Education et Santé, la Mauritanie valide les données de son Business Case dans le cadre du Partenariat de Ouagadougou

Avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), à travers son partenaire d’exécution sur le dividende démographique et les questions connexes en Afrique, en l’occurrence le Consortium régional pour la recherche en économie générationnelle (CREG) basé à Thiès au Sénégal, la Mauritanie a validé, vendredi 24 septembre 2021, les données de son Business Case, ou le dossier d’investissement pour la mobilisation des fonds domestiques en faveur de la planification familiale.

A l’instar de 4 autres pays du Partenariat de Ouagadougou (Bénin, Côte d’Ivoire, Guinée et Niger), la Mauritanie a officialisé les données collectées par les consultants nationaux dans le domaine de la santé et de l’éducation.

C’était au cours d’un atelier organisé vendredi 24 septembre 2021 à Nouakchott, en présence du Représentant Assistant de l’UNFPA en Mauritanie, M. Seynath Aïdara, des deux experts dépêchés par le CREG, Dr. Sam Agbahoungba, chef de mission et son collègue, Dr. Diénoum Malick Ndiaye, des deux consultants nationaux, MM. Sidi Mohamed Abdel Kader Jiddou et Mohamed Chouaib Fall, des points focaux des département de l’Education Nationale et de la Santé en charge des données et des programmes, ainsi que M. Bocar Mbaye, Chargé de Programme Santé de la Reproduction et Planification Familiale auprès du Bureau pays de l’UNFPA.

Cette opération entre dans le cadre des activités inscrites au programme de travail 2020 de l’UNFPA pour le compte du Partenariat de Ouagadougou, visant à produire et à élaborer pour chacun des 5 pays cités, le Business Case, ou dossier d’investissement pour la mobilisation des fonds domestiques en faveur de la planification familiale.

Après les échanges de discours entre M. Seynath Aïdara, M. Sam Agbahounga et Dr. Sidi Mohamed Abdel Aziz, chef de service santé maternelle néonatale infantile et adolescent à la Direction de la Santé Mère et Enfant (Ministère de la Santé), les deux consultants ont présenté leurs communications sur les données qu’ils ont recueillis respectivement dans le domaine de l’enseignement et de la santé.

Education : débats autour des taux bruts et méthodes de calcul

Après avoir étalé la méthodologie de sa démarche (origine des données), M. Sidi Mohamed Abdel Kader Jidou, Inspecteur de l’enseignement secondaire à la retraite, consultant, a présenté des tableaux détaillés sur les données couvrant la période 2011-2019, sur le préscolaire, l’enseignement fondamental, le secondaire, l’enseignement technique et professionnel, ainsi que l’enseignement supérieur.

Si aucun chiffre n’est disponible pour le préscolaire, le taux brut d’accès en première année du fondamental a peu évolué entre 2011 et 2019 (105, 3% – 99%), tout comme le taux de rétention en dernière année du fondamental (autour de 60%), avec absence de données pour plusieurs années. Les données dans la transition au secondaire, indiquent une évolution de 50, 2% en 2011 à 63,1% en 2019. Le taux brut de scolarisation dans le secondaire est de 22,9% en 2011 et 31, 42% en 2019. Le ratio élèves/enseignants dans ce cycle est passé de 33,1 en 2014 à 28,8 en 2019.
Pour les enfants non scolarisés, les effectifs disponibles pour 2011-2019, sont passés de 145.950 à 156.142, alors que pour les adolescents non scolarisés, les chiffres sont passés de 92.875 en 2012 à 110.176 en 2019, avec absence de données pour 2015.

L’étude montre qu’aussi bien dans le primaire, le secondaire et le supérieur, les effectifs dans le public sont plus importants que dans le privé.

Des informations assez disparates ont été aussi présentées sur l’effectif dans l’enseignement supérieur, le taux brut des diplômés notamment.

Les débats ont surtout tourné autour des sources des données, l’essentiel de celles présentées par le consultant étant tirées de l’UNESCO à partir de sources nationales. L’absence de données exhaustives dans l’éducation, ainsi que la nature peu cohérente et coordonnée de celles disponibles ont interpellé les participants, qui ont déploré le peu d’intérêt porté dans la fourniture régulière et de qualité des informations au sein des départements chargés du préscolaire, de l’enseignement primaire, secondaire, technique et professionnel, ainsi que dans l’enseignement supérieur.

Les débats ont également porté sur le choix des dénominateurs dans le calcul du taux brut, notamment pour les enfants non scolarisés et déscolarisés, ainsi que dans le calcul du taux brut de diplômés CITE 6 et 7, 1er cycle correspondant à la licence dans le supérieur.

