Abandon des MGF en Mauritanie: Une stratégie nationale pour faire reculer le phénomène

En Mauritanie près des trois quarts des femmes sont excisés. Ce chiffre représente  69,2% selon l’enquête MICS 4  citée dans la Stratégie Nationale de Promotion de l’Abandon des Mutilations Génitales Féminines en Mauritanie. 2016-2019.

Selon ce document du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, réalisé par le bureau STAT Consult avec l’appui de l’UNFPA, cette prévalence est plus élevée au sud qu’au nord du pays.

La stratégie comporte également des informations qui montrent que  le taux la plus élevée se trouve chez les Soninkés (92%) et le plus faible chez les Wolofs (28%).

« Les Mutilations Génitales Féminines (MGF) sont pratiquées dès le jeune âge, le plus souvent quelques semaines après la naissance, rarement après un an. » indique le document.

Les mutilations génitales féminines constituent un problème majeur de santé publique, du fait qu’elles portent atteinte à la dignité des filles et menacent aussi leur vie.

Certaines victimes de cette pratique risqueront de vivre des séquelles traumatiques pendant les différents stades de leur vie de femme. Ceci est d’autant plus vrai que les régions à forte prévalence de mortalité maternelle et de fistules obstétricales sont les mêmes régions où cette pratique est répandue.

La situation préoccupante des MGF pousse à rappeler les engagements de la Mauritanie à travers la ratification des conventions internationales.

Ainsi dans la stratégie nationale élaborée du Ministère des affaires sociales, il est souligné entre autres la CDE dont les l’article 24, alinéa 3 demande expressément à tous les gouvernements de « [prendre] toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants.

Ce texte protecteur de l’enfant doit donc être appliqué pour mettre les petites filles à l’abri des pratiques traditionnelles néfastes. Autre texte protecteur, celui de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Cette convention dispose en son article 5  que les États doivent œuvrer à « l’élimination des préjugés et des pratiques coutumières, ou de tout autre type, qui sont fondés sur l’idée de l’infériorité ou de la supériorité de l’un ou l’autre sexe. »  Plusieurs autres références sont citées par la stratégie nationale.

Et pour plus de cohérence et une meilleure articulation des stratégies avec les objectifs et engagements internationaux du pays, le gouvernement a adopté plusieurs mesures tendant à la mise en place d’une structure chargée de santé de la reproduction et d’élaboration de documents cadres.

Un nouveau projet de loi portant sur les discriminations à l’égard des femmes a été approuvé par le Conseil des Ministres en mars 2016.

La Mauritanie a connu des avancées en matière de promotion du statut des femmes, notamment leur représentativité à l’assemblée (22,5 pour cent) et au sénat (18 pour cent). Cependant, les femmes sont confrontées à plusieurs formes de violences : mutilations génitales féminines (66,6 pour cent), mariage des enfants (35,2 pour cent) et grossesses des adolescentes (21,5 pour cent).

Les Etats parties doivent prendre les mesures nécessaires à l’abolition des pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé de l’enfant, est complété par l’article 19 de la CDE, qui stipule que les Etats sont tenus de protéger l’enfant contre les mauvais traitements perpétrés par ses parents ou toute autre personne sous leur couvert. L’application de cet article s’avère très difficile en Mauritanie car certaines pratiques comme les mutilations génitales féminines.

Synthèse Tégué Mbodj

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