Depuis quelques temps, notre pays est ébranlé par une série de scandales qui installent une incompréhension totale et un doute profond dans l’esprit des citoyens. Que se passe-t-il pour que les choses prennent cette tournure dans une République déjà fragilisée par la pandémie du covid19 ?
En tout cas, le peuple mauritanien se sent profondément indigné. Le sens de l’Etat, le civisme et la responsabilité administrative sont devenus des chimères. Pauvre Mauritanie mise à genoux, fouettée par ses propres fils ! Pauvre Mauritanie meurtrie et intimement blessée !
Le désordre règne partout ! Jusqu’au niveau le plus élevé dans l’administration. Des règlements de compte entre fonctionnaires corrompus, des détournements de deniers publics sans vergogne, des complicités malsaines au vu et au su du monde entier, du sabordage des institutions, du bradage des ressources économiques et j’en passe. Partout où l’on se rend dans la République islamique, on découvre, sans aucun effort, le culte de l’infamie et le sacre de la médiocrité.
Un grand paradoxe ! Ceux qui se targuaient, durant des années, d’être les détenteurs d’un projet de société le plus salutaire pour la république, ceux qui prétendaient lutter contre la gabegie, sont aujourd’hui ceux sur qui tout l’opprobre est jeté. A tort ou a raison !
Depuis l’adolescence de la Mauritanie, ceux qui sont au pouvoir se sont toujours affichés en saints. Cependant, sitôt qu’ils plient bagages, d’une façon ou d’une autre, leurs successeurs à peine installés, leurs complices j’allais dire, se sont souvent acharnés contre eux en les qualifiant de tous les noms d’oiseaux.
Ce qui est sûr, c’est qu’en Mauritanie, les fonctionnaires ont tendance à se taire devant la lâcheté de leurs chefs. Ils se taisent par peur de représailles ou pour pouvoir continuer de profiter des privilèges sournoisement obtenus. C’est ce que nous avons constaté sous tous les régimes. Je ne pense pas que l’ère Ghazouani ferait exception. Ceux qui soutiennent ce régime aujourd’hui seront l’ennemi de demain. C’est l’anecdote du jeune et du vieillard. Un jeune qui persécute un homme parce que celui-ci est vieux oublie que lui-même deviendra vieux un jour s’il continue de vivre et sera persécuté à son tour par un autre plus jeune. Et la chaine des persécutions continuera éternellement. Inutile donc de se réjouir. A chacun son tour !
Aujourd’hui, Tout ce monde qui crie haro sur le président sortant avait décidé, hypocritement, de ne rien dire sur son mode de gestion. Pourquoi s’acharnent-ils maintenant et seulement maintenant contre l’homme alors qu’eux-mêmes devaient passer à la barre avant lui ? Dans ces conditions, il est tout à fait logique que les citoyens ordinaires se sentent totalement déboussolés.
L’égoïsme, la cupidité et la prévarication sont devenus des comportements observables à tous les niveaux de l’appareil étatique. On parle à longueur de journée de la commission d’enquête parlementaire, de la haute cour de justice. Pourquoi ne parle-t-on jamais d’une cour spéciale chargée de faire la lumière sur les événements de 1989. Pourquoi ne parle-t-on jamais de la mise en place d’une juridiction compétente qui aurait comme tâche de juger les criminels d’INAL, les bourreaux de JREIDA. Pourquoi ne parle-t-on pas de la façon la plus transparente de la mort d’ABASS DIALLO ? Pourquoi ne parle-t-on pas du limogeage D’HABIB KIDE ? Que devrait-on penser de ce cirque ?
Sur le pan économique, des milliards et des milliards d’ouguiyas disparaissent chaque année dans les poches de ceux qui considèrent que l’Etat est leur propriété privée. La banque centrale au cœur d’un scandale allait pourtant continuer de couver des monstres sans qu’aucun cadre n’ose insinuer quoi que ce soit au risque de se retrouver dans la tourmente. C’est un miracle que ce scandale soit révélé au grand jour.
Aujourd’hui encore, on nous révèle, par presse interposée, la saisie de l’équivalent de plusieurs millions d’ouguiyas, cachés à bord d’un bateau. Nous ignorions jusque-là qu’il y avait des bateaux-banques accostés dans nos ports. Que nous révélera-t-on demain encore ? Et le mal dans ce mal est que rien ne garantit une enquête transparente. Comment comprendre, dans un Etat de droit, que des cadres soupçonnés d’être mêlées à des choses sales continuent d’occuper leur poste comme si de rien n’était ? La seule réponse crédible à cette question, serait que ces cadres cités dans des dossiers sombres, ne démissionneront jamais parce qu’ils ne pensent ni à leur honneur ni à l’honneur de la République. Ils s’occupent plutôt à essorer les caisses de l’Etat jusqu’à la dernière goutte puisque c’était là leur seul objectif véritable en devenant fonctionnaires. Ce serait donc par souci d’amasser plus d’argent que nos distingués administrateurs s’accrocheraient éternellement à leur poste. Le président de la République aurait mieux fait s’il les avait boutés hors de l’arène publique.
Où est la déontologie dans l’administration ? Que faire devant l’irresponsabilité de la haute administration ? Où le citoyen pourrait-il désormais puiser suffisamment d’énergie pour digérer toute cette douleur ? Une douleur ressentie à cause de l’immoralité de certains cadres sur lesquels il devait compter pour espérer une vie paisible ? Le peuple est profondément indigné !
KANE ISMAILA DEMBA
Très bonne analyse. Malheureusement la médiocrité est érigée é système de gouvernance
Seidy Kane bien dit
Bon courage et bonne réflexion. N’oublions jamais nous sommes dans un Eat à deux système de gouvernance. Un système gouverner pour se servir du peuple et système au service d’une communauté. Plusieurs affaires similaires se sont produits dans ce pays sans suite !!!! Cousin l’affaire est entre “le lion et la fort” proverbe peulh