A l’instar de la communauté internationale, la Mauritanie a célébré jeudi 11 juillet 2019, la Journée Mondiale de la Population sous le thème « 25 ans de la CIPD : Accélérer la promesse », en référence à la Conférence Internationale sur la Population et le Développement organisée en 1994 au Caire (Egypte). La journée a été organisée par le Ministère de l’Economie et des Finances, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).
Cela fait 25 ans que la communauté internationale a pris l’engagement de faire des questions de population la pierre angulaire de tout développement économique et social dans le monde, notamment sur le plan de la santé de la reproduction, de l’autonomisation des femmes et des filles, de l’espacement des naissances, de la croissance démographique, de la lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes et pour l’éducation, entre autres questions de priorité. C’était au Caire (Egypte), lors de la Conférence Internationale pour la Population et le Développement (CIPD) en 1994. Aujourd’hui, dans les Pays les Moins Avancées (PMA), notamment en Afrique Subsaharienne et en Mauritanie tout particulièrement, le bilan semble mitigé, avec un goût d’inachevé. D’où un coup d’accélérateur à donner aux promesses faite aux populations, le thème marquant de la célébration, ce 11 juillet 2019, de la Journée Mondiale de la Population (JMP).
Questions de population et politiques nationales
Ouvrant les travaux, le Secrétaire général du Ministère de l’Economie et des Finances, M. Mohamed Ould Sid’Ahmed Ould Aida, a déclaré que la Mauritanie a pris part à la CIPID au Caire et a adopté en juin 1995 la première politique nationale de population, réactualisée en 2005 puis en 2012, pour tenir compte de toutes les questions nationales et internationales en rapport avec la population, notamment le dividende démographique. Il a souligné qu’en 2018, un rapport national portant sur les 25 ans d’exécution du plan d’action de la CIPD a été élaboré, précisant que la déclaration d’Addis-Abeba sur la population et le développement a été aussi prise en compte dans la Stratégie Nationale de Croissance Accélérée et de Prospérité Partagée (SCAPP) 2016-2030. Il a par ailleurs affirmé la priorité accordée par la Mauritanie aux questions de population et de développement, notamment à travers les programmes du gouvernement, se basant sur la conviction que tout progrès dans les domaines en rapport avec la population se répercute positivement sur le processus de développement.
Auparavant, le Représentant Résidant du Fonds des Nations Unies pour la Population en Mauritanie (UNFPA), SEM. Saidou Kaboré, avait tenu à souligner que l’objectif visé à travers la célébration de la JMP, est d’attirer l’attention des décideurs sur l’importance des questions de population dans les politiques et plans de développement des Etats. Il a rappelé que le monde célèbre également cette année, les 50 ans de l’UNFPA et les 25 ans de la CIPD. L’occasion de s’arrêter, selon lui, pour évaluer le chemin parcouru et les gaps à combler, d’ici 2030. Il a salué au passage les progrès réalisés en Mauritanie depuis l’adoption du Plan d’Action du Caire, notamment la baisse de la mortalité maternelle qui est passée de 930 à 582 décès pour 100.000 naissances vivantes entre 1990 et 2013, l’accroissement du taux de prévalence contraceptive, 4% en 1990 et 17% selon les dernières données, la baisse des mutilations génitales féminines (MGF) qui sont passés de 71% en 2000 à 66,6% en 2015 et l’accroissement des accouchements médicalement assistés, 40 à 69%. SEM. Saidou Kaboré a par la suite lu la déclaration faite par la Directrice Exécutive de l’UNFPA, Mme Natalia Kanem à l’occasion de la JMP 2019 (Voir lien : https://www.unfpa.org/fr/press/vous-voulez-am%C3%A9liorer-la-vie-des-femmes-et-les-perspectives-des-pays-en-mati%C3%A8re-de-prosp%C3%A9rit%C3%A9).
CIPD + 25, bilan au niveau mondial et national
Les participants ont suivi par la suite plusieurs exposés, dont l’un intitulé, « Du Caire en 1994 à Nairobi en 2019, 25 ans de mise en œuvre du Plan d’Action de la CIPD », présenté par Brahim Vall Mohamed Lemine, Chargé de Programme Population et Développement au bureau de l’UNFPA en Mauritanie. Citant Mme Natalia Kanem qui a déclaré que « l’année 2019 est une année cruciale pour la réalisation des promesses du Caire », il a passé en revue les trois plus grandes conférences internationales sur la population et le développement, Bucarest en 1974, Caire en 1994, en passant par Mexico en 1984. Les résultats atteints sont selon lui spectaculaires, un taux de prévalence contraceptive à 37%, une mortalité maternelle qui a baissé de moitié et un taux synthétique de fécondité qui est passé de 6 enfants par femme, à moins de 4 enfants. L’UNFPA s’engage selon lui à réaliser, d’ici 2030, trois facteurs transformateurs par les « Trois Zéros » : 2éro besoin non satisfait en matière de planification familiale, 2ero mortalité maternelle évitable et 2éro violence basée sur le genre.
Un deuxième exposé a porté sur un « Sommaire « Bilan National de la CIPD + 25 », présenté par la Direction des Stratégies Politiques du Ministère de l’Economie et des Finances, et qui a porté sur un comparatif entre les questions de population avant et après la CIPD du Caire, entre une vision disparate, sans coordination et pleins de tabous, marquée par de faibles indicateurs en matière de données statistiques et démographiques, dans une société pro nataliste, réfractaire à l’espacement des naissances et où les mariages précoces étaient dominants, entre autres, et une vision cohérente des questions de population en tant que facteur central de tout développement économique et social.
Plusieurs cadres de départements sectoriels sont intervenus dans le débat pour évoquer les progrès réalisés au niveau de leur institution par rapport au Plan d’Action du Caire, dans le domaine des affaires sociales, de l’enfance et de la famille, dans le domaine de la jeunesse, de la santé, de l’éducation, avec l’introduction de curricula sur les questions de population au fondamental et au secondaire en particulier, mais aussi au niveau de l’enseignement originel, à travers le concours du ministère des Affaires Islamiques.
Cheikh Aïdara