Mme Absa Faye, première dame de la République du Sénégal a supervisé aujourd’hui à Dakar le lancement des travaux du forum des femmes, une manifestation phare du forum Galien Afrique dont la 8ème édition se tient actuellement dans la capitale sénégalaise.
Le déplacement de Mme Faye pour l’ouverture du forum est un signal fort et un acte de foi, a déclaré Dr Magda Robalo, ancienne ministre de la santé en Guinée-Bissau, Présidente de Institute for Gloal Health and Development et co-présidente du Comité scientifique international du Forum Galien Afrique.
Dans son mot introductif Dr Magda qui a présidé le premier panel auquel a assisté la première dame a affirmé qu’il n’y aura pas de souveraineté sanitaire sans leadership féminin fort. Les femmes dit-elle sont toujours les premières soignantes et les premières à mobiliser la communauté. Elles bâtissent la confiance. Et d’ajouter que le fait d’investir dans le leadership féminin c’est investir dans la transformation et la résilience.
Pour elle, les femmes doivent s’impliquer dans le développement et être co-créatrices. Les institutions africaines doivent œuvrer pour l’égalité des sexes et le leadership féminin doit être au cœur des politiques publiques, soutient Dr Magda qui estime que l’application de l’approche genre c’est le triomphe de l’Afrique.
Nécessité d’un sursaut collectif autour de la santé
Avant de prononcer le discours d’ouverture du forum, Mme Absa Faye première dame de la République du Sénégal, a remis des distinctions données par le Forum Galien à 21 femmes leaders représentant les différentes régions du continent.

Dans son discours elle s’est félicitée du travail abattu par le Forum Galien Afrique présidé par le Pr Awa Marie Coll-Seck qui fut à 33 ans, la première femme agrégée de médecine au Sénégal.
Selon Mme Faye, ce forum est un espace de réflexion remarquable et l’Afrique a besoin d’un sursaut collectif autour de la santé et du leadership féminin.
La santé est affirme-t-elle le socle invisible de tout progrès. « Et à l’occasion de ce forum, nous célébrons la science, l’innovation médicale et la vision transformatrice du leadership féminin. En Afrique les femmes sont au cœur de la santé. Elles sont les gardiennes du bien-être familial mais elles sont souvent absentes des centres de décision. Cela doit être corrigé. Et les ODD 3 et 5 qui sont des promesses doivent être réalisés pour l’égalité des droits et l’accès à la santé qui sont des conditions non négociables pour bâtir une Afrique plus forte et plus solidaire. »
Pour Mme Faye, l’Afrique a besoin d’un leadership partagé pour garantir l’accès de tous à des soins de qualité.
Et d’ajouter que lorsqu’une communauté place la santé au cœur de son action elle consolide l’égalité et le développement.
La première dame du Sénégal a enfin lancé un appel aux partenaires pour soutenir le leadership féminin, gage de développement durable.
Les vertus du leadership féminin
Notons que Mme Absa Faye a tenu à suivre les travaux de la première conférence inaugurale, un premier panel modéré par Dr Magda Robalo et placé sous le thème : « Leadership féminin : moteur de transformation pour l’égalité des droits et l’accès universel à la santé en Afrique ».
Ce panel est composé de Mme Ouled Bouchamaoui (Tunisie), Prix Noel de la Paix 2015, professeur de pratique de la diplomatie et de la résolution des conflits, NYU Abu Dhabi ; Mme Cynthia Mwase, directrice de la santé pour l’Afrique de la Fondation Bill-Gates ; Mme Vivian Onano (Kenya), Vice-Présidente Nutrition International’s Board of Directors ; Sir Cato T.Laurencin (USA) directeur Général de l’institut Cato T.Laurencin pour l’Ingénierie Régénérative ; Pr Fatou Sow Sarr Commissaire en charge du développement humain et des Affaires Sociales de la CEDEAO et Mme Ane Claire Amprou, Ambassadrice de France pour la Santé Mondiale.
Sollicitée pour partager son expérience en leadership Ouled Bouchamaoui a affirmé qu’elle a eu la chance d’etre née dans une famille d’entrepreneurs qui étaient favorables à la promotion des filles. Elle a dit-elle profité des valeurs de travail, d’abnégation et d’honnêteté inculqués par son père qui était son mentor. C’est ainsi qu’elle finira par se frayer son propre chemin devenant par la suite la première femme élue à la tête du patronat tunisien, une première dans le monde arabe.
Et cela a dit-elle renforcé sa position de leader.
Pour elle un leader doit mettre en avant la capacité d’écoute, le respect et l’honnêteté. C’est important aussi d’avoir un modèle et de travailler en équipe, a-t-elle conclu.
A la question de savoir comment la fondation Gates peut soutenir le leadership féminin en Afrique, Cynthia Mwase, directrice de la santé pour l’Afrique au sein de cette fondation a affirmé que l’important pour la fondation Gates c’est d’avoir un partenariat avec ce type de forums.
La fondation Gates a-t-elle affirmé a 25 ans et pour les 25 prochaines années ses objectifs sont les suivants. Aucune mère, aucun enfant ne devraient plus mourir sans accès aux soins ; chacun devrait vivre dans un monde meilleur où la pauvreté sera éradiquée.
Des annonces ont été faites par la fondation en juin et en Aout derniers dont l’une lors de la visite de Bill Gates en Afrique.
Ainsi 25 milliards de dollars seront consacrés à la santé. Et l’autre annonce faite en aout fait état du déblocage d’une enveloppe de 2,5 milliards de dollars qui seront consacrés à la santé des femmes. En effet, chaque dollar investi équivaudra à 3 dollars qui seront gagnés.
Selon Vivian Onano, Vice-Présidente Nutrition International’s Board of Directors, le monde a commencé à s’intéresser à la nutrition dans le cadre des soins de santé primaires. Elle a souligné que la nutrition est lié à l’éducation et la plupart des filles quittent l’école du fait du manque d’hygiène sanitaire.
Elles doivent avoir accès à une meilleure hygiène de vie et à une nutrition appropriée.
Selon Vivian lorsqu’il a des crises ou des chocs climatiques, les femmes sont les plus touchées et surtout celles qui vivent dans les zones rurales. Celles-ci dit-elle doivent faire entendre leurs voix, ce qui peut changer les choses.
Pour Vivian, il est nécessaire d’avoir une base solide de femmes leaders dans le public et dans le privé.
Pour le Pr Fatou Sow Sarr Commissaire en charge du développement humain et des Affaires Sociales de la CEDEAO, sans la connaissance, on ne peut pas transformer le monde. Elle affirme s’être battue pour que le genre soit enseigné à l’université.

