Jeudi 13 décembre 2018, journée internationale de la Couverture Sanitaire Universelle, Action Contre la Faim a organisé à Nouakchott un atelier de réflexion sur le rôle de la société civile dans la stratégie de couverture sanitaire en Mauritanie.
Visant, selon ses organisateurs, la compréhension des enjeux de la couverture sanitaire universelle, cet atelier a rassemblé des représentants de plusieurs structures dont le ministère de la santé à travers la Direction de la Santé de Base et de la Nutrition, le MASEF et des personnalités issues d’organisations telles que le Réseau des femmes parlementaires et autres membres d’organisations de la Société civile nationale et internationale. Le point focal SUN du ministère de l’économie et des finances n’a pu être présent à cette rencontre.
Étaient par ailleurs présents, les partenaires techniques et financiers aux côtés de l’équipe technique d’Action Contre la Faim. Des communications ont été présentées au cours de l’atelier et ont été axées, entre autres, sur la situation nutritionnelle du pays selon la dernière enquête SMART et les résultats du cadre harmonisé 2018.
Il est ressorti de la première présentation que des pics de malnutrition aiguë sont notées lors des périodes soudure et qu’une accalmie en période post-récolte est observable.
Selon M. Mohamed Baro de l’Unicef qui a fait cette présentation, les causes de ces pics sont liées déficits pluviométriques, à comportements alimentaires/hygiènes pouvant être à l’origine de la morbidité des enfants.
Le présentateur a indiqué que la faible couverture des interventions de lutte contre la malnutrition et la forte pression sur les ressources existantes entrent également en jeu dans cette situation.
La santé, un des droits fondamentaux de tout être humain
L’autre objectif spécifique de la journée sur la couverture sanitaire universelle était de présenter la CSU et son état d’avancement en Mauritanie.
Dans une communication présentée à ce sujet, Dr. D. S. ZOMBRE, représentant de l’OMS en Mauritanie a rappelé que la couverture universelle repose sur la Constitution de l’OMS de 1948, qui proclame que la santé est l’un des droits fondamentaux de tout être humain, d’une et sur la notion de santé pour tous définie dans la Déclaration d’Alma-Ata de 1978, d’autre part.
Abordant la question Où en est-on en Mauritanie ? Dr. Zombré a indiqué que des initiatives et interventions de protection contre les risques financiers existent. Citant notamment la CNAM et le Forfait obstétrical, la gratuité pour certains soins (vaccination, tuberculose, hémodialyse…), il a souligné que des mutuelles sont organisées par des ONG et qu’une prise en charge des indigents participe à la couverture d’environ 15% à 20% de la population.
Le représentant de l’OMS a loué l’élaboration d’une stratégie nationale de financement de la santé. Reconnaissant toutefois qu’il y a du chemin à parcourir pour relever le défi de la CSU, Dr. Zombré a rappelé que la société civile peut continuer à jour rôle.
Et ce, à travers, le plaidoyer, l’appui à l’extension des soins (structures de santé, santé communautaire), la sensibilisation, l’apport en ressources humaines, la facilitation de l’accès financier aux x soins ainsi que l’appui à la mobilisation des ressources financières…
Des réactions ont été suscitées par cette présentation au cours de laquelle Dr. Zombré a noté qu’un taux 74% de CSU était trouvé en Mauritanie.
Un chiffre que Madame Mariam Baba Sy du réseau des femmes parlementaires, a tenu à relativiser, voire à contester. « On aimerait bien que nos chiffres soient actualisés ». A dit la députée qui trouve que « l’accessibilité fonctionnelle faisant défaut, on ne saurait tenir ce taux pour correspondant à la réalité en Mauritanie où les taux de mortalité maternelle et infantiles comptent parmi les plus élevés. »
Réponse du représentant de l’OMS, les 74% sont issues de sources officielles et représentent des données statistiques du ministère de la santé.
Mutuelles de santé en Mauritanie : enjeux et défis
Dans l’après midi, une présentation a porté sur les Mutuelles de santé en Mauritanie. Cette communication a été faite par M. Bâ Abdoulaye Samba, Directeur de l’Association pour la Promotion de la Santé à Dar Naïm (APSDN). Il est ressorti de l’exposé de M. Bâ que la mutuelle Communautaire de Santé de Dar Naïm (MCSDN) est la 1ère mutuelle de Mauritanie. « Le processus de mise en place est démarré en 2001. L’AGC a été tenue le 11/01/2003. » A affirmé le présentateur qui va souligner qu’une quinzaine de mutuelles a vu le jour à Nouakchott et dans les wilayas de l’intérieur.
« Ces expériences ont tourné court les unes après les autres dès que le partenaire financier et technique se retirait. » A indiqué M.Bâ qui dans son exposé présenté un tableau comparatif des deux seules mutuelles qui continuent d’exister : la mutuelle de Dar Naïm (Nouakchott) et celle de Bababé (Brakna).
En termes de contribution dans la CSU, M. Bâ a souligné que « les mutuelles de santé permettent d’assurer la couverture des populations du secteur informel et des indigents, de participer à la composante « financement » de la santé/assurance, de participer à l’abolition des pratiques parallèles dans les formations sanitaires en négociant des mécanismes de contrôle. »
Autres avantages énumérés par l’intervenant, l’instauration d’une régulation du système de santé administrée en partenariat avec la société civile à travers une gouvernance participative avec le principe de « redevabilité » et la réduction du risque de tomber malade. « Les mutuelles de santé participent en outre au système de ciblage, prise en charge et suivi des indigents. » A noté le Directeur de l’Association pour la Promotion de la Santé à Dar Naïm.
La jour
née internationale de la CSU a eu pour slogan Unissons-nous pour une couverture santé universelle : le temps de l’action collective est venu !
Action collective et engagement des acteurs de la Société Civile, au cours de l’atelier de Nouakchott organisé par l’ACF, les participants ont discuté de des mécanismes d’accès à la santé pour les populations. Certaines représentantes d’ONG ont partagé leur expérience en termes de prise en charge des démunis. Des participants ont recommandé une plus grande rigueur dans les politiques de couvertures.
Action Contre la Faim qui vient d’organiser cet atelier est une ONG gérée par ACF SPAIN. Présente en Mauritanie depuis 2007, elle intervient dans les zones de Nouakchott, du Gorgol, du Guidimakha et du Hodh Erchargui.
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