A l’occasion de la commémoration de la Journée (Semaine mondiale) de l’allaitement maternel, le projet MauriSanté a organisé ce matin un briefing à l’intention des Journalistes de la presse nationale.
Le thème de cette édition SMAM 2021 est le suivant: « Protéger l’allaitement : une responsabilité partagée. »
A cette occasion, Mme Lala Fall, Coordinatrice du projet a présenté un exposé dont voici la teneur.
D’où vient cette initiative ?
C’est à l’hôpital Innocenti (Florence, Italie), en août 1990, qu’a eu lieu une réunion internationale consacrée à l’allaitement maternel rassemblant des représentants de 30 gouvernements, de nombreuses organisations des Nations-Unies et d’organisations non gouvernementales (ONG).
A la suite de cette réunion, en février 1991, les organisations et personnes souhaitant protéger, soutenir et encourager l’allaitement maternel créèrent un réseau mondial dénommé WABA (World Alliance for Breastfeeding Action, en français Alliance Mondiale pour l’allaitement maternel), avec le soutien de l’UNICEF.
L’une des actions principales de ce réseau est l’organisation d’une semaine mondiale annuelle consacrée à l’allaitement maternel, dans le but de donner une visibilité à l’allaitement, et de permettre à chacun dans le monde d’exprimer son soutien à ce qui est aujourd’hui une préoccupation internationale de santé publique.
CIBLE: Porter les taux d’allaitement exclusif au sein au cours des 6 premiers mois à au moins 50%
Mais il reste encore beaucoup à faire si l’on veut que l’allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois devienne la norme pour l’alimentation du nourrisson . Au niveau mondial, seuls 38% des nourrissons âgés de 0 à 6 mois sont exclusivement nourris au sein.
Il ressort en effet des analyses récentes que les pratiques non optimales en matière d’allaitement, dont l’allaitement non exclusif, sont à l’origine de 11,6% des décès d’enfants de moins de 5 ans, ce qui correspondait en 2011 à 804 000 décès.
Un lait aux nombreuses vertus,
Ce lait permet notamment de renforcer les défenses immunitaires des enfants. Pour les femmes, l’allaitement diminue aussi fortement le risque de cancer du sein.
L’allaitement peut paraître évident, pourtant moins de 40% des nouveaux nés sont nourris au sein dans le monde. Les femmes sont nombreuses à allaiter au Brésil, mais aussi dans certains pays africains comme l’Éthiopie, le Kenya ou encore le Burkina Faso. Mais, pour être complet, il faut prendre en compte le temps d’allaitement. En France par exemple, une femme sur cinq seulement allaite jusqu’à six mois comme le recommande l’OMS.
Principaux faits :
Les nourrissons et les enfants ont tous droit à une bonne nutrition conformément aux dispositions de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant.
La dénutrition intervient pour 45% dans la charge de morbidité enregistrée chez les enfants de moins de 5 ans.
Parmi les enfants âgés de moins de 5 ans, 52 millions souffrent d’émaciation, 17 millions souffrent d’émaciation sévère et 155 millions présentent un retard de croissance, alors que 41 millions sont en surpoids ou obèses.
40% environ des nourrissons de 0 à 6 mois sont exclusivement nourris au sein.
Plus de 820 000 vies d’enfants de moins de 5 ans pourraient être sauvées chaque année si tous les enfants de 0-23 mois étaient nourris au sein de manière optimale. L’allaitement maternel améliore le QI, la fréquentation scolaire et est associé à un revenu plus élevé dans la vie adulte.
Améliorer le développement de l’enfant et réduire les coûts de la santé grâce à l’allaitement qui génère des gains économiques pour les familles et au niveau national.
LES ENJEUX
En 2012, dans sa résolution WHA65.6, l’Assemblée mondiale de la Santé a fait sien le Plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant spécifiant une série de six cibles mondiales de nutrition à atteindre d’ici 2025. La présente note couvre la cinquième de ces cibles :porter les taux d’allaitement exclusif au sein au cours des 6 premiers mois à au moins 50%.
Elle a pour objet d’attirer l’attention sur une série d’interventions et de politiques rentables pouvant aider les États Membres et leurs partenaires à améliorer les taux d’allaitement exclusif chez le nourrisson âgé de moins de 6 mois.
L’allaitement exclusif au sein – défini comme la pratique de ne donner au nourrisson que du lait maternel au cours des 6 premiers mois (sans apport d’eau ni aucune alimentation complémentaire) – est parmi les différentes interventions préventives celle dont les effets sur la baisse de la mortalité de l’enfant sont les plus marqués.
Il s’inscrit dans le cadre des pratiques optimales d’allaitement au sein qui comprennent aussi l’initiation dans l’heure suivant la naissance et la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de 2 ans ou au-delà.
L’allaitement exclusif est une pierre angulaire de la survie et de la santé de l’enfant car il assure une nutrition essentielle et irremplaçable pour la croissance et le développement de l’enfant. C’est la première forme d’immunisation que reçoit l’enfant – qui est protégé contre les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques et d’autres affections potentiellement mortelles. L’allaitement exclusif a également un effet protecteur pour l’avenir contre l’obésité et certaines maladies non transmissibles.
A la lumière de ces évidences scientifiques, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’UNICEF ont élaboré conjointement la Stratégie mondiale de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE).
Elle promeut l’allaitement maternel exclusif (AME) jusqu’à l’âge de six mois, et l’introduction d’aliments de complément tout en poursuivant l’allaitement maternel jusqu’à deux ans.
