Chronique HABI(b)TUDES n°4

Bonjour, M. Raslehmar Dirni Fih. La dernière fois vous sembliez réticent à parler des choses d’ici-bas. Alors comment voyez-vous les Mauritaniens dans l’au-delà ?

Raslehmar Dirni Fih : « Qui échoue dans la vie, annonce la fin des temps ». C’est un adage bien de chez nous.

:  C’est un devenir incertain.

Raslehmar Dirni Fih : Pas pour la majorité des Mauritaniens.

HABI(b)TUDES : Comment ça ?

Raslehmar Dirni Fih : Dans l’au-delà, il n’y a pas de double peine. Ils étaient mauritaniens dans la vie et c’est un purgatoire suffisant.

HABI(b)TUDES : Vous ne trouvez pas que c’est un peu méchant.

Raslehmar Dirni Fih : C’est plutôt indulgent.

HABI(b)TUDES : La Mauritanie est un pays comme un autre. On y trouve du bon du moins bon.

Raslehmar Dirni Fih : La Mauritanie comme vous dites est un pays de faux-semblants : vous avez une soixantaine de partis politiques qui ne font pas de politique, c’est un pays officiellement libéral où tout le monde s’organise en cartel, vous avez un peuple à 100 % musulman et à 100% inégalitaire, vous avez un pays dont le sous-sol est un scandale géologique et il est classé parmi les plus pauvres du monde.

HABI(b)TUDES : est-ce qu’il y a un espoir pour que ça change un jour ?

Raslehmar Dirni Fih : Ça dépend de Ould etc.

HABI(b)TUDES : Qui est ould etc ?

Raslehmar Dirni Fih : Demandez à Ly Bouciré

HABI(b)TUDES : Qui c’est ?

RDF : C’était un ami de mon père.

HABI(b)TUDES : Où peut-on le trouver ?

RDF : Là où il est.

HABI(b)TUDES : Ne trouvez-vous que vous êtes mystérieusement laconique aujourd’hui ?

RDF : Vous recommencez avec les gros mots.

HABI(b)TUDES : Ce n’est pas un gros mot. C’est juste que vos réponses sont brèves.

RDF : Je n’aime pas parler dans le vide, comme les ministres.

HABI(b)TUDES : Les ministres ne font pas que parler. Ils agissent aussi.

RDF : Voyez-vous, j’ai suffisamment vécu pour faire la différence entre l’action et la gesticulation.

HABI(b)TUDES : vous trouvez que la plantation des palmiers, la création de périmètres maraichers, les adductions d’eau et les distributions de cash c’est de la gesticulation ?

RDF : Là on est en plein dans les faux-semblants. C’est aberrant d’essayer d’apprendre aux gens de l’Adrar et du Tagant à planter des palmiers. Ils n’ont fait que ça toute leur vie et sur des dizaines de générations. Si leurs oasis, naguère florissantes ont périclité et que leurs palmiers sont morts, il y a bien une raison et que tout le monde la connait : le manque d’eau. Tant que ce problème n’est pas résolu, une entreprise agricole quelle qu’elle soit est une perte d’argent pour l’Etat et de temps pour les populations. Les canalisations ne produisent d’eau. Elles l’acheminent quand elle existe. CQFD. Les distributions d’argent c’est bien à priori. Mais a-t-on les moyens de le faire à intervalles réguliers ? J’en doute. Or il me semble que le montant global, au demeurant substantiel, aurait mieux servi s’il avait été investi dans des activités productives qui assurent aux bénéficiaires des revenus réguliers et contribuent au développement du pays. Comme par exemple ce que l’on appelle « Moustaqbali ».

HABI(b)TUDES : Vous commencez à parler politique.

RDF : Parce que ce je disais c’était de la politique. Je suis donc comme le monsieur qui faisait de la prose sans le savoir.

HABI(b)TUDES : Alors maintenant que vous savez, j’espère que la prochaine vous serez dans de meilleures dispositions pour parler de ces choses-là. Au fait, et si on se tutoyer ?

RDF : Si vous voulez, comme dirait Mitterrand.

 

 P.C.C.C

Maghoueidilou

 

 

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