Le nouveau Coronavirus (2019 N-CoV) : sommes-nous égaux face à l’épidémie ?

Qu’est-ce que c’est le Coronavirus?

Les coronavirus « virus à couronne » (CoV), sont des virus à ARN correspondant à la sous-famille Orthocoronavirinae selon de la taxonomie de l’International Committee on Taxonomy of Viruses (ICTV). Ce sont des virus enveloppés, constitués d’une enveloppe virale entourant une nucléocapside à symétrie hélicoïdale (1). Le terme coronavirus provient de l’apparence des virions au microscope électronique, caractérisée par une frange de grandes protubérances entourant l’enveloppe avec l’apparence d’une couronne, par analogie avec la couronne solaire. Selon les espèces, ils infectent naturellement les mammifères ou les oiseaux. Les coronavirus sont très répandus et peuvent causer des maladies généralement bénignes chez l’Homme (rhumes). Deux coronavirus ont entrainé de graves épidémies : le SARS-CoV (Severe acute respiratory syndrome-Coronavirus) et le MERS-CoV (Middle East Respiratory Syndrome-Coronavirus, Mers-CoV). L’épidémie actuelle prédominant en chine est liée au nouveau coronavirus dénommé pour l’instant 2009 N-CoV. Elle est préoccupante compte tenu de son ampleur.

Réservoir et transmission

Les Coronaviridae étaient connus pour infecter des rongeurs, des bovins, des porcs ou des chiens et des humains. En 2002, l’émergence en Chine du Betacoronavirus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a amené les épidémiologistes à revoir les modalités de circulation et la classification de ces virus. Certains mammifères sauvages ont été impliquées dans la transmission à l’homme de ce virus, en particulier la civette palmiste, le chien viverrin et un blaireau-furet. Ces animaux sont très communément proposés sur les marchés chinois dans un état de stress susceptible de compromettre le bon fonctionnement de leur système immunitaire (2) mais Il ne s’agissait vraisemblablement que d’hôtes accidentels. Ce sont finalement des Chiroptères, principalement du genre Rhinolophus, qui ont été reconnus comme constituant les réservoirs du virus en cause, SARS-CoV, ainsi que de nombreux autres virus « SARS-CoV-like » en Chine (3). Beaucoup d’autres Coronavirus, dont des SARS-CoV-like, ou encore des anticorps spécifiques de SARS-CoV-like, ont été retrouvés chez des Chiroptères insectivores et frugivores dans tous les continents (2). La transmission inter-humaine ultérieure, est la conséquence de mutations adaptatives survenant dans le génome viral. Les modalités du passage des chauves-souris aux mammifères terrestres ne sont pas bien connues.

SARS-CoV (Severe acute respiratory syndrome-Coronavirus ou SRAS pour syndrome respiratoire aigu sévère : 2002 – 2003.

Le coronavirus responsable du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) a émergé fin 2002 en Chine et a rapidement diffusé dans 30 pays, responsable d’une pandémie. Cette pandémie n’a duré que quelques mois (novembre 2002-juillet 2003), interrompue notamment grâce à des mesures de prévention et de contrôle drastiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rapporté un total de 8 096 cas probables signalés pendant cette période, dont 774 décès (taux de létalité de 9,6%). L’épidémie a été marquée par sa diffusion très rapide dans un nombre important de pays notamment via le trafic aérien, ainsi que par son impact important sur les professionnels de santé (plus de 20% de la totalité des cas selon l’OMS), particulièrement exposés au virus lors des soins prodigués aux personnes infectées (4).

MERS-CoV (Middle East Respiratory Syndrome-Coronavirus) : 2012 – 2015.

Avril 2012, en Arabie saoudite, émerge le virus MERS-CoV, un nouveau Betacoronavirus responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS pour Middle East Respiratory Syndrome). Entre avril 2012 à juillet 2015, 1 400 cas humains confirmés dont 1055 cas confirmés et 465 décès pour l’Arabie saoudite. C’est le dromadaire (Camelus dromedarius) qui fut incriminé ; un faisceau d’éléments indique que le dromadaire est un hôte habituel de ce virus au Moyen-Orient : infections n’entraînant chez les dromadaires que des signes respiratoires bénins, isolements du virus ne provenant d’aucun autre animal que le dromadaire, prévalences d’anticorps spécifiques très élevées observées chez ces animaux dans certains pays comme le sultanat d’Oman, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis, le Qatar, la Jordanie ou l’Egypte. Il est possible comme pour le SARS-CoV que les dromadaires ne sont, pour le virus MERS-CoV, qu’un hôte-relais entre un réservoir naturel sauvage et l’Homme (2).</>

 Qu’en est-il du nouveau Coronavirus : 2019 N-CoV

Le nouveau Coronavirus (2019 N-Cov) a son marthyr, le Dr Li Wenliang. Ce jeun ophtalmologiste de 34 a dû être arrêté pour trouble de l’ordre public alors qu’il n’a fait qu’alerter les autorités de son pays face à la menace du virus et à sa contagiosité. L’organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé le 30 janvier 2020, de classer l’épidémie du nouveau coronavirus (2019 N-Cov) comme une urgence de santé publique de portée internationale. La Chine a fait face au virus en séquençant rapidement le génome viral et en mettant toutes les informations à la disposition des équipes de chercheur. L’ampleur de l’épidémie reste encore à préciser, les connaissances actuelles sur le 2019 N-Cov restent limitées. La plupart des cas notifiés à ce jour sont bénins cependant 20 % environ des personnes infectées ont présenté des manifestations graves.

JAMA vient de publier le 07-02-2020 la série mono centrique de 138 patients hospitalisés à l’hôpital de Wuhan pour pneumopathie liée au nouveau coronavirus (2019-N-Cov). Parmi ces patients, 26% d’entre eux ont dû être admis aux soins intensifs et 4,3% sont décédés. La transmission présumée interhumaine à l’hôpital a été suspectée chez 41% des patients (5). Au 08-02-2020, l’OMS dénombre en Chine 34 598 cas confirmés, dont 723 décès lié au à 2019 N-Cov. Hors de Chine, l’OMS dénombre 288 cas dans 24 pays, dont 1 décès (6).

Qu’en est-il des pays du sud ? Sommes-nous prêt face à d’éventuels cas d’infections à Coronavirus ? Quelle est la stratégie de l’OMS vis-à-vis des pays en voie de développement? Cette question pourrait-être l’objet d’une mise au point. Toutes communication sur ce sujet est la bienvenue.

Dr B. Camara Service Hospitalier Universitaire de Pneumologie

Centre Hospitalier Universitaire Grenoble Alpes

BCamara@chu-grenoble.fr

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