Le Rapport sur le commerce transfrontalier COVID-19 de la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) rendu public ce jeudi 10 septembre 2020 à Addis Abeba a fait l’objet d’un Webinaire auquel ont pris part d’importantes personnalités du continent ayant en charge des dossiers économiques.L’ordre du jour a comporté une allocution de bienvenue Stephen Karingi, directeur, Intégration régionale et commerce, CEA. Par la suite il y a eu le lancement du rapport sous le thème: « Faciliter le commerce transfrontalier grâce à une réponse africaine coordonnée au COVID-19 », une présentation qui a été assurée par Stephen Karingi, Directeur, Intégration régionale et commerce, CEA.Autre présentation à l’ordre du jour sur « la Coopération régionale – Impact du COVID-19 sur les transports et le commerce en Afrique », une présentation assurée par Robert Lisinge, Chef, Section de l’énergie, des infrastructures et des services, CEA.D’autres panélistes de haut niveau ont également fait des interventions. Ils’agit en l’occurrence de Christopher Onyango, directeur, Commerce et industrie, COMESA, Shamika Sirimanne, Directrice, Division de la technologie et de la logistique, CNUCED et Lovemore Bingandadi, Coordinateur de programme, Programme tripartite de facilitation du transport et du transit, SADC.
Aperçu du rapport sur le commerce transfrontalier COVID-19 de la CEA
Le rapport contient plusieurs points : Restrictions aux frontières du COVID-19 et règlements ; Commerce transfrontalier du COVID-19 ; Mise à jour du statut: opérations aux frontières et règlements ; Directives REC COVID-19 pour faciliter le commerce ; COVID-19: possibilité de surmonter ; défis de la facilitation du commerce.Le rapport fait état également de Recommandations politiques sur le commerce sécurisé avec une fermeture des frontières et une réglementation stricte. L’objectif des fermetures c’est de réduire le mouvement des gens, tout en exemptant les fournitures essentielles. Cela nécessite un règlement obligatoire imposant certaines mesures comme la désinfection des camions, la limitation des membres d’équipage, et le repos de transit désigné etc.Le rapport souligne une baisse significative, de l’ordre de -31,80 des exportations de l’Afrique et de -17,43 pour les exportations intra-africaines.Le rapport fourni beaucoup d’autres données comme celles sur les prix du maïs en Afrique de l’Est, taux de croissance (variations en%, 2020 vs 2019) et une comparaison des directives REC COVID-19COMESA EAC CEDEAO SADC.Abordant le volet ayant trait aux meilleures pratiques pour les réponses aux frontières COVID-19 dans les CER, le rapport préconise des tests de dépistage de la santé et certificationHygiène ; le dépistage de santé obligatoire des conducteurs etdes équipages ; coordonner les écrans de santé lorsqu’il y a unOSBP fonctionnel ; s’assurez-vous que tous les points frontaliers ontle personnel suffisant ; faire des tests et des certifications ; déployer des laboratoires mobiles et des kits de test à la frontièredes postes ; isoler immédiatement les cas positifs aux frontières ; développer un certificat de test régional ; Fournir des installations de désinfection ; Partage d’informations sur la gestion des frontièresMécanismes opérationnels des solutions numériques ; Appliquer la gestion des risques sur les fournitures à haut risque.Autres recommandations du rapport concernant le pré-dédouanement des marchandises et la coordination des inspections : traitement de fenêtre unique ; Désigner des voies prioritaires et des parkings sécurisés ; le Partage des informations ; Publier les mesures aux frontières prises pour lutter contre la COVID-19 ; Diffuser les informations dans les bureaux de douane et passages frontaliers ; Publier des cartes d’itinéraire et les emplacements des installations pour les chauffeurs de camion. Et pour les solutions numériques : Utiliser des systèmes électroniques de suivi du fret pour faciliter la recherche des contacts ; Automatiser les processus de facilitation des échanges et Encourager les plateformes de paiement électronique.A tout cela s’ajoutent des mécanismes opérationnels : Effectuer le renforcement des capacités du personnel aux frontières ; Mettre en place un organe de coordination ; mise en œuvre des réglementations frontalières ; Aider les États membres à mettre en œuvre les directives COVID19 ; Publier des directives révisées, le cas échéantObligatoire.
Défis de longue date en matière de facilitation du commerce
Les coûts du transport en Afrique sont de 63% plus élevés que les pays développés et les coûts de transport en% de la valeur d’importation sont de 11,4% pour l’Afrique contre 6,8% pour les pays développés.Les transactions douanières comprennent 20-30 parties différentes, 40 documents, 200 éléments de données d’où les retards de traitement douanier qui peut coûter 185 $ par envoi pour chaque jour de retard.Mais souligne le rapport, avec la COVID-19 il y a une opportunité de surmonter les défis de la facilitation des échanges.
