Lorsque le président Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré qu’il ne briguerait pas un 3ème mandat, il avait tout de même prévenu qu’il resterait en Mauritanie. Pour lui c’est clair: quitter le pouvoir « ne veut pas dire non plus (…) baliser une autoroute pour des gens qui étaient là, qui ont détruit la Mauritanie et qui l’ont déstabilisée. »
Et puis, le raïs sortant n’avait pas caché qu’il soutiendra un candidat. Parmi quelques noms, celui de Mohamed Ould Ghazouani commençait alors à circuler. Lorsqu’en novembre celui-ci troque son treillis contre un costume-cravate ministériel, cela se dessinât davantage.
De fil en aiguille, la stratégie (militaire ?) se mettait en place. Jusqu’à ce que son « ami de longue date » annonce qu’il sera candidat. Au lendemain de cette annonce, Aziz s’était défendu d’être derrière cette candidature : « Il y a, expliquait-il, un citoyen mauritanien, un ministre de surcroît, qui a décidé de candidater et nous l’avons soutenu pour un certain nombre de raisons ».
Durant la campagne, Ould Abdel Aziz n’a jamais cessé d’être présent. Lors du lancement de celle-ci, le 7 juin, le président a rejoint son ami à Nouadhibou et a pris la parole. C’est alors que Kane Hamidou Baba, l’un des candidats malheureux à la présidentielle, avait déclaré à propos des « deux amis » :« Si l’un coule, l’autre coule, ça en dit long sur le destin des deux hommes. »
Autre implication. Aziz est intervenu activement dans la nomination des membres de l’équipe de campagne de son « dauphin ».
Le 19 juin, le président de la République a profité d’un déplacement à Rosso pour dire aux Mauritaniens de voter Ghazouani. Et le 22 juin celui-ci est élu avec 52% des suffrages, une élection confirmée le 01ier juillet par le conseil constitutionnel. Aziz a donc gagné.
Partira, partira pas
Maintenant que son alter ego est élu, que deviendra Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Lors d’une conférence de presse le 20 juin, il a soutenu que rien ne l’interdisait « de pouvoir (s)e représenter. La Constitution est claire (…) Il est interdit à un président de se représenter une deuxième fois. Mais quand je quitterai la présidence, je ne serai plus président. Et en ce qui me concerne, je ne sais pas ce qui va advenir de l’avenir. » Honni soit qui mal y pense !
D’aucuns soupçonnaient Aziz de vouloir mettre en place un plan B qui lui permettra, même en « laissant tomber la magistrature suprême », de garder toutes les cartes en main.
Mais des observateurs voient en Mohamed Ould Ghazouani, ce fils de la tribu maraboutique des Ideiboussat connue pour sa richesse, sa discrétion et sa forte présence dans le pays, un homme capable de jouer sa propre partition. Wait and see.
Basilou