Communiqué de Presse: Plaidoyer pour une ligne budgétaire sur la collecte des données sur les violences Sexistes et Sexuelles

(Nouakchott, 17 septembre 2024) Les violences sexuelles et sexistes en Mauritanie touchent principalement les femmes et les filles, prenant des formes variées comme les mariages forcés, les mutilations génitales, les viols… Malgré les conventions internationales ratifiées, la mise en œuvre reste insuffisante, freinée par des lacunes judiciaires comme la non-existence de loi spécifique qui sur les droits les femmes et les filles en Mauritanie, en plus des normes sociales discriminatoires et un manque de données actualisées et centralisées.
La Convention CEDAW contre toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles a été ratifiée en 2001 et publiée au Journal officiel 2014. La mise en œuvre des obligations internationales est encore insuffisante et le comité chargé du suivi et de la mise en œuvre a exprimé dans sa déclaration adressée au gouvernement pour répondre aux questions du Comité concernant le quatrième rapport périodique, sa préoccupation quant aux efforts de l’État membre pour abolir la réserve et appliquer toutes les clauses relatives à la Convention, comme il l’a exprimé dans ses observations finales de la session précédente.
Cela est également dû aux lacunes législatives, à l’absence de lois explicites et strictes et à l’absence accrue d’une base de données centrale complète et active sur les violences sexistes et sexuelles.
Alors les quelques données existantes, la situation est très préoccupante : selon l’EDS 2019-2020, 18,9 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques, sexuelles et émotionnelles. Les pratiques de MGF, bien qu’ayant diminué de 71,3 % (EDS 2000) à 63,9 % en 2021, persistent malgré l’adoption de lois et de textes juridiques. La prévalence des mutilations génitales féminines est passée de 71,3 % (EDS 2000) à 63,9 % en 2021. Elle représente 51,6 % chez les filles âgées de 0 à 14 ans et 37 % chez les filles âgées de 0 à 5 ans. Le nombre de mariages d’enfants est élevé, malgré l’existence d’une loi qui fixe l’âge du mariage à 18 ans pour les garçons et les filles. 15,5 % des femmes âgées de 20 à 24 ans se sont mariées avant l’âge de 15 ans et 36,6 % avant l’âge de 18 ans.

La Campagne Compter pour tous a pour objectif de plaider pour l’insertion ou l’amélioration d’une ligne budgétaire dans les lois de finances de l’État Mauritanien, destinée à financer la collecte de données sur les violences sexistes et sexuelles. Cette initiative vise à renforcer la lutte contre le violences sexistes et sexuelles en garantissant un financement stable et dédié à la recherche, à l’amélioration du système de collecte et à l’analyse des données.
Les violences sexistes et sexuelles constituent des crimes affectant des milliers de femmes et des filles chaque année. Pourtant, l’absence de données précises et complètes freine l’élaboration de politiques publiques efficaces et adaptées aux réalités du terrain. La collecte systématique de ces données est essentielle pour mieux comprendre l’ampleur du problème, identifier les zones les plus touchées, et concevoir des stratégies de prévention et d’intervention plus ciblées.
Notre campagne, soutenue par un large éventail d’organisations de la société civile, de réseaux féministes et de partenaires internationaux, appelle le gouvernement mauritanien à prendre des mesures concrètes. L’inclusion d’une ligne budgétaire spécifique dans les lois de finances permettra de financer durablement ces efforts et renforcera les capacités des institutions.
Nous lançons un appel urgent aux responsables politiques, aux législateurs et à toutes les parties prenantes pour qu’ils soutiennent cette initiative cruciale. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les violences sexistes et sexuelles ne soient plus invisibles et que les victimes soient enfin entendues et soutenues.
Nous invitons tous les citoyens, organisations et acteurs concernés à se joindre à notre campagne. Votre soutien est essentiel pour faire de cette revendication une priorité.
Ce présent plaidoyer est porté par l’association initiative pour la santé de la reproduction (ISR) en Mauritanie, soutenu par la société civile en place et des militantes de droits des femmes.

Contacts :

  • Mariata LAM, coordinatrice et point focal de la campagne
  • 0022249078188
  • Isantedelareproduction@gmail.com

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