Hussein Dieng, coordinateur de OSER l’Afrique : «La problématique de la jeunesse est prise au sérieux au plus haut sommet de l’Etat »

HousseinDieng est  un  activiste  des droits de l’homme.  Il est le coordinateur de OSERl’Afrique- Mauritanie et d’Utopia Mauritanie (une organisation mondiale de citoyenneté universelle).  Ces structures participent à la sensibilisation et à la formation des jeunes exclus de l’école. Son expérience dans le domaine lui a permis de tisser un réseau de relations avec les organisations internationales. Dans cette interview, HousseïnDieng porte son regard sur la question des droits de l’homme et sur les actions des pouvoirs publics.

Horizons : Vous êtes un activiste des droits de l’homme. Quelle évaluation faites-vous de l’état des droits de l’homme dans le pays ?

Houssein Dieng : Permettez-moi à l’occasion de ce mois béni de Ramadan de prier et de souhaiter au peuple mauritanien dans son ensemble et à ses dirigeants une réussite dans la gestion de a pandémie du covid19, une paix des cœurs, des esprits, une réussite pour l’ensemble des actions entreprises pour la cohésion, la démocratie et le progrès.

La question des droits de l’homme est une construction, une œuvre de longue haleine.Notre pays est encore jeune, nous n’avons que 60 ans d’indépendance. , C’est beaucoup dans la vie d’un homme, mais par rapport à la vie des Etats, cela est minime.

Ceci étant dit, concernant l’état des droits de l’homme, je pense que vous faites allusion au respect des droits des citoyens et de leurs biens ; il est globalement satisfaisant. Le pays a connu de véritables avancées dans le domaine. Une véritable volonté politique s’est matérialisée par la mise en place d’un Commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action humanitaireet aux Relations avec la société civile, la Commission nationale des Droits de l’Homme, la Commission contre la Torture, l’Agence Taazour…

La dernière loi sur la société civile relative au système déclaratif, plusieurs fois réclamée, vient conforter la volonté du gouvernement du Premier ministre, Monsieur Mohamed BILAL. Un important arsenal juridique est venu renforcer le dispositif. On peut ajouterles organisations de la société civile qui abattent un important travail pour y contribuer. Notre pays a beaucoup évolué et peut se vanter de ne compter dans ses prisons aucun prisonnier politique.

Aussi, les différentes libertés d’expression, d’association, d’entreprendre, de réunion sont toutes garanties. Ce n’est pas négligeable, nous venons de loin, de très loin même. Je comprends l’impatience de certains de nos compatriotes qui deviennent de plus en plus exigeants, ils doivent comprendre qu’ailleurs, on a mis des siècles pour parvenir à des situations assainies et que nous sommes sur la bonne voie ; les autorités du pays, avec à leur tête le président de la République, son Excellence Mohamed OuldCheikh El Ghazouani, ne ménagent aucun effort pour faire respecter les droits des citoyens. Toutefois, il reste beaucoup encore à faire dans le domaine de la justice sociale pour donner à tous les Mauritaniens les mêmes chances de réussir. Il est aussi important pour les pouvoirs publics de trouver des solutions définitives au système d’enrôlement et au foncier.

Dans son discours d’investiture, le 1er mars 2019, au stade Cheikh Boidya de la capitale, son excellence le président de la République avait déclaré en substance : « Nous nous battrons pour éradiquer toutes les formes d’injustice et les victimes seront rétablis dans leur droit ».

Horizons : La question de l’esclavage crispe le débat politique en Mauritanie alors que cette pratique est criminalisée depuis quelques années. Pouvez-vous nous brosser brièvement les grands axes du dispositif législatif, économique et social pour éradiquer l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie ?

HousseinDieng : La problématique de l’esclavage demeure une préoccupation des pouvoirs publics et des Mauritaniens épris de paix et de justice. Parce que c’est une question de droits humains. Il serait très prétentieux de vouloir étaler ici tous les instruments juridiques et autres pour lutter contre l’esclavage et ses séquelles. Ce qu’il faut retenir, c’est que cette pratique abjecte a été criminalisée depuis 2007 et qu’en août 2015, une loi est venue renforcer les peines de la précédente. Je rappelle qu’en 1981 déjà, l’esclavage avait été aboli. Avant cela, en 1966, une circulaire l’avait interdite. C’est vous dire que c’est un perpétuel combat que mènent les gouvernements pour répondre à une demande sociale et politique pressante.

