« Le fait est trop grave pour ne pas mériter un examen profond et urgent sur la base d’une enquête objective qui va en révéler les causes réelles et permettre la mise en œuvre des rectifications nécessaires ». Cette déclaration est signée de Mohamed Ould Maouloud, Président de l’UFP. Le ton est sévère et la mise en garde claire. La voix du leader de l’UFP donne l’impression de taper du poing sur la table et s’élève amplifiée pour dénoncer l’injustifiable et l’incompréhensible d’un problème qui commence sérieusement à faire des vagues de plus en plus hautes.
Ce sont ces vagues justement qui ont poussé au « large » de la dénonciation Nana Mint Cheikhna, cette brillante intellectuelle qui a joué de « l’accordéon » en parfait accord de note avec la partition de Mohamed Ould Maouloud le puissant président de l’UFP. Nana Mint Cheikhna, elle non plus, n’a pas mâché ses « mots à maux » et dit en donnant l’impression de crier son ras-le-bol : « Aujourd’hui, malheureusement tout observateur avisé constate que depuis des années, le fossé est de plus en plus approfondi par une incompréhensible exclusion des négro-mauritaniens au niveau de l’ensemble des concours de recrutement de la fonction publique. Cette situation profondément injuste est porteuse de germe de grave division qui requiert un traitement plus qu’urgent ».
Même son de cloche du côté de l’émérite Professeur de droit et avocat international mauritanien, le très célèbre Lô Gourmo qui précise : « outre la douleur vive que provoque toute injustice à l’égard d’une victime et à l’égard des ses proches, il y’a la honte que subit la nation entière lorsque cette injustice est érigée en système qui heure la conscience collective universelle. »
Cette analyse pertinente comme on le voit, épouse bien les « injonctions » qui ont enroué la gorge de la célèbre députée des défenses des droits humains, Khadiata Malick Diallo au cours d’une session parlementaire.
A ces quatre voix confondues dans un même élan de souci, il faut ajouter comme « ingrédients » les dénonciations équilibrées de Samory Ould Beye, de Braika Ould M’Bareck, d’Athié Hamath et les attaques à volume boosté de Sy Mamadou le rescapé d’Inal, et Kaw Elimane Bilbassi Touré mauritanien en exil, le chef d’orchestre reconnu pour son extrémisme verbal violent.
Quand donc des ténors de la politique et des droits de l’homme comme Mohamed Ould Maouloud, Nana Mint Cheikhna et Lô Gourmo entrent dans la danse, cela veut dire simplement qu’on est passé de tirs croisés à des tirs groupés. En d’autres termes, on est passé de l’industrie politique « légère » à l’industrie politique « lourde ».
Les tirs ne proviennent plus donc de quelques activistes négro-mauritaniens refugiés en Europe ou aux Etats-Unis qui crachent depuis l’étranger comme un 33 tours rayés, mais proviennent bien d’une artillerie lourde locale qui tente de démolir ce rempart qui protège cette « dérive discriminatoire très grave que constitue le nouveau coup porté contre notre unité nationale par ce « filtrage » opéré lors des concours de recrutement ».
Quand donc après les negro-mauritaniens qui crient au scandale c’est maintenant autour des arabo-berbères de prendre le relai, on peut dire que rien ne va plus. Rien ne va plus du tout. Rien ne va plus du tout, parce qu’il est inadmissible que les autorités continuent de laisser-perpétuer une telle dérive discriminatoire. La goutte s’ajoute au contenu du vase qui débordait déjà à cause d’un cumul d’événements qui ne sont pas du tout de nature à rassurer que ce qui se passe en Mauritanie est « involontaire ».
Le parcours du combattant décrit par certains comme un préalable pour tout negro-mauritanien afin obtenir le moindre acte d’état-civil, les violences policières reprochées dans certains cas aux forces de l’ordre, l’expropriation des terres des exploitants coutumiers de la vallée, la timide nomination de certains cadres à des postes de responsabilité, sont des éléments qui, pour certains, ont tendance à donner raison à ceux qui se considèrent spoliés de leurs droits garantis par la constitution et leur citoyenneté.
A travers les réseaux sociaux, quelques voix concordantes s’élèvent tant en milieu, Poular, Soninké, Wolof, maures arabo-berbères et maures noirs, pour qualifier le pays d’un « système » qui a tendance à éliminer moralement, psychologiquement et socialement une composante au détriment d’une autre au niveau de tous les rouages administratifs et militaires du pays. Accusations évidement graves. Même si ces accusations ne sont pas prouvées dans les faits, et même si par ailleurs rien n’écarte le contraire.