La Mauritanie, comme les autres pays de la bande sahélo-saharienne, est sujette à une vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle dont l’enfant est l’une des principales victimes
Au niveau national, plusieurs indicateurs dénotent une certaine précarité de l’état nutritionnel de l’enfant de 6 à 59 mois, les taux de la malnutrition aiguë globale (MAG) et de malnutrition aiguë sévère (MAS) ayant atteint respectivement 12,8 % et 2,0 % en 2013.
La malnutrition aiguë en Mauritanie connait des variations saisonnière avec des prévalences au niveau national ou régional dépassant parfois des seuils d’urgence nutritionnelle (malnutrition aiguë globale > 15% et ou malnutrition aiguë sévère > 2%). Les enfants âgés de moins de deux ans devant bénéficiant des pratiques optimales d’ANJE sont plus affectes.
Réponse du Gouvernement
La Mauritanie s’est dotée d’un plan stratégique multisectoriel de nutrition comportant un cadre commun de résultats (2016-2025) pour une réduction durable de la lutte contre la malnutrition.
L’élaboration du plan de passage à l’échelle de la promotion des pratiques optimales d’ANJE constitue une option stratégique pour atteindre des produits du cadre commun de résultats du plan stratégique multisectoriel de nutrition.
l’allaitement précoce dans l’heure qui suit la naissance; l’allaitement exclusif au sein pendant les 6 premiers mois de la vie; et l’introduction, à l’âge de 6 mois, d’aliments de complément (solides) sains et satisfaisants sous l’angle nutritionnel, parallèlement à la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de 2 ans et au-delà.
Objectif Général
Augmenter le taux de pratique d’allaitement maternel exclusif chez les enfants âgés de moins de 6 mois de 36% en 2016 à au moins 75% en 2025.
Augmenter le taux de pratique d’alimentation minimale acceptable chez les enfants âgés de 6 – 23 mois de 22% en 2016 à au moins 60% en 2025.
Les recommandations ont été affinées afin de tenir compte des besoins des nourrissons dont la mère a été infectée par le VIH. L’administration d’antirétroviraux permet maintenant à ces enfants d’être exclusivement nourris au sein jusqu’à l’âge de 6 mois et de continuer à être allaités au moins jusqu’à 12 mois, tout en réduisant sensiblement le risque de transmission du VIH.
A SAVOIR
À travers le monde, l’allaitement maternel est un sujet autant politique que culturel.
Aux Émirats Arabes Unis, l’allaitement est obligatoire jusqu’à la deuxième année de l’enfant.
En Indonésie, où les femmes retravaillent vite après l’accouchement, des coursiers sont chargés d’apporter le lait des mamans aux nounous.
Enfin au Japon, il existe des cabines d’allaitement dans les villes pour permettre aux mamans de donner le sein en toute tranquillité.
IMPLIQUER LES MÈRES ET LES INFLUENCEURS:
impliquer le système de soutien de la mère et du bébé dans le counseling sur l’allaitement afin d’améliorer la compréhension des avantages, des risques évitables, des compétences et des stratégies pratiques pour s’assurer que les bébés reçoivent uniquement du lait maternel, et pas d’eau au cours des six premiers mois de leur vie.
Par exemple :
– Corriger les fausses croyances.
– Discuter de la valeur ajoutée de donner uniquement du lait maternel.
– Renforcer la capacité des mères et des gardiens à extraire le lait maternel, le stocker et le manipuler convenablement et à alimenter le bébé avec le lait maternel conservé.
– Veiller à ce que les mères et les personnes qui s’occupent de l’enfant puissent réagir de façon appropriée aux signaux d’alerte et aux comportements du nourrisson, y compris en cas de maladie.
Travailler avec les guérisseurs traditionnels, les accoucheuses traditionnelles et les chefs religieux pour changer leurs pratiques et recommandations afin de faciliter le don du lait maternel uniquement dès la naissance jusqu’à l’âge de six mois
Impliquer les communautés dans les interventions de changement social et de comportement de la campagne Plus fort avec le lait maternel uniquement afin de mieux les mobiliser et de créer une dynamique favorable au don de lait maternel uniquement, à la demande (jour et nuit), sans eau, ni d’autres liquides ou aliments dès la naissance et pendant les six premiers mois de vie. Par exemple : – Travailler avec les leaders communautaires, les associations de femmes et d’autres structures existantes pour favoriser un dialogue sur l’alimentation, la stimulation et les soins de la petite enfance. – Attirer l’attention sur les avantages et les stratégies de donner uniquement du lait maternel, en valorisant les expériences des mères et familles qui ont adopté ce changement
RENFORCER LES POLITIQUES ET LES PROGRAMMES :
Intégrer les approches et les messages de la campagne Plus fort avec le lait maternel uniquement dans les programmes spécifiques et connexes d’ANJE pour améliorer le soutien à l’allaitement.
Mettre en œuvre les Dix étapes pour réussir l’allaitement et les activités de changement de comportement des prestataires de santé fondées sur des données probantes afin d’améliorer leur capacité à corriger les fausses croyances et à persuader les mères et les membres de la famille de donner uniquement du lait maternel.
Appliquer et renforcer des mesures légales nationales pour réduire la commercialisation abusive des substituts du lait maternel, y compris l’eau en bouteille commercialisée pour les nourrissons, les biberons et les tétines.
Plaider en faveur de politiques favorables à la famille et de soutien à l’allaitement pour les mères qui travaillent, étudient ou doivent être séparées de leur bébé pendant de courtes périodes, particulièrement pendant les six premiers mois de vie du bébé.
Compte redu Bakari Gueye