Les initiateurs du mouvement panafricain « Zéro Palu ! Je m’engage » organisent un point presse virtuel/Paludisme et COVID-19

Le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme et le Réseau de recherche sur les médias africains et le paludisme (AMMREN) ont organisé le 14 juillet à partir de Zurich un webinaire qui a porté sur le sujet du mouvement panafricain « Zéro Palu ! Je m’engage ». Les journalistes qui ont pris part à ce point de presse virtuel ont également eu droit à un aperçu de la nouvelle initiative « Zéro Malaria Business Leadership » pour mobiliser le secteur privé, menée par Ecobank et Speak Up Africa.

Ce point de presse a été animé par trois experts, en l’occurrence le Dr Abdourahmane Diallo, Directeur général du Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, Yacine Djibo, Fondateur et Directeur exécutif de Speak Up Africa et Paul-Harry Aithnard, Directeur général d’Ecobank en Côte d’Ivoire et Directeur régional désigné de la zone UEMOA.

A la manœuvre pour coordonner tout ça, il y avait Maelle Bâ responsable à la communication stratégique de Speak Up Africa.

D’emblée Dr Diallo a souligné que cette campagne vise à renforcer les efforts de lutte contre le paludisme au niveau national, sous régional et continental.  La campagne « je m’engage » a été lancé lors du sommet de l’UA en 2018. 15 pays se sont engagés pour le moment. D’autres pays prévoient de lancer cette campagne. Dans sa mise en œuvre le partenariat RBM travaille en étroite collaboration avec l’UA et notamment avec la Commissaire des affaires sociales. Cette campagne s’articule autour de trois points principaux. D’abord sensibiliser les dirigeants africains pour que le paludisme reste sur leurs radars, qu’il reste une priorité pour eux et qu’ils tiennent leurs engagements. Deuxièmement s’assurer qu’il y a un financement continu et conséquent pour la lutte contre le paludisme. Il convient d’encourager dans ce cadre un partenariat public/privé, d’encourager le secteur privé pour la mobilisation des ressources. Le troisième point de cette campagne est centré sur la communauté. Il s’agit de la mobiliser et de lui faire savoir qu’elle a aussi un rôle à jouer dans la de lutte contre le paludisme. Elle doit s’approprier les efforts de lutte contre cette maladie.

15 pays se sont engagés dans cette campagne et il y a eu des résultats palpables. Par exemple la Zambie. A la suite du lancement de la campagne « Zéro Palu, je m’engage », la Zambie a créé un conseil national d’élimination du paludisme. Et il y a la Sierra Léone qui a créé une coalition de médias qui joue un rôle crucial dans la sensibilisation. Il y a le royaume de Swatini qui a mis sur pied un fonds national pour la lutte contre le paludisme. Il y a le Ghana aussi qui a créé une fondation pour l’élimination du paludisme. Donc beaucoup d’efforts ont été faits. La campagne prend de l’ampleur et beaucoup de pays sont sur les rangs. Malheureusement il y a eu cette pandémie de la Covid 19 qui a perturbé les choses. Cette campagne commence même à faire mouche dans certains pays d’Asie et d’Amérique Latine. L’Union Africaine a émis le souhait de voir tous les pays du continent embrasser cette campagne.

Abordant l’impact de la pandémie de la Covid 19 sur la lutte contre le paludisme, le Dr Diallo a rappelé que le continent africain est affecté à hauteur de 88% des cas de paludisme dans le monde ; ce qui constitue un vrai fardeau. Et selon l’OMS si la pandémie de la Covid continue avec le même rythme l’Afrique se retrouverait avec un doublement des cas de paludisme, ce qui équivaut à 800000 cas par an. Tous les pays du continent devraient donc redoubler de vigilance et multiplier les efforts de lutte. Le Dr Diallo a insisté sur l’importance des campagnes de chimio-prévention. Par exemple rien que le fait de mener ces campagnes au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, c’est 12 millions d’enfants de moins de 5 ans qui seront sauvés.

Le Dr Diallo a lancé un appel aux gouvernements, aux PTF et aux fabricants des outils de prévention pour assurer la continuité de la chaine d’approvisionnement. Il a également plaidé pour la continuité des services de santé, la disponibilité des moyens de diagnostic et de prise en charge nécessaires.

Rien que pour l’année 2020 les prévisions indiquent qu’il y a un besoin immédiat de 105 millions de tests de diagnostic rapide pour le paludisme.

Concernant l’engagement des entreprises le Dr Diallo a dit que cela est devenu une réalité et il y a non seulement des entreprises impliqués dans le domaine de la santé mais également d’autres entreprises comme le groupe Ecobank qui est considéré comme la locomotive qui devrait entraîné tout le reste.

