Dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, le Réseau des Journalistes de Mauritanie pour la lutte contre les Violences Basées sur le Genre (RJM-VBG), en partenariat avec le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH), a organisé deux activités majeures : un atelier de formation destiné aux étudiants de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Nouakchott Al Asriya et une conférence sur le genre. Cet événement avait pour objectif de sensibiliser les jeunes universitaires aux liens entre le genre et les médias, tout en les incitant à engager des recherches sur les violences basées sur le genre (VBG) en Mauritanie.
Un problème majeur en Mauritanie
Les violences basées sur le genre constituent un problème alarmant en Mauritanie, appelant des actions collectives et concertées. Les activités, qui se sont déroulées à l’Université de Nouakchott Al Asriya et au Bureau Club de Nouakchott, ont permis d’aborder des thèmes clés :
- Les différentes formes de VBG, leurs causes et leurs conséquences.
- L’importance d’orienter les recherches universitaires vers cette problématique, en s’appuyant sur des outils méthodologiques adaptés.
- La nécessité d’une approche éthique et responsable dans le traitement médiatique des VBG.
Mme Houleye Kane, coordinatrice du RJM-VBG, a déclaré :
« Cet événement est une opportunité d’outiller les étudiants afin qu’ils deviennent des relais essentiels dans la lutte contre les violences basées sur le genre. »
De son côté, Mme Khadjetou Bâ, représentante du HCDH, a souligné l’urgence d’adopter la loi Karama :
« La recrudescence des cas de viols en Mauritanie est alarmante. Il est urgent de doter le pays d’un cadre légal renforçant la protection des femmes et des filles contre les violences. Les médias ont un rôle essentiel à jouer dans ce plaidoyer et dans la veille pour que les autorités respectent leurs engagements. »
Des chiffres préoccupants
En 2024, l’Association pour la Santé de la Mère et de l’Enfant (AMSME) a enregistré 366 cas de viol. De plus, selon l’Enquête Démographique et de Santé 2019-2021, 10 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques, et 65 % d’entre elles n’ont jamais cherché d’aide ni parlé de ces violences. Ces chiffres traduisent une situation préoccupante nécessitant une réponse collective.
Trois sessions principales
Les activités ont été organisées autour de trois sessions :
- Introduction aux concepts clés des VBG : Témoignages et discussions pour mieux comprendre les réalités locales.
- Formation méthodologique : Techniques de collecte et de traitement des données sur les VBG.
- Genre et médias :
- Thierno Diallo et Amina Khlil, journalistes membres du RJM, ont animé une session intitulée : « Genre et médias : méthodologie de recherche et collecte de données en Mauritanie ». Ils ont distingué les approches journalistiques et académiques, tout en incitant les étudiants à approfondir leurs recherches scientifiques sur le genre.
Témoignages inspirants
Souleymane Bâ, président du Club des Étudiants, a partagé son expérience :
« Ces rencontres m’ont permis de mieux comprendre les différentes formes de VBG et d’apprendre comment intervenir pour soutenir les victimes. Les réseaux sociaux, notamment, sont des outils essentiels pour sensibiliser et briser le silence. »
Yehdihe Mohamed El Yedaly, participante, a témoigné :
« J’ignorais l’ampleur des violences basées sur le genre, comme l’excision, qui subsistent encore de nos jours. Cette formation m’a ouvert les yeux sur cette réalité. »
Recommandations pour aller plus loin
Mme Atikatou Ndieng, experte en genre, a formulé plusieurs recommandations :
- Créer un master en études de genre à l’Université Al Asriya pour promouvoir une recherche académique approfondie sur le sujet.
- Mettre en place une base de données virtuelle dynamique pour centraliser les informations sur les VBG.
- Encourager les partenaires techniques et financiers à soutenir les initiatives locales.
- Former les journalistes du RJM à des techniques d’investigation scientifique pour améliorer la qualité des reportages sur les VBG.
Une jeunesse engagée pour le changement
Ces activités marquent une étape importante dans l’implication des jeunes universitaires dans la lutte contre les VBG. En intégrant les questions de genre dans leurs recherches et en adoptant une approche éthique dans leurs pratiques médiatiques, ces étudiants deviennent des acteurs essentiels du changement. Ils œuvrent pour une société plus inclusive et respectueuse des droits des femmes et des filles en Mauritanie.
À la fin de l’atelier, les étudiants ont élaboré un communiqué et un article de presse sur la situation du viol en Mauritanie.
Hawa Bâ