Ce n’est pas certes Charlie hebdo, mais ce n’est pas non plus la Somalie ou le Nord Nigeria. Ce n’est pas la Syrie avec ses 379 mille morts en 7 ans. Ce n’est surtout pas l’Afghanistan et ses attentats quasi quotidiens ou son voisin le Pakistan, ou le pauvre Yémen qui n’a commencé à souffler que lorsque les « mécréants » de l’occident ont tapé sur la table. Ce n’est pas non plus, l’Indonésie, le plus grand pays musulman par le nombre, qui subit des attentats, ou l’Inde.
les musulmans ne s’apitoient-t-ils sur la mort des leurs que lorsqu’elle est causée par des non musulmans?
Faut-il croire que les musulmans ne s’apitoient sur la mort des leurs que lorsque celle-ci est causée par des non musulmans? Qu’ils ne s’indignent que lorsque la bombe qui a tué, la mitrailleuse qui a fauché des vies a été manipulée par quelqu’un qui ne crie pas « Allahou Akbar »? Y a-t-il une différence entre les façons de mourir ou une quelconque atténuation suivant celui qui tient l’arme du crime?
En dehors de la réaction de la Turquie d‘Erdogan ou quelques murmures presque inaudibles entre les lèvres, qui s’est indigné aux malheurs de Rohingyas de Birmanie? Qui a compati aux exactions des yéménites, massacrés à coup de bombes depuis plus trois ans par une coalition se définissant comme musulmane?
Qui a poussé un sanglot par compassion pour les somaliens qui subissent un calvaire de la part de leurs propres fils? Ou se trouvent les moyens à mettre en œuvre pour arrêter le bain de sang de musulmans causé par d’autres musulmans dans le nord Mali?
contre les autres, toujours le doigt accusateur, le verbe calomniateur
La seule arme égoïste que nous avons, c’est notre doigt accusateur, notre verbe calomniateur pour indexer les autres quand les assassins ne se réclament pas de nous. Et pour pousser le cynisme, on se formalise parce que les médias ne qualifient pas les tueurs non musulmans de « Terroristes » comme si cela pouvait soulager la peine des familles, atténuer la mort des victimes.
Être à l’affût des nouvelles de tueries et être attentifs aux commentaires des médias pour scruter les mots utilisés, les décortiquer et en sortir un seul: « Terroriste », semble être notre gymnastique cérébrale chaque fois qu’un massacre est commis quelque par.
Pour sans doute une sorte de vengeance, un jeune turc, probablement musulman, tire dans un wagon de Tramway à Ultrech, tuant trois, quatre ou cinq personnes.
Il a juste réussi à faire oublier ou presque, les 50 autres tués dans une mosquée de Nouvelle Zelande, parce que lui, a défaut d’être un musulman, reste le ressortissant d’un pays se réclamant comme tel. On parle de fortes probabilités » d’acte TERRORISTE.
C’est donc ça être musulman?
C’est en affichant cela sur ses pages des réseaux sociaux qu’on affirme sa foi? C’est montrer son hypocrisie face à la mort qu’on se sentirait plus près de son Seigneur? La haine contre les musulmans existe certes dans les cœurs de certains non musulmans, mais elle n’est pas absente entre les musulmans eux-mêmes. La vie est sacrée. Tellement sacrée que jouer avec devient un affront au Maître des mondes. La prendre comme un match dans lequel on compte les buts de part et d’autre est la pire des offenses qu’on peut faire à sa croyance.
Bakary Waiga (CINCINNATI, USA)