La légalisation d’un seul coup de 5 nouveaux partis politiques en Mauritanie ne passe pas inaperçue et suscite beaucoup d’interrogations.
Les cinq heureux élus sont : Mauritanie en avant, présidé par Noureddine Ould Mohamedou, le Parti du front pour la citoyenneté et la justice, présidé par Mohamed Jemil Mansour, le Parti de l’autre choix, présidé par Mohamed Lemine El Murtaji El Wafi, le Parti « Nemaa », présidé par Zeinebou Mint Taghi, et le Parti « Hassad », présidé par Abderahmane Ould Mini.
En effet cette reconnaissance officielle rendue publique hier par le ministère de l’intérieur intervient dans le cadre de la nouvelle loi sur les partis politiques, une loi jugée plus contraignante.
Seulement, les nouveaux chefs de partis ont la particularité d’être des opposants de façade, sans envergure, des membres de l’establishment, évoluant dans la périphérie du pouvoir et qui en réalité roulent tous pour lui.
Cette décision aux relents politiques du ministère de l’intérieur ouvre la voie à une nouvelle inflation des partis politiques ; une prolifération des partis cartables dont la nouvelle loi était censée mettre fin.
Cette reconnaissance intervient aussi dans un contexte politique particulier, à un moment où le fameux dialogue annoncé depuis le début du mandat du président Ghazouani, serait sur le point de démarrer.
Elle intervient aussi au lendemain de la tournée-marathon du président de la République dans la wilaya du Hodh Charghi et de l’appel lancé à Néma, à une union sacrée et pour une participation large et inclusive à ce dialogue national.
Ce dialogue a laissé entendre le président Ghazouani, devrait être l’occasion pour insuffler un souffle nouveau au système démocratique à travers une révision du fonctionnement et du bilan des principales institutions.
En ligne de mire il y a la CENI, le Conseil économique et social, l’Autorité de la Fatwa et des recours gracieux, les Conseils Régionaux…
Dans les coulisses, on évoque la possibilité d’une renaissance du Sénat et d’une dissolution des Conseils régionaux qui ont brillé par leur inutilité.
Et pour faire passer la pilule des élections générales anticipées en 2026 pourraient être organisées.
Le ton est ainsi donné et le dialogue en vue pourrait déboucher sur un grand chamboulement institutionnel qui ne pourrait pas se faire sans des amendements constitutionnels qui pourraient même ouvrir la voie à un éventuel troisième mandat.
Et pour se faire, le pouvoir aura bien besoin de cette kyrielle de partis satellites dont l’apport sera indispensable pour cautionner toute cette mayonnaise politique.
Bakari Gueye
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