Pour le Dr Diallo il est inadmissible qu’une maladie comme le palu dont l’apparition remonte à l’ère des dinosaures, il y a des millions d’années continue à faire plus de 200 millions de cas par an et continue à tuer plus de 400000 personnes chaque année sur le continent africain. Le Dr Diallo a lancé un appel solennel aux différents partenaires pour éradiquer cette maladie.

Pour sa part, Paul-Harry Aithnard, Directeur général d’Ecobank a expliqué les raisons de l’engagement de son institution dans la lutte contre le paludisme. Cet engagement il l’a expliqué par les chiffres et les statistiques. En Afrique par exemple c’est la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, avec un enfant qui meurt toutes les 30 secondes. Avec 500 à 600 millions d’habitants, l’Afrique a le taux d’infection le plus élevé. Chaque année la maladie tue entre 1,5 et 2,5 millions de personnes. En Afrique sub-saharienne près de 250 millions de personnes sont porteurs du parasite. Voilà les éléments qui ont conduit le groupe Eco Bank à s’engager dans cette lutte selon son directeur Mr Paul-Harry. Ainsi donc Eco Bank mesure les conséquences économiques et sociales de la maladie et compte agir pour en réduire l’impact. Le groupe qui est présent dans 33 pays du continent compte user de son influence auprès des gouvernements mais aussi s’engager dans la mobilisation des ressources, ce qui est décisif car chaque année la lutte contre le paludisme en Afrique nécessite environ la mobilisation de deux milliards de dollars.

Le dernier intervenant de cette conférence de presse fut Mme Yacine Djibo, Fondateur et Directeur exécutif de Speak Up Africa qui a fait le point sur le futur de la campagne en question. Elle est revenue sur les débuts du lancement de cette campagne en 2014 au Sénégal. Aujourd’hui dit-elle c’est devenu une campagne panafricaine, ce qui montre ajoute-t-elle qu’une campagne qui a été lancé dans un pays peut devenir panafricaine voire même une initiative mondiale. Elle s’est félicitée de l’engagement d’Eco Bank et du partenariat public/privé. Elle a plaidé pour la diversification des ressources à cette période de la Covid 19. Elle a enfin lancé un appel aux médias qui de son point de vue sont un acteur incontournable de la lutte contre le paludisme. Mme Yacine a invité les journalistes à rejoindre le partenariat RBM.

Dans la rubrique des questions/Réponses le Dr Diallo, qui fut ancien ministre de la santé de la Guinée a répondu à une question ayant trait aux leçons tirés de la gestion de l’épidémie d’Ebola. Selon lui dans l’urgence sanitaire, l’ordre des priorités change forcément. Cela veut dire que toutes les ressources dont dispose le pays sont orientées vers la riposte à cette urgence. De ce fait tous les circuits sont perturbés ce qui perturbe tous les services. Ainsi les programmes de vaccination, les accouchements assistés…baissent considérablement (de 50% durant la maladie d’Ebola). Donc la gestion de la riposte contre une urgence compromet toutes les autres prestations sanitaires. De ce fait préconise le Dr il faut une riposte régionale. Il faut mutualiser les efforts. Et il faut également investir sur le système de santé pour la résilience. Et au niveau stratégique il faut que les pays disposent des éléments de gouvernance qu’il faut.

A une question sur l’engagement des communautés Mme Yassine a donné l’exemple du Sénégal où la participation des communautés est exemplaire.

A une question sur le rôle du secteur privé, le directeur d’Ecobank a mis en exergue l’importance qui peut-être joué par les 15000 employés du groupe qui sont autant de relais communautaires jouant le rôle de courroie de transmission. Et avec les 20 millions de clients ils formeront une chaine qui pourrait avoir un impact décisif dans la lutte contre le paludisme.

A noter que le 2 juillet a marqué le 2e anniversaire de « Zéro palu ! Je m’engage », le mouvement panafricain visant à renforcer les efforts nationaux, régionaux et continentaux en faveur d’une Afrique débarrassée du paludisme.

Codirigé par la Commission de l’Union africaine et le Partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, Zéro palu ! Je m’engage suscite des initiatives populaires en faisant participer les dirigeants politiques à tous les niveaux, en mobilisant des ressources et des financements, notamment du secteur privé, et en donnant aux communautés les moyens de s’approprier les efforts de lutte contre le paludisme et de tenir les dirigeants responsables de la lutte contre le paludisme. 15 pays ayant été mobilisés à ce jour et le COVID-19 menaçant d’annuler les progrès mondiaux accomplis dans la lutte contre le paludisme, il est plus important que jamais que le continent s’unisse pour accélérer les progrès vers le zéro paludisme.

Bakari Guèye

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