Autre problème soulevé, la volatilité et l’incohérence des données, ce qui donne des informations très disparates pour les mêmes indicateurs, entre celles fournies par exemple par l’ex-Office national des statistiques, celles issues du RGHP 2013 ou des enquêtes par grappes, comme le MICS ou l’EPCV.

En ce qui concerne les dépenses d’éducation, il a été retenu d’exploiter essentiellement le Rapport RESEN.

Santé, le syndrome du vide informationnel persiste

Les données sur la santé ont été présentées par le consultant, M. Mohamed Chouaib Fall, statisticien, qui a démarré ses diapos par un tableau montrant le budget alloué à la Mauritanie par l’UNFPA entre 2015 et 2019 pour l’achat de produits contraceptifs, avec des montants qui ont évolué de 534.500 dollars U.S à 1.229.563 dollars U.S et un taux d’exécution qui est passé de 57,29% à 28,70% entre ces deux périodes.

Mais beaucoup d’informations ont manqué dans sa présentation, comme le salaire mensuel en MRU des différents agents de santé, allant des médecins spécialistes jusqu’au technicien de santé. Idem pour le tableau relatif à l’estimation du salaire du personnel de santé en charge des services de planification familiale.

Pour tous les produits de contraception, l’approvisionnement du pays était assuré par l’UNFPA jusqu’en 2019 et ils étaient fournis gratuitement aux bénéficiaires. Un débat s’est ouvert sur ce point, certains intervenants, praticiens de santé pour la plupart, ont indiqué que la gratuité de la contraception, n’exclut pas des coûts sous-jacents, telle que la rémunération des prestataires, l’achat d’intrants par les bénéficiaires comme la bétadine, par exemple, et les coûts de transport jusqu’au point final des produits, l’eau, l’électricité, etc.

Vide est également la partie relative au coût de gestion du programme ou management de la mise en œuvre de la planification famille, dont les cases correspondant au coût de formation des prestataires et celui lié à la supervision n’ont pas été renseignées.

Par contre des informations assez fournies ont été données sur le nombre de nouvelles et anciennes utilisatrices de la planification familiale, ainsi que le taux de prévalence contraceptive région par région. Pareil pour les données relatives à l’estimation du type de personnel de santé et de son temps de travail, ainsi que sur les données relatives aux infrastructures et équipements des salles dédiées à la planification familiale.

Le portefeuille des projets et programmes appuyées par les partenaires techniques et financiers sur ressources extérieurs en 2019 indique que seul l’UNFPA est intervenu durant cette période dans le domaine de la planification familiale en Mauritanie. Il avait octroyé une enveloppe de 1.229.563 dollars U.S pour une année avec un taux de décaissement de 43,4%.

Il faut préciser enfin, que pour ce qui est des données non renseignées en matière de santé, il s’agit principalement des données d’investissements en planification familiale, l’analyse devant incorporer les autres coûts connexes.

Tout en précisant qu’il faudrait clairement mentionner les sources, les participants dans leurs recommandations ont jugé pertinentes les données collectées par les consultants nationaux.

Cheikh Aïdara

TEMOIGNAGES

Dr. Moussa Dioum Dembo, Projet SWEDD Mauritanie

«  Cet atelier de validation vient à point nommé parce que jusqu’à présent, en ce qui concerne les coûts et les financements des programmes de santé, notamment, la planification familiale, il s’agit de programmes vierges, c’est pourquoi nous n’avons pas encore assez d’informations. C’est pourquoi il est utile chaque fois d’organiser ce type d’études qui permet aux praticiens, aux techniciens et même aux décideurs de savoir combien leur coûteront les programmes qu’ils vont mettre en place. Je pense que l’UNFPA et le Partenariat de Ouagadougou ainsi que la Fondation Bill Gates ont répondu de manière satisfaisante à cette demande exprimée par la Mauritanie. »

Alioune Diop, président de la Coalition ENEM

« Nous venons de participer à l’atelier de validation des données sur un Business Case de la Mauritanie avec deux volets, l’un sur l’éducation et l’autre sur la santé. Nous avons vu l’ampleur de la problématique liée à la faiblesse des indicateurs. De l’autre côté aussi, les données méritent d’être renforcées. Certains acteurs et certaines rubriques, si l’on prend par exemple les produits contraceptifs, il y a tous les aspects liés au transport, au stockage qui font défaut. Globalement, il y a des améliorations à faire par rapport à ces données. On sait que c’est difficile en Mauritanie de disposer des données, mais il faut des données de qualité pour prendre des décisions qui vont aider dans la planification aussi bien dans le secteur de l’éducation que dans celui de la santé. »

 

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