Tu as refermé le livre de la longue solitude Sans jamais courber l’échine sous le poids de vastes tourbillons Les ciels de Vaucresson se sont soudain assombris Sanglotant comme un blues éternel sur les lèvres de Coltrane Tandis que du fond du Fouta en furie Les sopranos autour de la calebasse plongée dans l’onde crépusculaire Emplissent l’air suspendu Et le soir, des voix m’ont dit de me perdre à travers bois, steppe et sables Car le puits s’est tari Les mouettes ne s’ébrouent plus Le palimpseste est retourné à Koumbi Et me voilà seul errant avec un vieux poème lourd De rive en rive,

De delta en delta
De sépulcre en sépulcre Tu as refermé le livre de ton fécond exil En regardant passer les foules sur des sentiers qui ne mènent nulle part Toi tu savais que toute verticalité est horizontalité Et que demain nous irons chercher sur le versant de la Colline invalide le verset perdu entre la pierre et l’eau Le waalo et le jeeri Pour écouter un marabout dont l’encrier a séché Pour entendre un gesere qui s’est tu depuis l’aube Je marche dans le sommeil des parcs lugubres Sous des étoiles éteintes Sur des montagnes verdoyantes en deuil Au bord de la fureur des fleuves fleuris Mais déjà l’hôte de l’hivernage vole, vole très haut Avec ton NOM
ALY KOITA – Tunis le 15 février 2020