Les autorités publiques et la classe politique s’achemine inéluctablement vers un dialogue politique destiné à trouver des réponses idoines aux défis de l’heure. Cette décrispation de la scène politique souhaitée par tous ne saurait répondre aux attentes que lorsqu’elle se fixe pour objectif d’éviter les écueils du passé, de rompre avec la manière d’agir d’un autre âge cristallisé dans la logomachie, le culte de la personnalité et l’irresponsabilité dans la gestion des affaires publiques.
Les leaders politiques doivent se situer au-delà des acquis réalisés dans une perspective de bâtir une Mauritanie moderne. Une telle approche requiert de changer la conception du peuple dans l’esprit des leaders politiques, de consentir et s’engager à créer un état de droit et à bannir la gouvernance à huis clos.
Changer la conception du peuple dans l’esprit des leaders politiques
Un peuple est une noble portion de l’humanité capable d’adhésion et de refus, à même de poser des choix éclairés et responsable. Il y a derrière chaque citoyen, plus qu’un simple suffrage à conquérir par tous les moyens, y compris par la ruse, l’escroquerie et le mensonge. Il y a toute une charge affective qui influe sur le comportement. Il y a des aspirations, des ambitions et des attentes légitimes que l’on peut contrarier. Bref, une personnalité, une force avec lesquelles il faut absolument compter et dont on ne peut impunément mépriser la dignité.
Consentir et s’engager effectivement à créer un Etat de droit
Un Etat de droit est un espace de vie commune où le recours aux armes et à la violence pour se faire entendre et pour conquérir et conserver le pouvoir serait rendu inutile et illégal. Une société dans laquelle le droit cesserait d’être une aumône. Ce serait, toutefois bâtir sur le sable que de vouloir instaurer un Etat de droit, sans d’abord, assainir le corps des magistrats et mettre en place un système judiciaire qui fonctionne et qui soit crédible.
S’assurer de l’impartialité de ceux qui doivent appliquer les lois et rendre la justice est un devoir sacré pour tout gouvernement responsable. C’est la seule façon de barrer la route à l’anarchie et à ses corollaires qui sont l’impunité, l’arbitraire, la gabegie, la corruption, le trafic d’influence, le népotisme, lesquels à la longue servent de détonateurs à des révoltes violentes.
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Bannir la gouvernance à huis clos et les cloisonnements des acteurs politiques
Il est indispensable pour y arriver d’instaurer et de rendre fonctionnels les mécanismes favorisant la communication entre gouvernants et gouvernés, et permettant de désamorcer les tensions sociales.
Restituer le pouvoir au peuple, en redonnant la parole à la base, est un impératif incontournable pour qui veut gouverner en démocratie.
Le dialogue national tant attendu, n’est pas en soi, une panacée, même s’il représente aujourd’hui la seule issue par laquelle tout peut rentrer définitivement dans l’ordre dans notre pays.
L’enjeu et il est de taille est d’aboutir à un accord consensuel devant baliser l’avenir. Mais ce dialogue fondateur n’a de sens que, s’il est en adéquation avec la volonté des acteurs politiques de trouver les réponses appropriées aux sujets sur lesquels les mauritaniens sont profondément divisés : la cohésion sociale, le respect et la promotion des droits de l’homme et la bonne gouvernance.
Cette approche requiert le dévouement des femmes et des hommes aux mentalités nouvelles, guidés par un grand idéal et une foi inébranlable, qui accepteraient de tourner le dos aux vieilles pratiques.
Dr. Mohamed Maatalla
Professeur à la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de l’Université de Nouakchott Al Asriya, Avocat à la cour