Aujourd’hui, l’esclavage est un crime chez nous, nous devons nous en féliciter et encourager les Mauritaniens à s’investir, à accompagner les pouvoirs publics pour faire appliquer les textes y afférant, sans surenchère ; les tribunaux dédiés spécialement à juger les affaires relatives à l’esclavage ont été créés et l’assistance judiciaire institué. Que reste-t-il alors ? Appliquer la loi dans toute sa rigueur, sans interférence aucune, donner les moyens aux tribunaux pour travailler et faciliter la tâche aux associations de défense des droits de l’homme pour qu’elles accomplissent leur mission.

Horizons : Quelle est la place de la société civile dans la lutte contre l’esclavage et ses séquelles ?

Housseïn Dieng : Le rôle de la société civile est très important dans tous les pays, elle assure un rôle de veille, d’alerte et même de contrôle des instances publiques. Même si nos organisations sont pléthoriques et ne connaissent pas souvent leur véritable mission, on note les efforts de certaines d’entre elles pour accomplir leur mission. Récemment, l’Etat a adopté un texte sur le caractère déclaratif des organisations de la société civile, ce qui constitue un pas important dans l’assainissement du secteur. Les associations bénéficient de l’aide de l’Etat et de ses partenaires techniques et financiers. La balle est donc dans leur camp. Je signale qu’ailleurs, les organisations comme ‘Balai citoyen’,  ‘Y’en a marre’ et ‘Filimbi’, ont contribuent à l’éveil des populations ; ce sont de véritables sentinelles. Nos OSC doivent faire autant.

Horizons : Dans le dispositif de lutte contre la pauvreté, il y a l’Agence nationale Taazour. Quelle appréciation faites-vous de son travail ?

Houssein Dieng : Taazour est créée pour lutter contre la pauvreté, l’exclusion. Cela traduit la volonté politique du Président de la République. C’est une structure très importante, suffisamment outillée pour accomplir sa mission. Son excellence le Président de la République a donné des instructions aux responsables pour qu’ils travaillent pour le bien-être des populations cibles, dans la transparence et l’équité. Je m’abstiendrai de vous lister les performances de cette institution et je vous renvoie à la déclaration de politique générale du Premier ministre, M. Mohamed Bilal devant le Parlement, il y a quelques mois. Je sais que la tâche confiée à Taazour est colossale. Son programme embrasse 5 grands axes : faciliter l’accès aux services, développer la promotion et l’inclusion économique, améliorer le cadre de vie, renforcer l’efficacité des filets sociaux et l’amélioration du pouvoir d’achat, assurer la sécurité alimentaire et la défense du pouvoir d’achat. C’est un programme très ambitieux, avec des besoins énormes à satisfaire. L’agence intervient dans les communes du pays avec un taux de pauvreté supérieur ou égal à 31% de leur population.

Horizons : Pour soulager les populations, le gouvernement a mis en place l’opération Ramadan qui permet de faire supporter à l’Etat 70% du prix de certaines denrées de première nécessité. Qu’en pensez-vous ?

Houssein Dieng : Ce programme intervient au bon moment et démontre, une fois encore, combien le Président de la République se soucie du sort de ses concitoyens. Comme vous l’avez  si bien dit, l’Etat subventionne à hauteur de 70% des produits vitaux qu’il a sortis de la concurrence. Allez voir l’affluence devant les boutiques de ces produits, des points de vente de poissons et des kiosques de pains. Interrogez les populations, elles ne tarissent pas d’éloges à l’égard du Président de la République et de son gouvernement. Car il s’agit d’une véritable bouffée d’oxygène pour des milliers de ménages dont l’écrasante majorité a souffert des conséquences du covid-19. C’est le lieu de saluer le courage du gouvernement qui, en dépit de la crise sanitaire, et des conséquences économiques et sociales, a puisé sur fonds propres pour financer ce programme.

Horizons : L’emploi des jeunes occupe une place importante dans le programme du Président de la République. Avez-vous le sentiment que la stratégie mise en place est à même de lutter efficacement contre le chômage des jeunes ?

 Housseïn Dieng : L’emploi des jeunes occupe une place prépondérante dans les engagements du Président de la République. La volonté politique a conduit à créer un département rassemblant l’emploi et la jeunesse. Aujourd’hui, nous avons noté le dynamisme de ce département. Parmi ses programmes phares, on peut citer ‘Mon projet, mon avenir’.  Lancé le 20 janvier 2020, ce programme va toucher 500 jeunes porteurs de projets sélectionnés sur toute l’étendue du territoire national.

D’autres projets et programmes sont en cours, il faut s’en féliciter, la problématique de la jeunesse est prise au sérieux au plus haut niveau de l’Etat, nous devons encourager nos jeunes à aller vers ce département qui dispose d’une coordination des projets d’emploi des jeunes, à saisir cette opportunité en sollicitant des financements pour leur projets. C’est une voie vers leur autonomie.

Propos recueillis par Athié

Horizons

 

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