La crise au niveau du commerce transfrontalier de l’Afrique s’est certes amplifié d’où l’urgence accrue de faire mieux en innovant. Et pour ce faire il faut instaurer des postes frontaliers à guichet unique, le transit régional, des systèmes de garantie et des régimes commerciaux simplifiés.
Les pays africains doivent selon le rapport œuvrer dans le cadre des objectifs communs de facilitation du commerce de la ZLECAf.
En effet, accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf accélérera la reprise économique. C’est ainsi que ces pays peuvent commencer à mettre en œuvre des éléments «prêts à l’emploi» de l’accord comprenant le mécanisme des ONT et les annexes sur la facilitation des échanges et la coopération douanière.
Par ailleurs, la ZLECAf devrait être utilisée pour accélérer la numérisation des procédures et systèmes pour améliorer la compétitivité des exportateurs africains.Les gouvernements devraient prendre des mesures pour rouvrir le commerce transfrontalier informel à travers les passages frontaliers officiels avec des installations sanitaires, d’essai et de quarantaine.Les gouvernements devraient aussi aider les petits commerçants car la pleine mise en œuvre des régimes commerciaux simplifiés aiderait àintégrer les commerçants informels dans les systèmes commerciaux officiels.
Coopération régionale: impact du COVID-19 sur leTransport et le commerce en Afrique
Concernant la Coopération régionale et l’impact du COVID-19 surLe transport et le commerce en Afrique (CEA), un projet conjoint des Nations Unies a été lancé en mai 2020.La priorité de la CEA sur ce plan c’est d’atténuer les perturbations aux frontières.La phase a consisté à identifier les domaines critiques pour des actions immédiates ; Collecter des données sur l’impact du COVID-19 sur le transport et le commerce ; Documenter les réponses des CER et des membres aux ports et aux points de passage ; Évaluer brièvement l’impact de ces mesures sur le commerce et les transports; Suggérer des recommandations politiques possibles qui soutiennentla coopération et les domaines de travail supplémentaires pour éclairer les phases 2 et 3.A noter que l’écart de financement du commerce africain pour 2020 est estimé à 82 milliards de dollars selon la BAD.Selon Robert Lisinge, le projet des Nations Unies vise à mettre en œuvre les solutions, normes, directives, mesures, outils et méthodologies des Nations Unies pour aider à renforcer la résilience des transports, du commerce et de la logistique à la suite du COVID-19, avec la CNUCED et d’autres CR des Nations Unies ;Recueillir des données sur l’impact du COVID-19 sur le transport et le commerce ; Documenter les réponses des CER et de leurs membres aux ports et aux points de contrôle stratégiques le long des routes / corridors de commerce et de transport ;Évaluer brièvement l’impact de ces mesures sur le commerce et les transports ; Suggérer des recommandations politiques possibles qui soutiennent la collaboration régionale et des domaines de travail supplémentaires pour éclairer les phases 2 et 3.
A en croire Robert Lisinge, la CEA a beaucoup travaillé pour évaluer l’impact Covid sur le PIB et sur les autres indicateurs. Elle a beaucoup travaillé sur la facilitation di commerce mais le problème dit-il c’est la mise en œuvre des instruments adéquats. Avec la ZLECAF la numérisation reste à compléter mais aussi l’animation des ateliers et les problèmes de transit car les états membres n’ont pas signé les accords permettant d’éliminer les contrôles physiques des marchandises. Et pour la facilitation du transport en période COVID, l’Afrique centrale est en retard selon Lisinge qui appelle à la nécessité du partage d’expérience. En Afrique centrale on a un grand besoin de mettre en marche les mécanismes de facilitation car il y a note-t-il des pays enclavés comme le Tchad et la République centre africaine. 90% des échanges de ces deux pays passent par le port de Douala mais le mécanisme utilisé n’est pas performant. Il y a un problème de qualité des infrastructures, un sérieux problème. Il y a aussi un grand défi sécuritaire au Nord du Cameroun et au Tchad avec Boko Haram et en Centrafrique aussi il y a le Corridor où les transporteurs sont pris en otage. Il onc nécessaire d’agir pour garantir la fluidité du trafic.
La Cnuced intervient pour aider les comités nationaux de facilitations des échanges qui sont opérationnels dans tous les pays. Mais il faut aussi la mise en œuvre de la note 5 de la Zlecaf et l’élimination des barrières tarifaires ; il faut aussi mettre en place un cadre de dialogue entre operateurs publics et privés pour faciliter le transit et les échanges ainsi que le renforcement des capacités des administrations publiques et privés.
L’Afrique centrale a besoin selon Lisinge du mécanisme de commerce simplifié préconisé par l’UA.
