Par Oumar Amadou M’Baye*
Dans le village de Hel Sinnou, au sein de la commune de Tachott, une dynamique de changement social émerge grâce à l’initiative de femmes déterminées. Portée par le projet Peacebuilding Fund (PBF), la coopérative féminine Jedida incarne aujourd’hui un véritable moteur de développement local et de cohésion sociale.
Autonomie et leadership au féminin
Depuis trois ans, les femmes de la coopérative bénéficient de l’accompagnement du projet PBF mis en œuvre avec le gouvernement mauritanien par l’UNFPA et ses partenaires du système des nations unies UNICEF et HCDH. Telaba Mint Lout, 35 ans, vice-présidente de la coopérative, témoigne :
« Ce projet a changé beaucoup de choses dans notre vie quotidienne. »
Formée comme leader communautaire, Telaba joue un rôle essentiel dans la sensibilisation des femmes à leurs droits, à la citoyenneté et à la prévention des conflits. Une transformation profonde est en marche.
L’état civil, une avancée cruciale
L’un des impacts les plus marquants du projet a été l’accès à l’état civil, un droit encore trop souvent négligé dans les zones rurales :
« Celui qui n’est pas enregistré perd ses droits et ceux de sa famille », explique Telaba.
Grâce aux campagnes menées, toutes les femmes de la coopérative – ainsi que leurs enfants – sont désormais enregistrées, leur ouvrant l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux aides sociales.
Vers une indépendance économique durable
Avec un financement initial de 12 000 MRU, la coopérative a lancé plusieurs activités génératrices de revenus :
- Ouverture d’une boutique de produits de base
- Vente de couscous, aliment très prisé localement
- Ateliers de couture et de tissage de melhfa
En parallèle, les femmes ont développé d’autres initiatives par leurs propres moyens, misant sur la solidarité interne pour lancer des activités comme :
- L’abattage et la vente de viande (zebiha)
- La gestion d’un jardin collectif
- La vente de produits de première nécessité
Prévenir les conflits par le dialogue
Outre l’aspect économique, le projet PBF mise sur la prévention des conflits. Les femmes ont reçu des formations sur la communication pacifique et la résolution de différends :
« Nous avons appris à dialoguer, à écouter, et à régler nos différends. C’est un savoir que nous transmettons à nos enfants. »
Le jardin communautaire, bien que confronté au manque d’eau et aux animaux errants, devient un lieu d’échange intergénérationnel et un outil de cohésion sociale.
Un appel pour la jeunesse oubliée
Telaba conclut avec un message fort en faveur des jeunes du village :
« Il y a des filles et des garçons diplômés ou déscolarisés. Ils veulent travailler, aider leurs familles, mais n’ont aucun moyen. Le projet devrait aussi penser à eux. »
Un levier de transformation à renforcer
Le parcours de la coopérative Jedida montre comment des femmes, longtemps marginalisées, peuvent devenir actrices de changement. Si le projet PBF leur a offert des outils, c’est leur engagement et leur solidarité qui ont assuré le succès.
Pour aller plus loin, un soutien renforcé à la jeunesse, à la formation et aux infrastructures agricoles est aujourd’hui indispensable.
*Envoyé Spécial pour Initiatives News au Guidimakha