A M. le Ministre de la Justice Plaidoyer contre l’impunité

DR Khalilou Ould Dedde, Député/UFP à l’Assemblée Nationale.

M. le Ministre,

Loin de moi la volonté d’intervenir dans le champ de la mission de votre auguste département, et encore moins la naïveté ou l’arrogance de daigner vous dire plus que vous ne connaissez sur vos fonctions, j’aimerais simplement, à travers ce plaidoyer, attirer davantage votre attention sur la problématique de la violence fondée sur le genre dont la recrudescence et la résonnance abjecte défraie la chronique dans notre pays.

Ce faisant, j’essaie sans prétention aucune, de me hisser au niveau de la charge qui m’incombe en tant qu’élu, astreint à écouter les plaintes des citoyens que je me suis engagé à défendre en me fondant sur les règles du droit mentionnées dans la constitution de la République.

M. le Ministre,

Il se passe rarement un jour sans que des demandes à l’aide ne me parviennent de la part de femmes ou de parents de femmes dans la détresse, au point de ne plus savoir à qui s’adresser. En effet, la violence, de toutes sortes, contre les femmes que l’on croyait révolue, est une pratique abominable dans notre pays, mais qui persiste encore, et prend même ces derniers temps, des proportions inquiétantes.

Cette tare sociale, d’un autre âge, ronge notre société, elle marque, par ses stigmates hideux, toutes les composantes nationales, et se traduit par les actes les plus odieux qui se nomment viols, assassinats, sévices physiques, bastonnades, harcèlements, usurpations de biens, humiliations, séquestrations et beaucoup d’autres exactions.

Ce tableau social, particulièrement affligeant, est étayé par les statistiques horribles de 2015, année au cours de laquelle certaines associations de défense des droits des femmes ont dénombré 122 cas d’agressions contre les femmes dont 108 petites filles. Dans ce cadre se situe la souillure indélébile du crime commis contre feue  Penda Sogo, jeune femme kidnappée, violée, tuée et jetée par une bande de criminels dans le département de Riadh.

Cette spirale de violence, digne des pires mafias, vient d’accroître son bilan macabre avec l’assassinat de la jeune Khadijetou Sow, arrachée à la vie dans la fleur de l’âge, arbitrairement et de la façon la plus ignoble. Au cours de la dernière semaine du mois de mars passé, cette fille a disparu avant d’être retrouvée morte, jetée sur une dune à proximité de la localité de Tiguint. Quelle catastrophe !

Un destin brisé, une famille orpheline, meurtrie dans sa chair et dans son âme à jamais. Un milieu social endeuillé. Une peur qui s’installe dans les foyers. Qui est l’auteur de cet assassinat et que mérite- t-il ? Dans quelles conditions a-t-il était commis ? Il revient à la justice de trouver des réponses à toutes ces questions pour que la vérité éclate et que le droit soit dit.

M. le Ministre,

nul n’ignore que de tels crimes sont d’un genre nouveau, transgressant les lois de la République, contraires aux conventions internationales garantissant l’intégrité des personnes, en porte-à-faux avec les préceptes humains de notre religion et bafouant notre savoir vivre ancestral, fait de retenue, de dignité et d’empathie, surtout à l’égard des femmes.

M. le Ministre,

la situation est grave, le péril de la violence menace la paix civile dans notre pays. Votre département, dépositaire des pouvoirs de justice, est l’unique recours, surtout pour les victimes impuissantes face aux crimes. C’est pourquoi j’en appelle à votre sens de la responsabilité, à l’ambition de votre gouvernement qui prône l’urgence d’instaurer un Etat de droit, pour répondre fermement à la demande sociale, de plus en plus pressante et assoiffée de justice.

Pour cela, l’opinion attend de vous en ce moment :

  • de sévir contre l’impunité, de dire non à la corruption, au népotisme et aux passe-droits ;
  • de rendre justice à la famille de feue Khadijetou Sow ;
  • de faire payer aux auteurs de cet assassinat, pires que le corona virus, le prix de leur crime ;
  • d’endiguer la culture de la violence pour promouvoir la quiétude et la paix civile nécessaires au bien-être de nos populations.

Comptant sur votre compréhension, veuillez  agréer, M. le Ministre, toutes mes considérations.

Nouakchott 14/4/2020

                                                                                                     DR KhalilouOuldDeddé

                                                                                             Député/UFP à l’Assemblée Nationale.

                                                                                        46 51 12 95  khalildeboum@gmail.com

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