Editorial : Aziz prêche-t-il dans le désert ?

L’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz qui est sur le coup d’un procès en cours avec des chefs d’accusation très graves ne s’avoue pas vaincu.

Il a adressé aujourd’hui un vibrant appel au peuple mauritanien et à toutes les forces vives soucieuses dit-il de la préservation des acquis et de la marche vers la construction de la « Mauritanie nouvelle ».

Aziz a mis dos à dos la majorité et l’opposition et dressé un bilan très sombre du pouvoir en place. Dans son pamphlet au vitriol l’ex président a dénoncé la gestion chaotique de la crise sanitaire, les détournements de fonds, la situation des enseignants, la hausse vertigineuse des prix, le pillage des ressources nationales, le doublement du budget de la Présidence, l’opposition complotiste, un parlement monocolore avec des députés aux ordres qui ne pensent qu’à leurs intérêts, l’état peu reluisant de l’administration, la marginalisation économique des petites gens, la restriction des libertés, la pression sur les journalistes et les leaders d’opinion…

Bref Aziz a accusé le régime actuel des mêmes maux dont on l’accusait après plus de dix au pouvoir, des maux qui lui valent aujourd’hui un procès jugé historique.

Ould Abdel Aziz laisse entendre qu’il a réalisé une révolution en Mauritanie avec l’aide dit-il des meilleures compétences masculines et féminines de ce pays.

Il vient d’intégrer le parti Ribat National pour la défense des droits et constructions des générations de Saad Ould Louleid  et il lance un appel pressant à tous les mauritaniens qu’il invite à venir s’inscrire massivement dans ce parti.

L’ex président est apparemment sûr de son bon droit. Son discours offensif fait figure de défi pour le pouvoir.

Aziz va-t-il rebondir ? Son appel ne sera-t-il pas entendu par la masse des opportunistes et des laisser pour compte ?

En tout cas, l’homme est décidé à en découdre voire même à rebondir.

Reste à savoir comment le pouvoir va réagir à cette provocation. Cette deuxième tentative de l’ex président d’endosser un manteau légaliste pour revenir au devant de la scène sera-t-elle la bonne ?

L’on se rappelle qu’en Aout dernier Aziz avait réussi une OPA sur le parti nationaliste arabe PUDS qui avait été immédiatement suspendu par le ministère de l’intérieur.

Aujourd’hui encore c’est un autre micro-parti de la mouvance haratine qui bascule avec armes et bagages dans les bras de Mohamed Ould Abdel Aziz.

Avec ce bras de fer entre l’ex président et son successeur il y a du rififi dans l’air.

Bakari Guèye

 

 

 

 

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