Ce qui est certain, en tous cas, c’est que de plus en plus on avance dans les processus de recrutements, les promotions et les distinctions, des cas plus ou moins avérés se révèlent inexplicables et injustifiés.
C’est pourquoi, la curiosité peut pousser à se poser la question de savoir si on est pas en présence d’une variante mauritanienne de la Birmanie, ou alors si dans l’ombre, il n’y a pas des irresponsables qui prennent un malin plaisir pourtant risqué à ajouter à chaque fois et de plus en plus des gouttes d’eau à ce vase dont le contenu commençait à couler du bord depuis les années 80.
La Mauritanie et plurielle. Multiethnique. Certains considèrent donc que ces pratiques discriminatoires sont de tendance séparatiste. Elles constituent au vu d’activistes extrémistes négro-mauritaniens, une tendance à disloquer l’homogénéité des communautés qui composent le pays et qui vivaient en bonne intelligence pratiquement jusqu’en 1966 date à partir de laquelle par des actes contraires aux valeurs républicaines et civiques, des agissements constatés ont suscité de nombreuses interrogations. Génocide culturel, éducatif et linguistique perpétré pour isoler la communauté négro-mauritanienne ? Le mot est trop fort, même si l’opposant Ibrahima Moctar Sarr, président de l’AJD-MR, rescapé des geôles de Oualata persiste et signe pour qualifier de tels actes, de tels.
Dans la réalité on n’est pas encore à ce stade la gravité de la situation. Mais tout concoure à envenimer une situation qui résulte de manques de volontés politiques réelles pour arrêter « cette provocation à outrance » d’une communauté negro-mauritanienne qui court derrière le règlement d’un passif humanitaire qui prend de la toile d’araignée. On ne connait pas, ou plus exactement, on feint de faire croire qu’on ne connait pas la raison. Mais quel qu’en soit la raison, que celle-ci soit involontaire, ou due à des « erreurs humaines intentionnelles » qui se répètent par actes isolés –mais dont bizarrement les similitudes sont flagrantes-, cette situation commence quand même à taper sur les « systèmes ». D’abord sur le système nerveux des negro-mauritaniens qui en ont le ras-le-bol, et ensuite sur le système nerveux politique du système lui-même qui se met le doigt dans l’œil sans se rendre compte, comme disait le Pr. Lô Gourmo.
Le virus de la dénonciation de ces actes met dos-à-dos deux communautés qui en prennent les pots cassés par les régimes qui se sont suivis et qui se ressemblent. Ce mal dont le pronostique vital n’est pas encore engagé, commence à entrainer maintenant des sorties inhabituelles mais qui pèsent de tout leur poids.
Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, c’est un militaire de l’armée de l’air, en tenue et à visage découvert qui fait des voltiges acrobatiques verbales d’un genre nouveau, pour dénoncer une « pandémique » pratique discriminatoire exercée par les supérieurs de cet état major à l’égard de certains soldats de couleur de ce corps spécial.
Le malheur, c’est que Ould El Ghazouani un des maillons de la chaine des militaires arrivés au pouvoir hérite d’une situation qui va ralentir sa progression vers la confiance qu’il a cherché à placer dans les mauritaniens par son discours de campagne, qui, pour certains maintenant bat de l’aile dans sa réalisation.
Je pense personnellement qu’il y’a des gens, activistes politiques ou autres qui tirent le Satan par la queue afin que le diable maintienne sa pression sur ceux qui se sont donnés pour mission d’approfondir chaque jour un peu plus le fossé qui sépare les variantes composantes ethniques de la société mauritanienne.
Pourtant Dieu a demandé aux croyants de s’éloigner des agissements conseillés par le Satan. C’est on dirait le Satan de 1966, de 1989 et de 1991, qui se faufile encore aujourd’hui à l’intérieur du Palais présidentiel.
Espérons que les prières du marabout qui est au pouvoir, vont chasser le mal et exorciser l’atmosphère qui règne dans la rue et cela avant son départ en 2029, dont, pour certains analystes, les travaux de dégagement de la voie ont été lancés à Timbédra il y’a une semaine.
Mohamed Chighali