A l’occasion du Forum des Medias sur l’élimination des violences faîtes aux femmes et aux filles en Afrique(VFFF) organisé récemment à Dakar(du 4 au 6 décembre) par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et l’Environnement, avec l’appui de ONU Femmes et le Fonds français MUSOKA, une communication a porté sur les violences faîtes aux femmes et aux filles facilitées par les technologies émergentes avec focus sur les femmes journalistes.
Cette communication a été présentée par Michel Kenmoe, Conseiller Afrique de l’Ouest pour la Communication et l’information/Chef Secteur Communication et Information UNESCO.
L’Intelligence Artificielle mise à contribution
Le conférencier a abordé ce type de violences facilitées par la technologie et qui se manifestent par le cyber-harcèlement et autres abus basés sur l’image (tendances pornographiques, etc.).
On note par exemple le partage de l’image d’une personne sans son consentement. Il y a plusieurs catégories de violences facilitées sur la technologie. On peut citer les préjudices basés sur le texte (poste en ligne), le cyber-harcèlement, les violences sexuelles en ligne avec le cas par exemple de partenaires intimes l’un voulant contrôler l’autre ; il y a les violences sur les préjugés.
Et pour ce faire les technologies sont variées et le plus souvent basées sur l’Intelligence Artificielle (IA) à travers les logiciels espions, les drones, etc.
Parmi les types de violences les plus courantes on peut citer les contenus abusifs générés par l’IA, les deepfakes, le tracking avec le GPS sans le consentement de la personne, le contrôle coércitif numérique qui consiste d’installer des logiciels espions à l’insu de la personne, la cyber intimidation, les discours de haine, le dorsing (diffusion d’informations intimes de la personne sans son consentement, la création de faux comptes pour nuire, l’usurpation d’identité…
Les réactions par rapport à ces violences facilitées par la technologie sont parfois injustes. La personne ciblée est souvent victimisée et accusée d’être complice. On peut lui reprocher d’avoir partager son adresse, etc
Le phénomène est en progression malgré les lois sur la cybercriminalité qui malheureusement ne sont pas très efficaces face à ce phénomène virtuel. Les auteurs ne risquent pas grand-chose.
Nécessité d’assister les femmes journalistes
Selon une étude de l’UNESCO sur les violences en ligne et leur impact sur les femmes journalistes publiée en 2021, 18% de ces violences revêtent une forme sexuelle.
Pour 20% des victimes, les violences en ligne équivalent aux violences dans la vie réelle.
Et face à ce phénomène, seules 11% des femmes journalistes ont contacté leurs rédactions.
Pourtant l’impact, notamment psychologique est important. Il affecte la santé mentale et provoque le stress. Il y a aussi l’impact physique. La violence hors ligne représente 20%. Autre impact, sur le plan professionnel. Il y a l’autocensure et un impact sur la carrière.
Certaines femmes journalistes sont allées jusqu’à supprimer leur compte en ligne, selon cette étude de l’UNESCO.
Ainsi, face à ce phénomène, les défis à relever sont importants. Ils sont d’ordres juridiques et juridictionnels.
Par ailleurs, les auteurs de ces forfaits résident dans d’autres pays et les instruments juridiques ne sont pas à jour.
Cela est aussi facilité par le fait que les technologies en ligne peuvent garantir l’anonymat et sont bon marché.
De ce fait la nécessité de collaboration entre les différents acteurs s’impose afin de lutter contre ce phénomène.
Et comme l’a souligné le Secrétaire Général des Nations Unies, il faut combattre la misogynie et œuvrer pour la protection des femmes journalistes.
Bakari Gueye