cadre du projet SEDAD, cette technique devrait être expérimentée en Mauritanie.

A noter enfin que les journalistes ont profité d’autres partages d’expérience liés notamment à la couverture des questions environnementales.

Bakari Gueye

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