L’académie africaine des langues (ACALAN) a lancé mercredi 11 mars 2020 à Ouagadougou les travaux d’un atelier pour l’harmonisation des systèmes d’écritures des langues transfrontalières et véhiculaires éwé, songhay et soninké.
Se déroulant pour trois jours dans la capitale du Burkina Faso, cet atelier réunit les représentants des commissions de ces trois langues venus des pays de l’Afrique où elles sont en usage, ainsi que des experts venus de diverses structures de haut niveau pour aider à promouvoir l’usage des langues africaines aux côtés des langues officielles utilisées dans plusieurs administrations en Afrique. L’enjeu de cette rencontre est de revaloriser ces langues en ne les consignant pas seulement dans des rôles de communication locales. « 60% des enfants ne parlent pas une langue camerounaise. » A révélé, à titre d’exemple, le Pr. Sammy Beban Chumbow, Président de l’Assemblée des académiciens de l’ACALAN qui a déploré un manque d’engagement et un certain complexe vis-à-vis des langues locales.
« Si l’Etat donne une fonction valorisante comme celle qui est donnée aux langue de l’école, les langues utilisées dans nos municipalités seront capables de jouer pleinement leur rôle. » A expliqué le Pr. Chumbow qui intervenait dans le cadre d’une communication sur les enjeux de l’usage des langues pour exprimer différents domaines de la vie.
« Il faut Instrumentaliser la langue, à travers des systèmes orthographiques pour donner la capacité lexique à exprimer les connaissances nouvelles. »A recommandé le Président de l’Assemblée des académiciens de l’ACALAN.
Une recommandation allant dans le même sens que les propos du Secrétaire exécutif de l’ACALAN, Dr. Lang Fafa Danfa pour qui le rôle de ces langues ne doit pas se limiter à une simple communication au niveau local. Ces langues doivent être considérées comme faisant partie intégrante de facteurs d’intégration et de développement de l’Afrique.
«Le développement n’est pas possible tant que nos langues ne sont pas valosiées et tant qu’elles ne sont pas utilisées dans toutes les sphères de la société. » A plaidé Dr. Dampha dès l’ouverture de l’atelier.
Représentant le ministre de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales du Burkina Faso, Madame Djibo Sologo Zalissa, Secrétaire Permanente de la Promotion des langues nationales et de l’éducation à la citoyenneté à souligné dans son discours d’ouverture de l’atelier que le développement et la promotion des langues africaines en vue de leur utilisation dans les tous domaines de la société ont été une des préoccupations principales de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).
« Il nous faut promouvoir nos langues transfrontalières comme instruments de paix entre les communautés et les peuples partageant le même espace historique et culturel. » A recommandé Madame Djibo Sologo Zalissa dans sa transmission de l’allocution du ministre de l’éducation.
Au cours des trois jours de cet atelier de l’ACALAN, les participants travailleront sur les résultats des activités de commissions des langues soninké, ewé et songhay mises en place en mars 2018 à Niamey dans le cadre d’une rencontre internationale organisée dans la capitale du Niger en vue de poursuivre l’harmonisation des systèmes d’écriture des langues africaines.
Lors d’une Conférence tenue à Addis-Abeba en Ethiopie du 5 au 7 février 2009 au siège de l’Union africaine les résultats de conférences régionales ayant identifié 41 langues transfrontalières véhiculaires sur lesquelles l’Académie des Langues Africaines (ACALAN) ont comporté des recommandations ayant permis entre autre la mise en place de quinze commission de langues.
Organisé par l’Académie des Langues Africaines en collaboration avec le Comité de tradition orale et d’histoire (CELTHO), l’atelier de Niamey avait regroupé des membres identifiés pour établir les Commissions de langues transfrontalières véhiculaires éwé, songhay et soninké, des membres de l’Assemblée des Académiciens de l’ACALAN du Nigeria, du Sénégal et du Benin, des représentants de la Communauté économique régionale (CEDEAO), des structures nationales de langues (points focaux des pays représentés dans les commissions de langues), du Département des affaires sociales de la Commission de l’Union Africaine, ceux de l’UNESCO, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et des départements universitaires ainsi que des membres du Secrétariat de l’ACALAN et celui du pays hôte.
La rencontre de Ouagadougou de cette année devra contribuer, entre autres objectifs, à harmoniser les différences entre le pratiques orthographiques, à créer un alphabet des systèmes d’écriture communs pour les langues transfrontalières.
Compte rendu Kissima-Tocka, ES Ouagadougou Burkina Faso