En complément de l’intégration du concept global d’autonomisation dans les politiques publiques, et avec la nouvelle appellation du ministère, désormais dénommé « Ministère de l’Autonomisation des Jeunes, des Sports et du service civique », l’autonomisation se présente comme un cadre inclusif capable de prendre en compte les multiples défis auxquels la jeunesse est confrontée.
Parmi ces défis, l’emploi, ou travail décent, émerge comme une problématique nationale majeure, ainsi qu’une des principales préoccupations des décideurs politiques, en particulier dans les pays où les jeunes constituent la base de la pyramide démographique, comme c’est le cas en Mauritanie.
Dans ce cadre, la nouvelle dénomination vise à faire de l’autonomisation un instrument central pour apporter des réponses pratiques et concrètes aux problèmes de la jeunesse, devenus plus complexes avec l’aggravation du phénomène de fuite des cerveaux et des jeunes talents, un fléau économique et social sans précédent dans l’histoire du pays.
L’autonomisation, dans cette perspective, s’impose comme une tentative de rattraper ce qui peut encore l’être, tout en insufflant un nouvel espoir chez les jeunes qui n’ont pas encore cédé à la tentation de l’émigration, ou en incitant ceux qui sont déjà partis à envisager un retour, eux qui se trouvent à un carrefour décisif.
À travers ces dix points, nous proposons une contribution modeste visant à offrir un diagnostic des réalités et des défis auxquels la jeunesse mauritanienne est confrontée, depuis la fondation de l’État jusqu’à nos jours, tout en suggérant à la fois un diagnostic et des pistes de solution. L’objectif est d’aider les nouveaux décideurs, porteurs de grandes attentes, à opérer un changement qualitatif en termes de concepts, d’outils de travail et d’indicateurs de performance, en vue de l’élaboration d’une politique nationale spécifique à l’autonomisation équitable des jeunes. Voici les dix défis principaux à relever :
- Le défi de l’absence d’un diagnostic précis de la situation des jeunes et des défis actuels : Quelle est la réalité des jeunes aujourd’hui, dans tous ses détails ?
- Le défi de l’absence d’un objectif stratégique clair : Que voulons-nous précisément ? Quel type de jeunes souhaitons-nous préparer pour l’avenir ?
- Le défi de l’absence d’une vision claire du concept d’autonomisation : Quels sont ses objectifs, ses mécanismes et les indicateurs permettant de la mesurer ? En d’autres termes, quelle est la politique d’autonomisation équitable des jeunes que nous ambitionnons ?
- Le défi de la faiblesse de la coordination entre les différentes parties prenantes : Qui fait quoi ? Et quelles sont les règles qui régissent le partenariat entre les différents acteurs concernés ?
- Le défi du manque de financement et de l’insuffisance des infrastructures adaptées : Quelle est la cartographie de la répartition et de la mise à niveau des infrastructures dédiées à la jeunesse, capables de mener à bien la mission d’autonomisation ?
- Le défi de l’absence d’un plan clair pour l’implication du secteur privé : Quels sont les outils permettant d’évaluer la responsabilité sociale et nationale du secteur privé à différents niveaux et dans divers domaines ?
- Le défi de l’absence de clarté quant à l’accompagnement des jeunes les moins favorisés : En particulier ceux issus des zones reculées ou rurales, qui ont souffert d’injustices par le passé ; quelle est donc notre approche nationale pour garantir l’équité tout en construisant un projet d’autonomisation ?
- Le défi de l’absence d’une approche horizontale des besoins des jeunes : La nécessité de créer un organe de liaison pour assurer la coordination et l’intégration, plutôt que de faire reposer tout le poids sur un seul secteur. Comment mesurer l’autonomisation de manière horizontale, en identifiant la contribution de chaque secteur ?
- Le défi de la superposition des compétences entre les secteurs : Notamment entre le secteur de l’autonomisation des jeunes, des sports et du service civique, et celui de la formation professionnelle, de l’artisanat et des métiers ; comment atteindre l’autonomisation dans le premier secteur alors que la majorité des outils d’autonomisation se trouvent dans le second ?
- Le défi de l’absence de statistiques précises et ciblées : Sans données exactes sur les compétences, les chômeurs et les spécialisations, comment peut-on définir les objectifs de l’autonomisation et déterminer les résultats concrets à atteindre ?
Rajel. O. Boilil, consultant en jeunesse