Guidimakha : la jeunesse et l’émigration

Située à l’extrême sud de la Mauritanie, la région du Guidimakha est entre deux frontières à savoir le Mali et le Senegal.L’activité principale de la population  demeure l’agriculture et l’élevage. La pluviométrie était importante et la pluviométrie varie entre 150 à 600 mm par an vers les années 60 mais elle est  devenue de plus en plus faible vers 1973. Cette date marque la période de la grande sécheresse qui touche pratiquement les éleveurs et les paysans de la région. Par conséquent on assiste à un  déplacement massif des ruraux vers la ville. En effet, l’exode de rural  a entrainé des terribles conséquences sur les jeunes : le chômage,  la délinquance juvénile, l’émigration clandestine. Dépourvus de tout espoir, les jeunes empruntent la voie maritime avec des embarcations de fortunes pour atteindre l’Europe. C’est pourquoi  les victimes dépassent largement les rescapés  ces deux décennies.

Au Guidimakha comme ailleurs dans le pays les jeunes sont en proie au chômage et au désœuvrement. L’éducation est l’un des facteurs d’intégration des jeunes dans la société, mais malheureusement les réalisations faites par les émigres dans la 10ème région de la Mauritanie ne laissent aucun jeune indifférent.  Partant de ce constat l’écrasante majorité de jeunes veulent  explorer au delà des océans afin de connaitre la même réussite et ils abandonnent très tôt  l’école au profit de l’immigration clandestine. L’un des migrants affirme : «ce qui nous préoccupe, c’est surtout avoir l’argent de poche et partir un jour pour la France. L’école devient un handicap. Elle nous détourne de nos objectifs ». La société soninké à l’image des autres sociétés l’émigration clandestine constitue une pratique ancestrale. C’est dans cette optique qu’Ibrahima Baba kaké affirme : «  L’homme est un animal terriblement voyageur, il sort de sa partie quelles que soient  les barrières qui l’entourent » A travers cette citation nous nous sommes rendu compte que l’histoire de l’humanité est marquée par le déplacement. Par ailleurs, il serait important de préciser que la région du Guidimakha  a connu un changement positif grâce aux émigrés. Ces derniers ont construit des infrastructures de bases : écoles, postes de santé, mosquées. Mais l’éducation des enfants est reléguée au second plan. Or la quête du savoir doit être le cheval de bataille de toute communauté ayant les objectifs du développement durable. Si les émigres se contentaient seulement à montrer à nos jeunes  le chemin de l’hexagone sans aucune qualification au  préalable, c’est de jeter de la poudre aux yeux de jeunes  gens. Si pour certains la  France est un eldorado, pour d’autres elle est loin d’être le paradis terrestre tant imaginé :l’irrégularité et la précarité sont leur calvaire quotidien .Dans le premier cas  d’aucuns restent plus de 10 ans en Europe laissant derrière eux des familles sans ressource faute de titre de séjour  et d’autres sont frappés de plein fouet par le célibat. Dans le  deuxième cas les émigrés sont confrontés à des cas de chômage partiel ou chômage de longue durée : cela entrainera une perte de pouvoir d’achat.

Par ailleurs, bon nombre de ces émigrés sont confrontés à des multiples problèmes dans le pays de départ qui sont entre autres la pauvreté, la misère sociale  .Pour éradiquer ce phénomène les dirigeants africains doivent mettre fin à la gabegie, au régionalisme, au tribalisme qui règnent sur le continent en faisant preuve de justice sociale. L’éradication de ce phénomène ne se limite pas seulement à la sécurisation des frontières mais la conjugaison des efforts de part et d’autre de deux continents à savoir l’Afrique et l’Europe .Mais surtout du coté de l’Afrique, II faut prôner la bonne gouvernance, lutter contre la corruption, promouvoir une éducation de qualité, faciliter l’intégration des    jeunes ayant l’âge de travailler. Du coté de l’Europe aussi, il faut annuler la dette africaine.

Boulaye Baby

 

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