Au cours du dernier conseil des ministres tenu ce jeudi les dizaines de nominations ont concerné essentiellement les membres d’une même communauté, ce qui a soulevé un tollé au niveau des réseaux sociaux où beaucoup de concitoyens se sont indignés de cette fuite en avant du pouvoir du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani, qui persiste à emboiter le pas à son prédécesseur dont le règne fut marqué par l’institutionnalisation d’un mode de gestion népotique et exclusionniste.
Cette politique a mené le pays au bord du précipice et il s’en est fallu de peu pour que la situation explose. Et durant la présidentielle qui s’est soldée par l’intronisation de Mr Ghazwani, on a frôlé le pire et il aura fallu la sagesse des candidats malheureux et notamment du plus populaire d’entre eux,Birame Ould Dah Abeid, pour éviter le pire. Et c’est justement ce même Birame qui, hier encore qualifiait le pays d’apartheid devant un parterre de représentants de la communauté internationale.
Il y a encore quelques jours le mouvement opéré au sein du ministère des affaires étrangères avait soulevé un tollé et un éminent diplomate qui a eu l’honnêteté et l’audace de dénoncer les injustices et les anomalies de ces promotions, a été purement et simplement relevé de ses fonctions.
Ces nominations dont certaines sont fantaisistes provoquent l’émoi au sein de la classe politique et de l’opinion publique. Et des voix s’élèvent même au sein de la majorité présidentielle pour dénoncer ces dérives et cette exclusion systématique de certaines franges de la communauté nationale.
Beaucoup comme cet éminent politicien trouvent cette dérive très gênante mais n’ont pas le courage de crier au scandale. Et pourtant il y va de l’intérêt de notre pays et de celui du président de la République dont le programme est fondé sur l’instauration de la justice et de l’égalité pour tous.
Cela demeure malheureusement un vœu pieux et il va falloir qu’il opère une véritable catharsis au sein de son entourage immédiat pour redresser la barre.
Les réseaux sociaux constituent aujourd’hui un véritable baromètre de la situation dans notre pays. Et au vu de ce bouillonnement, de ce déferlement de haine causé par l’injustice, il y a lieu de s’inquiéter en parant au plus pressé.
Voyez ce qui se passe actuellement aux Etats Unis, à Minneapolis, c’est le fruit de l’injustice et cela pourrait nous arriver aussi mais on a encore l’occasion de l’éviter.
Le président de la République doit agir pendant qu’il est encore temps et éviter de tendre l’oreille aux va-t-en guerre et autres fossoyeurs de l’unité nationale.
Bakari Guèye