S’étendant sur 700 kilomètres environ, littoral mauritanien constitue un trésor écologique et économique crucial pour le pays. Il est aujourd’hui gravement menacé par la pollution plastique, un fléau qui affecte non seulement les écosystèmes marins, mais aussi les communautés locales qui dépendent de ces ressources.
Un constat alarmant
Les plages de Nouakchott, notamment celle du marché aux poissons, offrent un triste spectacle : bouteilles, sacs en plastique, filets de pêche abandonnés s’accumulent, transformant ces espaces naturels en décharges à ciel ouvert. Selon les données du programme WACA (West Africa Coastal Areas), les déchets plastiques représentent environ 9 % des déchets solides municipaux en Mauritanie, soit une production quotidienne de 45 tonnes. Parmi eux, 82 % sont mal gérés, et près d’une tonne s’échappe chaque jour dans l’environnement.
Cette pollution entraîne de lourdes conséquences :
- Pour la faune marine : Les tortues et oiseaux marins ingèrent les plastiques, confondant ces déchets avec de la nourriture, ce qui leur est souvent fatal.
- Pour les pêcheurs locaux : Les filets abandonnés, appelés « filets fantômes », continuent de piéger poissons et crustacés, réduisant les prises et compliquant leur travail.
- Pour les communautés riveraines : Les déchets plastiques obstruent les canaux, aggravent les risques d’inondations et polluent les eaux souterraines.
« Les poissons que nous pêchons contiennent parfois des microplastiques, ce qui affecte directement notre santé et nos moyens de subsistance », déplore Abdoul, un pêcheur de Nouakchott.
La mobilisation de la société civile
Face à cette crise, des initiatives locales voient le jour. Aminetou Bilal, fondatrice de l’association Selfie Mbalite, est l’une des figures de proue de ce combat. Elle organise régulièrement des campagnes de nettoyage des plages et sensibilise les jeunes aux dangers du plastique pour l’environnement.
Chaque année, en collaboration avec l’Union européenne et d’autres organisations, Selfie Mbalite organise l’initiative « EU Beach Clean Up » sur la plage du marché aux poissons. L’objectif est d’encourager les pêcheurs et les riverains à préserver leur environnement.
Des entreprises comme Sasa Plast jouent également un rôle clé. « Nous collectons et recyclons les plastiques usagés pour les transformer en pavés et briques écologiques. Cela permet de réduire les déchets plastiques tout en créant des produits utiles », explique Hamahoullah Coulibaly, fondateur de l’entreprise. Lors de la Journée EU Clean-Up, Sasa Plast s’est mobilisée pour nettoyer les plages et sensibiliser le public, renforçant ainsi l’économie circulaire.
L’art au service de l’environnement
L’humoriste Big Baba apporte également sa contribution en combinant art et sensibilisation. À travers son initiative Environnement Spectacle, il utilise l’humour pour transmettre des messages puissants sur l’urgence de protéger la nature. « Faire rire tout en éduquant est une manière efficace de changer les mentalités », affirme-t-il.
Des solutions pour un avenir durable
Pour contrer la pollution plastique, plusieurs pistes peuvent être explorées :
- Renforcement des lois : Bien que les sacs plastiques soient interdits en Mauritanie depuis 2013, leur usage reste courant en raison d’un manque de contrôle.
- Promotion de l’économie circulaire : Les initiatives comme celles de Sasa Plast devraient être encouragées et soutenues.
- Éducation et sensibilisation : Il est crucial d’élargir les campagnes de sensibilisation pour changer durablement les comportements.
- Partenariats internationaux : Des projets comme WACA peuvent fournir un soutien technique et financier pour gérer les déchets et restaurer les écosystèmes côtiers.
Une cause commune à défendre
La pollution plastique représente une menace croissante pour le littoral mauritanien, mais elle n’est pas une fatalité. Grâce aux efforts conjoints des citoyens, des entrepreneurs, des artistes et des partenaires internationaux, il est possible d’apporter des solutions durables.
Préserver ce patrimoine naturel est une responsabilité collective, pour les générations actuelles et futures. Il est temps d’agir pour sauver le littoral mauritanien.
Ousmane H. Doukouré