Taleb Ould Sid’Ahmed est un leader naturel qui m’a installé derrière un ordinateur pour la toute première fois de ma vie. Disons qu’il m’a pris sous son aile et propulsé sur le devant de la scène journalistique. « Taleb » est une personne généreuse mais rigoureuse, ambitieuse et travailleuse avec une folle envie de réussir… il est surtout un travailleur acharné, qui croit au travail.
« Le boss n’est pas là. Le Rédacteur en Chef non plus. Si tu veux vraiment travailler avec nous, je te conseille mon frère de te mettre au travail dès maintenant, parce que tu n’auras pas de meilleur avocat que tes différentes signatures dans le journal. » m’a vivement conseillé Taleb Ould Sid’Ahmed. Le lendemain de cette rencontre, j’ai pris langue avec Bamba Soueid’Ahmed, mon futur rédacteur en Chef.
Ce dernier, qui m’avait déjà vu dans une autre rédaction, a cherché à comprendre mes réelles motivations pour les rejoindre ensuite il m’a regardé droit dans les yeux sans sourire, m’a dit et redit avec insistance : « Maghreb Hebdo est une institution ! » Tout se passa comme sur des roulettes, je suis devenu le journaliste sur lequel on comptait pour couvrir l’actualité.
Ce n’est pas une excuse pour Taleb !
« Mon frère, j’ai parcouru le journal ce matin, mais je n’ai vu aucun de tes articles. Pourtant, tu m’avais parlé de deux papiers intéressants? « m’interrogea Taleb. Je sens la tristesse dans les yeux de mon adorable frère et mentor. Et je ne suis pas passé par quatre chemins pour l’avouer que je ne sais pas me servir d’un ordinateur tout en lui disant que Noura, Cherif Khadijetou Chérif n’a pas eu le temps de saisir mes papiers. Ce qui était une bonne excuse pour moi pour passer à autre chose, mais pas pour lui.
Il m’invita à le suivre dans la salle de rédaction, m’installa derrière un ordinateur et ouvrit un fichier en m’interrogeant : « Tu sais lire les lettres alphabétiques, n’est-ce pas ? Sers-toi de tes doigts pour saisir tes papiers ! »
« Taleb avait raison, t’es un bon reporter «
Salah Ould Hanana est libéré. Et toutes les rédactions voudraient l’interviewer. Khattry Ould Dié m’a appelé et dit d’un ton ferme : « Camara, je veux voir l’interview de Salah Ould Hanana à la Une du journal demain OK et me tend la somme de 40.000UM, c’est ton carburant. Une récompense t’attend si tu reviens demain matin avec l’interview ! » Je sors de son bureau, je ne sais même pas où aller. Allah aidant, je me retrouve au carrefour Bagdad puis chez le putschiste, le plus célèbre de la Mauritanie. Sa cour est bondée de monde: parents, voisins et des professionnels des médias et évidemment des cameras.
Les gens rentrent et sortent mais les journalistes attendent. Moi, je cherche à savoir s’il a une fille ? Un enfant maure est prêt à m’introduire dans la maison et me montrer sa fille ainée à condition qu’il fasse un tour sur ma moto. J’accepte le deal et je deviens l’hôte de cette fille ainée. Grâce à elle, son père, qui devrait sortir en compagnie de nos confrères d’Al Jazeera, a accepté de répondre à mes questions en me disant : « juste trois questions pas plus. » J’ai répondu OK. Pour, moi, l’essentiel était de commencer l’interview et j’ai finalement posé plus de questions que prévues. Fier de moi, je me suis présenté avec l’interview transcrite. Et le boss Khattry Ould Dié de dire « Taleb avait raison, t’es un bon reporter! « en me remettant une enveloppe, la récompense promise.
Un matin je tombe sur ce message de Dr. Taleb Sid Ahmed : « Salut frère ! On dit quoi ? Tu es où en ce moment ? J’ai besoin de ton CV urgent (…) pour un poste de consultant au bureau de la Banque Mondiale à Conakry » Pour dire combien cet homme est généreux et fidèle en amitié. Il tend toujours une main secourable à ses amis. Félicitations frère pour ta nomination, Monsieur le Ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et des Sports.