Longtemps marginalisé ou jugé inapproprié pour les femmes, le sport en salle connaît aujourd’hui un véritable essor en Mauritanie, en particulier à Nouakchott. De plus en plus de femmes, jeunes et moins jeunes, fréquentent les salles de sport pour des raisons de santé, de bien-être ou simplement pour s’accorder du temps à soi. Ce reportage propose une immersion dans l’univers du fitness féminin à travers les témoignages de clientes et de coachs engagées dans ce mouvement discret mais en pleine croissance.
« Je fais du sport pour mon bien-être et pour ma santé », confie Kiya, cliente au Crosfit
Au début, elle a dû affronter les regards et les jugements. « Quand j’ai commencé à faire du sport, beaucoup de gens m’ont critiquée. Ils me disaient que cela ne servirait à rien, qu’une femme n’a pas besoin de sport, que son vrai « sport », c’est de s’occuper de son foyer et de sa maison », raconte-t-elle avec amertume.
Aujourd’hui, elle assume pleinement sa pratique et encourage d’autres femmes à franchir le pas.
« J’ai commencé en 2008 dans une salle appelée Power Gym. À cette époque, les femmes faisaient très peu de sport, encore moins de la musculation. Certaines disaient même avoir peur de se muscler. » à souligner coach Aicha

Aicha poursuit « Aujourd’hui, ce sont les femmes elles-mêmes qui viennent nous voir en disant : “On a besoin de se renforcer, de se muscler avec l’âge”. Il y a même des femmes enceintes qui viennent faire du Crosfit, et je trouve cela magnifique.
Elle ajoute :
« Le sport, c’est bon pour la santé, pour le moral, pour le corps.
Les motivations des femmes sont diverses : perte de poids, raisons médicales, estime de soi, ou simplement envie de se sentir bien dans son corps.
Mais des obstacles subsistent. « Avant, c’était surtout la pression sociale. Aujourd’hui, les défis sont plutôt d’ordre pratique : qui va garder les enfants ? Certaines femmes viennent directement après le travail, et ce n’est pas facile. Mais elles ont compris l’importance du sport », souligne-t-elle.
Coach Aïcha tient à préciser que la salle Crosfit n’est pas dédiée uniquement au Crosfit :
« On y pratique aussi la Zumba, l’aérobic, le kickboxing, le work-out… Il y en a pour tous les goûts. »
La fréquentation est variée. « Nos clientes ont entre 14 et 50 ans, voire plus. Il y a même des mamies qui viennent faire du sport ! », affirme la coach avec fierté.
Elle conclut :
« Je félicite les femmes qui ont pris conscience de l’importance de prendre soin de leur corps. Un corps sain, c’est un esprit sain. Mais le travail de sensibilisation doit continuer. Certaines pensent encore qu’elles vont devenir “comme des hommes” si elles se musclent. Ce n’est pas ça, le but : il s’agit avant tout de pratiquer une activité physique bénéfique. »
Témoignage de M. Sow, citoyen mauritanien
« J’ai vu l’évolution du sport féminin en Mauritanie. À mon époque, c’était inimaginable de voir des femmes faire du sport en salle, encore moins en tenue de sport. Aujourd’hui, j’y vais moi-même et j’amène mes enfants, y compris ma fille », raconte M. Sow.

« Les mentalités ont changé. On comprend désormais que le sport n’est pas une question de genre, mais une question de santé. »
Entre préjugés persistants, prise de conscience progressive et développement de nouvelles offres sportives adaptées, le fitness féminin en Mauritanie est en plein essor. Les salles de sport deviennent peu à peu des espaces de liberté, de bien-être pour les femmes mauritaniennes.
Reportage Hawa Bâ