Editorial : Ghazouani, An II : Un bilan tiré par les cheveux

En 730 jours le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani n’arrive toujours pas à imprimer ses marques et à s’affranchir d’un système dont le rouleau compresseur  a réussi à berner tous ses prédécesseurs.

Et comment d’ailleurs pouvait-il en être autrement quand on sait que l’homme qui n’était pas préparé à diriger le pays n’avait d’autre choix que de se jeter dans la gueule du loup.

Et pour ne rien arranger, son prédécesseur lui a très tôt déclaré la guerre, une situation intenable que la pandémie du Covid n’a fait qu’aggraver.

De ce fait Ghazouani a pris les rennes du pays dans un contexte de crise multidimensionnelle c’est ce qui explique sa faible marge de manœuvre et sa bunkerisation dictée par des impératifs de survie pour son pouvoir.

Si à l’heure du bilan à mi-parcours il a peut-être droit à des circonstances atténuantes on ne peut qu’être déçu par le train des réformes et du mode de gestion des affaires publiques qui n’a pas beaucoup changé.

En effet, le renouvellement du capital humain ne semble pas être à l’ordre du jour et ce sont dans beaucoup de cas les mêmes cadres impliqués dans la gestion des affaires au cours de la dernière décennie qui sont toujours aux commandes. Et cela est d’autant plus illogique que la dernière décennie aurait été marquée par une véritable banqueroute comme cela a été mis en exergue par la Commission d’Enquête Parlementaire.

A l’heure du bilan les acquis du régime de  Ghazouani sont essentiellement d’ordre politique. Grâce à sa personnalité et à son approche d’ouverture envers l’opposition, il a réussi un coup de maître en pacifiant la scène politique créant ainsi une sorte d’union sacrée.

Mais, cette union de façade il n’en a pas beaucoup profité et elle commence à se fissurer. Le dialogue national tant souhaité tarde à prendre forme. Les faucons du régime voient d’un très mauvais œil ce rapprochement avec l’opposition et jouent leur va-tout pour torpiller toutes les velléités des leaders de l’opposition.

De son côté, le gouvernement se complait dans un rôle purement exécutoire en assurant la gestion des affaires courantes. Rien que du déjà vu. L’esprit d’initiative est cruellement absent même si chaque ministre jouit de la liberté requise.

Le dossier de la décennie a été vidé de sa substances, pratiquement tous les présumés complices de l’ex président ont été blanchis.

Les grands chantiers du président n’ont pas beaucoup évolué. Les inégalités sociales et l’exclusion sont toujours de mise. L’agence Taazour ne touche encore qu’une infime minorité des populations déshérités et curieusement elle semble accorder plus d’importance à l’édification d’éléphants blancs qu’à l’assistance substantielle des pauvres. Elle emboite exactement le pas à sa prédécesseure, l’agence Tadamoun.

Autre échec, la mise en œuvre du projet d’école républicaine qui est demeuré un vœu pieux. La politique éducative manque de vision. La politique du bâton envers les enseignants compromet toute sortie de crise. Et ces derniers qui sont censés mettre en application les réformes envisagées sont infantilisés et ridiculisés. Et les responsables de l’éducation font toujours recours aux vieilles méthodes qui ont démoli notre système éducatif.

Les scandales qui ont secoué le ministère de l’éducation à intervalles réguliers (Fuite des sujets et des résultats des examens nationaux…) ces deux dernières années en disent long sur l’état de notre système éducatif et sur le chemin à parcourir.

Les prix des produits de première nécessité, le chômage et la baisse du pouvoir d’achat du citoyen constituent de vrais baromètres et permettent à un tout un chacun d’apprécier objectivement le chemin parcouru.

Et ironie du sort, même le prix du poisson made in Mauritania devient prohibitif quant aux autres produits n’en parlons pas.

Aujourd’hui, le panier de la ménagère est mis à rude épreuve et le mauritanien lambda a du mal à assurer deux repas par jour. Une triste réalité !

Bakari Gueye    

 

 

 

 

 

 

 

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