Au niveau de la CEDEAO elle a parlé du centre pour le genre créé en 2009 et basé à Dakar et du programme fistules qui a été lancé en 2010.
Des unités de production de serviettes hygiéniques existent au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Sierra-Léone. Un grand travail sur la santé reproductive est aussi mené au Cap-Vert, note Fatou qui ajoute que la CEDEAO investit beaucoup dans la recherche.
Parlant des actions menées, Ane Claire Amprou, Ambassadrice de France pour la Santé Mondiale a affirmé que la santé des femmes et des filles est une priorité pour la France. Il s’agit dit-elle d’un vrai objectif politique car la santé est un droit humain. Et d’ajouter que les femmes sont plus exposées et cette réalité se traduit dans la diplomatie féministe française. Il s’agit d’une priorité du point de vue financier. Et il y a UNITED qui a un rôle dans l’accès à l’innovation dans le cadre du traitement du VIH, du Paludisme, de la Tuberculose et de la Santé Maternelle et Infantile.
Il y a aussi le projet de dépistage du col de l’utérus dans 10 pays africains, en Asie et en Amérique Latine. Ce projet a permis à 100.000 femmes d’accéder à des outils de pointe.
Même chose pour le Fonds Mondial qui a multiplié par 5 ses investissements. 13 pays africains sont concernés.
Il y a aussi le fonds MUSCOCA pour la santé reproductive.
Selon Ane Claire, le mandat est politique et financier.
Autre priorité pour la France : la recherche. « Sans la recherche nous ne pouvons pas avancer. » souligne-t-elle. Des investissements sont ainsi orientés vers les maladies transmissibles et non transmissibles.

Ainsi, à travers cette conférence inaugurale, la leçon retenue est la suivante : Le leadership des femmes change des vies et transforme des nations.
Bakari Gueye/Dakar
 

 
		