Et pour le Dr Okello, les pays africains ont reconnu un besoin de coordination à différents niveaux.Il y a eu des mesures visant à introduire plus de flexibilité dans les termes et conditions du soutien officiel les plus répandues dans la COMESA. Beaucoup se sont concentrés sur les transactions existantes. Certaines mesures sont dirigées vers des transactions potentielles. Et il y a des mesures pour accroître la disponibilité du financement du fonds de roulement en réponse au choc de l’offre populaire parmi les agences d’assurance / de crédit ; des installations d’urgence rapides pour les banques et les PME dans les secteurs critiques sont nécessaires.Le financement doit soutenir la facilitation du commerce pour garantir que les nouvelles mesures ne deviennent pas des obstacles;La mise en œuvre complète de la ZLECAf aiderait à inaugurer le type de réformes profondes nécessaires pour renforcer la croissance / la reprise économique face à de futures crises / chocs comme celui-ci (Covid-19 et au-delà pour raccourcir le temps de récupération) par des mesures…, en particulier sur TF, protocoles de coopération en matière de transit et de douane.Selon Robert Lisinge, la Phase 2 consistera à reproduire la méthodologie pour d’autres corridors et mener une enquête auprès des principales parties prenantes ; Étudier le lien entre les mesures régionales mises en place avant et pendant la pandémie, et les changements dans les transports et les flux commerciaux, les volumes et les temps de transit ; Focus sur la mise à l’échelle des solutions numériques pour la résilience tout en tenant compte des groupes marginalisés ;Comprendre comment soutenir une coopération régionale accrue pour la facilitation du commerce. Et pour la phase 3:Faire des recommandations sur les mesures de coopération régionale pour soutenir les transports et la facilitation du commerce pendant les perturbations aux frontières, en collaboration avec la CNUCED et les CR ; Organiser des webinaires sur le renforcement des capacités pour les CER et les CMI avec des experts et des partenaires ;Dans la mesure du possible, soutenir la mise en œuvre des recommandations et des évaluations de l’efficacitéL’accent est mis sur la primauté de la coopération régionale pour mettre en œuvre ces solutions. Cela est clair dans son importance pour garder le transport et le commerce possibles pendant COVID-19. Par conséquent, les CER et les CMI doivent être des points clés dans la mise en œuvre des solutions à l’avenir, en particulier dans le contexte de la ZLECAf. Les phases II et III comprennent également des plans pour organiser des ateliers de renforcement des capacités pour ces institutions, en plus de la gestion des ports et des autorités transfrontalières.L’analyse qui suivra évaluera l’efficacité de ces mesures d’atténuation en termes de maintien des transports et des flux commerciaux, des volumes et des délais. La CEA prévoit également une enquête auprès des principales parties prenantes en partenariat avec la CNUCED, y compris le personnel de niveau intermédiaire dans les ports et les postes frontaliers, et les entreprises de transport, pour avoir leur point de vue sur l’efficacité des mesures au niveau de la mise en œuvre. La phase II au cours des six prochains mois, suivie de la phase III, s’appuiera sur cette analyse, formulera des recommandations sur la coopération régionale pour les transports et la facilitation du commerce, y compris les solutions numériques, et soutiendra le renforcement des capacités. L’analyse au cours de cette phase peut inclure un regard sur:1. l’efficacité des solutions numériques précédemment mises en œuvre pour aider à atténuer les impacts des ralentissements et des fermetures liés au COVID-19, c’est-à-dire des ports tels que Mombasa qui disposaient de la numérisation numérique avant le COVID, par rapport aux ports qui ne l’avaient pas;2. les mesures et interventions, notamment numériques mais aussi autres, qui ont été mises en œuvre pendant la période COVID pour atténuer les effets du COVID, et les perceptions de leur succès;3. tirer parti de la coopération accrue rendue possible pendant cette période, en particulier dans des domaines tels que la coopération douanière, qui aurait pu prendre plus de temps en dehors des situations d’urgence, et appliquer ce processus et la volonté / capacité de coopérer à des questions difficiles qui nécessitent une coopération telle que les options de transfert sans numéraire (par exemple, les transferts sans numéraire et l’argent mobile transfrontière); 4. utiliser les enseignements tirés pour proposer des interventions numériques et liées aux processus à plus long terme qui créeraient une résilience face aux perturbations futures, mais aussi pour accélérer les progrès en matière de transport et de commerce en temps normal et réduire les possibilités de distorsions ou d’erreurs humaines. La CEA souligne la nécessité de garantir la mise en œuvre de solutions numériques en tenant compte des groupes vulnérables tels que les femmes, car elles ont tendance à avoir des niveaux inférieurs de culture numérique, un accès plus faible aux solutions numériques, des niveaux plus élevés de non-bancarisation, etc. Les solutions devraient prendre en compte une formation supplémentaire, des interventions pour améliorer l’accès, améliorations de l’infrastructure numérique, entre autres options. À plus long terme, la CEA vise à informer la mise en œuvre des mesures réussies à plus grande échelle et également à encourager les mesures de leurs impacts sur une période plus longue intentionnellement, y compris une base de référence et des tendances dans le temps.
Synthèse Bakari Guèye