C’est avec une démarche paisible et un tempérament calme qu’Anissa Jenaba Issa Ba, militante du parti Tawassoul (Rassemblement National pour la Réforme et le Développement), avance parmi une cohorte de femmes sélectionnées pour figurer sur la liste nationale féminine, élue au suffrage national.
Née à Nouakchott au milieu des années 1980, Anissa y a accompli tout son parcours scolaire, de la maternelle à l’université, obtenant une maîtrise en littérature anglaise, après avoir décroché un baccalauréat littéraire et un diplôme BT en comptabilité.
Elle a grandi dans le projet politique des islamistes modérés, où elle a d’abord milité localement à la mairie du Ksar, avant de gravir les échelons comme dirigeante de l’organisation féminine du parti, membre du Conseil consultatif, puis secrétaire nationale chargée de la cohésion et de l’unité nationale au sein du bureau exécutif. Bien avant cela, Anissa avait déjà rejoint le mouvement « réveil islamique» dès le collège, trouvant dans les cercles de prêche scolaire une source de foi et un guide spirituel qui l’ont accompagnée durant l’adolescence.
Dans le discours religieux comme dans le projet politique, elle a trouvé sa voie : un appel à l’unité, à la paix, à la lutte contre le racisme et à la justice sociale. Elle se souvient des enseignements du Cheikh Mohamed Ould Abouah à l’association « Al-Hikma pour l’authenticité et la revivification du patrimoine », ou encore des journées éducatives encadrées par la prédicatrice Zouina dans les quartiers du Ksar, où elle a appris que seule la piété distingue les hommes.

Tawassoul à l’heure des fractures
Le projet de Tawassoul repose sur le rapprochement entre les composantes nationales et le renforcement des liens de fraternité. Il n’est donc pas surprenant qu’Anissa ait choisi ce parti comme maison politique, ni que Tawassoul l’ait choisie comme « main loyale » chargée de la cohésion et de l’unité nationale. Sa vie entière est en effet fondée sur le dialogue, le consensus et les choix modérés.
L’histoire de son prénom incarne déjà cet esprit de conciliation: son père a choisi « Anissa », nom arabe entré dans la société mauritanienne à travers les échanges culturels modernes, tandis que sa mère a choisi « Jenaba » (forme africaine de Zaynab), symbole du mariage entre noms islamiques et langues africaines. Le compromis a été trouvé dans l’assemblage des deux noms.
Elle a fait ses premiers pas dans les quartiers de Nouakchott, de Capitale à Sixième, entre voisins de différentes ethnies et tribus unis par la convivialité, loin de toute rupture sociale. Sa mère, qui avait grandi dans une famille beydaane proche, lui racontait souvent les récits de cette cohabitation harmonieuse, source de sa connaissance du hassaniya et des coutumes des locuteurs.
Résilience face aux fractures nationales
Dès sa petite enfance, Anissa a été témoin des blessures de la fracture nationale. À quatre ans, pendant les événements de 1989, elle a vécu la peur dans la maison de sa tante, refuge temporaire contre les violences, et se souvient que ce sont la grâce divine et la maîtrise du hassaniya par sa mère qui les ont sauvées d’une attaque. Même après la spoliation du domicile de son grand-père, Anissa n’a jamais cédé à la haine. Bien au contraire, ce sont des sentiments d’amour et de fraternité qui ont guidé sa trajectoire.
Quand elle est entrée à l’école, il lui a été imposé de rejoindre la filière française en raison de son appartenance ethnique. Mais, voulant rester avec ses amies inscrites en filière arabe, elle a résisté, pleuré, insisté, jusqu’à ce que l’on accepte son choix. Elle poursuivra alors tout son parcours avec elles, jusqu’au baccalauréat.
Ce choix illustre l’une des nombreuses expressions de la culture de l’intégration qu’elle a reçue et qu’elle porte aujourd’hui comme message. La jeune fille peule, fille d’une mère remariée à un beydaane, partageant la fratrie avec des demi-frères beydaanes, deviendra plus tard une figure de l’union intercommunautaire, une sorte de « mère de tente » beydaane, symbole vivant de l’unité que prône son parti.
… Et dans le savoir et le métier
« La langue est un outil de communication ». Pour Anissa, ce fut aussi un tremplin. Diplômée en littérature anglaise, bachelière en lettres arabes, elle maîtrise également le français, et faisait partie au lycée des membres actifs des clubs de lecture de romans français.
Outre ces trois langues mondiales (anglais, arabe, français), elle parle trois langues nationales : le peul (pulaar), le hassaniya et le wolof.
Elle a particulièrement ressenti l’importance du multilinguisme à l’université, dans le département d’anglais, seul à regrouper toutes les composantes nationales, contrairement aux autres départements où la ségrégation linguistique reflétait une fracture ethnique. Cela l’a inspirée à militer pour un programme éducatif unifié, dans lequel les jeunes Mauritaniens partageraient une même formation, nourrissant ensemble des liens solides et interethniques.
Les médias : un autre pont du dialogue
Le journalisme est un autre domaine qu’Anissa a exploré, en y apportant sa vision de médiatrice. Grâce à ses compétences techniques et linguistiques, elle a su faire des médias un vecteur de dialogue, de culture du compromis, et de recherche du bien commun.
Forte de près de dix ans d’expérience, elle estime que les médias nationaux doivent offrir un contenu dans lequel tous les citoyens se reconnaissent, afin d’éviter que certains ne se tournent vers des médias étrangers pour se sentir représentés.
Blogueuse, elle écrit et suit les publications sur les réseaux sociaux dans les trois principales langues utilisées en Mauritanie : l’arabe, le français et le pulaar. Elle déplore le manque de convergence des discours entre ces espaces linguistiques, et espère voir un jour cette fracture surmontée.
Ce déséquilibre, tant dans le virtuel que dans le réel, ne saurait être toléré par celle qui est chargée de l’unité nationale dans son parti. C’est pourquoi elle a accepté la mission que Tawassoul lui a confiée : porter le message de rassemblement fondé sur les valeurs islamiques, l’appartenance nationale et le choix démocratique. Avec ses collègues députés, elle entend transmettre ce message d’unité et de cohésion à l’hémicycle, et de là, à toute la nation mauritanienne.
Me Mokhtar Ould Nafa
Source: Facebook
Traduit de l’arabe à l’aide de l’IA.