Quatre-vingt-cinq cas de VBG dans la région du Guidimaka depuis le début de l’année 2025 dont 44 viols avec grossesse, 17 viols sans grossesse, 10 cas de violence conjugale, 5 mutilations génitales féminines, 5 cas de mariage précoce. Ces chiffres qui donnent froid dans le dos ont été avancés par devant la presse par ayant provoqué une grossesse. Ce sont là les chiffres alarmants compilés par la Plateforme dédiée aux violences basées sur le genre (VBG) au niveau de la région du Guidimaka.
Mise en place en 2019 par le Ministère des affaires sociales avec l’appui elle comprend des représentants des ministères de la santé, de l’éducation, des affaires sociales, des affaires islamiques, de l’intérieur, de la justice ainsi que des représentants de la Société civile, de la police et de la Gendarmerie.

Selon Bilel Thiam, point focal de la Plateforme au niveau régional : « Cette plateforme est exemplaire. Elle assure une centralisation des données liées aux VBG et un accompagnement des victimes par l’entremise d’une unité spéciale basée à l’hôpital de Sélibabi, la capitale régionale ».

En effet, affirme Mariem Mint Sidi Conseillère Sociale au niveau de cette structure, « l’Unité Spéciale de Prise en Charge des victimes de violences basées sur le genre (USPEC) créée en 2018, vise à offrir un soutien et une prise en charge globale aux femmes et filles victimes de violences (physiques, sexuelles, etc.), grâce à une approche multidisciplinaire et en coordination avec des partenaires. »
Elle ajoute que « l’USPEC entre dans le cadre du programme « Convenio » en consortium avec trois organisations locales mauritaniennes : ACTIONS, l’Association des Femmes Cheffes de Famille (AFCF) et l’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant (AMSME).
Ces 3 organisations s’occupent chacune de l’un des trois volets de la prise en charge de la victime, à savoir les volets médical, psychologique et juridique.
Elle vise à renforcer les mécanismes de prévention et de prise en charge globale et promouvoir l’implication des institutions pour une vie sans VBG en Mauritanie. »
Une victime témoigne
H.S la vingtaine passée était présente ce jour-là dans les locaux de l’USPEC. Cette jeune fille d’une vingtaine d’années victime de viol suivi d’un accouchement, porte encore aujourd’hui 3 ans après les faits, les stigmates de cette dure épreuve.
Avec l’assistance de la Conseillère Sociale, elle raconte aux journalistes le déroulement des faits et l’assistance apportée par l’USPEC.
« C’était mon voisin », soupire-t-elle, un brin d’agacement dans la voix. Quand cela s’était passé elle garda le secret pour elle et ce n’est que 6 mois plus tard lorsque la grossesse devenait évidente que ses parents le surent. Au moment de l’accouchement c’est sa maman qui l’amena à l’hôpital. Et là elle fût accueillie par l’USPEC qui s’occupa du volet médical de l’accouchement et ensuite de la prise en charge psychologique.

La conseillère de l’USPEC affirme que pour H.S, comme pour toutes les victimes dans son cas, la prise en charge se poursuit jusqu’à ce que l’enfant atteigne l’âge de 9 mois.
Et d’ajouter que pour H.S une aide lui a été fournie pour lui permettre de reprendre son activité de coiffeuse.
« Nous restons toujours en contact avec les victimes pour les mettre en contact avec les ONG qui veulent les aider. »
Quant à A.S, elle affiche sa satisfaction pour tous les services rendus par l’USPEC. « Je ne sais pas comment les remercier. On m’a beaucoup aidé. Je reste en contact avec l’unité. Je contribue à la sensibilisation autour de moi et je mets en garde mes amies contre ce que j’ai vécu. »
Des cas comme celui de A.S il y en a beaucoup, tous pris en charge par l’USPEC.
Les exemples les plus marquants avancées par la directrice régionale de l’action sociale sont les suivants. D’abord cette jeune fille de 8 ans victime d’un viol collectif. Ensuite il y a une vieille femme de 80 ans qui est tombée dans la dépression mentale suite à un viol.
Le 3ème cas est celui d’une femme battue par son mari et qui s’est retrouvée avec un bras fracassé.
Ce sont là autant de violences aveugles auxquelles sont soumises des filles et des femmes dans la région.
Au Guidimaka où les indicateurs en matière de santé et de genre sont parmi les plus alarmants du pays, ces violences attirent l’attention de certains partenaires au développement dont l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population) qui apporte son appui à certaines initiatives novatrices tels que la plateforme de lutte contre les VBG et l’USPEC, des initiatives appréciées à leur juste valeur par les populations locales.
Bakari Gueye
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