Chapeau
Des allégations ont largement été relayées sur les réseaux sociaux dont TikTok , selon lesquelles le lait de vache cause le cancer. Initiative News a vérifié et affirme que c’est faux.
Contexte
Une vidéo publiée sur TikTok en août 2024, montre Irène Grosjean (1930-2024), naturopathe française très influente, qui déclare : « Le lait de vache, si riche en calcium, devrait faire tripler notre poids en trois mois. Mais ce fameux lait de vache, une fois dans le système digestif humain, se transforme en une solution acide qui détruit notre calcium, nos minéraux, et constitue l’un des plus grands facteurs de calcification… Sur quatre enfants nourris par le yaourt, deux cancers, une sclérodermie et un délire. Ils ont mangé beaucoup de yaourts m’a-t-il dit… »
La vidéo, diffusée par le compte stop.maladies.fr qui a 183,9k abonnés et 1 million de j’aime, a suscité 36 786 commentaires, 9 917 enregistrements et 22 000 partages.
Vérification
On a commencé par chercher l’effet du lait de vache sur l’estomac. Contacté Abdrahman Diop, nutritionniste, fondateur du cabinet Nutriconseiller explique : « La consommation de lait ou de produits laitiers ne pose généralement aucun problème. Le problème, c’est la capacité ou non de notre organisme à le digérer, et là, effectivement, ça dépend fortement des personnes.
Chez celles qui produisent assez de lactase (l’enzyme qui digère le lactose), la consommation de lait ou de produits laitiers ne pose généralement aucun problème. Le lactose est bien absorbé, et ces produits peuvent même avoir des bénéfices nutritionnels (apport en calcium, protéines, etc.). »
Cette explication est appuyée par Ameli.fr, le site officiel de l’Assurance Maladie en France; qui définit l’intolérance au lactose par « un problème de digestion du sucre contenu dans le lait et ses produits dérivés. Elle provient d’un déficit de lactase. Le lactose, non transformé par la lactase, se retrouve au niveau de l’intestin où il fermente. Cela entraîne des symptômes digestifs inconfortables. »
Selon un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments les personnes intolérantes au lactose « peuvent malgré tout tolérer une prise de 12 g de lactose (soit 250 ml de lait) sans montrer de symptômes, et des quantités supérieures si la consommation de produits laitiers est répartie dans la journée. »
La question des apports calciques en dehors des produits laitiers a été posée dans un article du Centre de Ressources et d’informations Nutritionnelles (Cerin) qui conclut : « Même si la biodisponibilité du calcium du lait n’est pas toujours supérieure à celle du calcium de quelques rares produits végétaux, l’exceptionnelle richesse en calcium des produits laitiers les rend indispensables pour couvrir facilement les besoins calciques avec une alimentation courante (sans suppléments) et équilibrée. Des études épidémiologiques confirment leur intérêt pour la prévention de l’ostéoporose, ce qui n’est pas le cas des régimes végétaliens sans aucun produit laitier ».
Quant au fait que le lait de vache soit cancérigène M. Diop répond : « non, ce n’est pas cancérigène en soi, mais le contexte, la quantité, la qualité, la forme sous laquelle il est consommé, compte énormément. » Il ajoute : « les études qui ont été menées montrent qu’il n’y a aucune preuve formelle qui classe vraiment le lait de vache ou bien le lait d’une manière générale, cancérigène direct chez l’humain. »
En effet les articles meta-analyses que nous avons trouvés ne mentionnent aucunement de manière formelle que le lait de vache est cancérigène. Le National Library of Médecin (NIH) a ainsi publié une méta-analyse intitulée « La consommation de produits laitiers est associée au risque de cancer du sein:une meta-analyse complète stratifiée par récepteur hormonal et statut ménopausique et âgé » qui conclut : «« La consommation de produits laitiers peut réduire globalement le risque de cancer du sein chez les femmes, mais différents produits laitiers ont des effets variables sur différents sous-types de cancer du Nord et sur le statut ménopausique. » Toujours sur le même site, une meta -analyse intitulée « La relation entre la consommation de produits laitiers et l’incidence du cancer du sein: une méta-analyse d’études observationnelles » conclut : « Cette méta-analyse fournit des informations complètes sur l’association entre la consommation de produits laitiers spécifiques et le risque de cancer du sein. Les résultats mettent en évidence l’effet protecteur de produits laitiers spécifiques sur différents sous-types, offrant des informations précieuses pour la prévention de la Colombie-Britannique. »
Enfin une brève scientifique du site du Centre de Ressources et d’informations Nutritionnelles (Cerin) indique « le risque de cancer du sein est significativement diminué chez les plus fortes consommatrices de produits laitiers par rapport aux faibles consommatrices ».
Conclusion
Les études qui ont été menées montrent qu’il n’y a aucune preuve formelle qui classe vraiment le lait de vache cancérigène direct chez l’humain. Ainsi, l’affirmation d’Irène Grosjean est fausse.
Kadia Diaw