MFO ! La plume alerte. Les éditos audacieux et percutants. Une signature inspirante. Mohamed Fall Oumeir qui s’en est allé ce jeudi 04 juillet 2024 fut un des pères fondateurs de la presse privée, libre et indépendante en Mauritanie.
Je l’ai rencontré en 2004. Et j’avoue que c’est avec lui que j’ai pris goût à la pratique du journalisme. La première chose qu’il m’avait dite quand je lui ai proposé de travailler avec lui fut : « La Tribune est un journal indépendant. » – C’est justement la recherche de cette indépendance qui m’a conduit ici. » Lui avais-je répondu.
En fait, je trouvais ses éditoriaux très engagés dans un contexte où d’autres caressaient le pouvoir dans le sens du poil. Très vite, il m’a fait confiance. Ma carrière de journaliste porte le label de La Tribune dont il est le fondateur. Toutes les autres expériences que j’ai accumulées s’y sont greffées. Merci MFO. Pour cette école que tu as été pour moi…
Au-delà de la relation professionnelle, c’est à un grand frère que j’ai eu affaire. A aucun moment je ne l’ai vu incarner « le patron », « le chef ». Ce qui ne m’empêchait pas de l’appeler Chef et lui de me dire c’est toi le patron. Il sera directeur général de l’Agence Mauritanienne d’Information. Cette fonction ne lui est jamais montée à la tête. Il l’a assumée avec lucidité et humilité.
A La Tribune, son bureau était l’espace où tous se retrouvaient. Des responsables politiques aux personnes sans emploi. La parole y était libre. Les débats s’y faisaient houleux sans aucune agressivité.
Quand un de ses amis m’appelait Kassima au lieu de Kissima, il lui reprochait de déformer mon prénom. Un jour, je lui ai dit en hassaniyya : « Laa y wartak, el bhidhâan ma yi guiddou yantqou kasreteyne metwaaliyaat. » (Ne t’en fais pas les maures ne peuvent pas prononcer un mot où le son « i » se repète. »). Il m’a regardé surpris. Puis m’a lancé une de ses boutades qu’il était le seul à pouvoir vous infliger avec un air taquin mais amical.
« Oumeir est un homme d’une grande dimension. Un homme consensuel que j’ai vu réunir autour de lui des personnalités d’horizons divers et divergents. » M’a confié récemment un jeune cadre qui a participé à une rencontre organisée par le Directeur de l’AMI qu’était Oumeir et à l’invitation de qui les personnalités de tous les bords politiques ont répondu présent.
En 2008, alors que la Mauritanie vivait sa courte période d’apaisement d’après transition, je reçois la visite d’un boghéen. J’étais dans mon bureau de Rédacteur en chef. En face Oumeir était dans le sien discutant avec ses amis.
Le boghéen me dit : « Tu vois Ould Oumeir, il a été notre professeur en 1989 au Lycée. C’était le seul à prendre notre défense lorsque la direction a voulu nous sanctionner pour absence durant les jours des événements de 89 à Nouakchott. Oumeir a dit au directeur : si vous convoquez leurs parents, convoquez les miens aussi pour qu’ils viennent justifier mon absence puisque je ne suis pas venu enseigner pendant la semaine des massacres. » Ce courage, Oumeir va l’exprimer par sa plume quand il a fait partie des tous premiers à mettre à nu les exactions des années de braises, l’affaire Sory Malé notamment.
Son journalisme était un militantisme citoyen et humaniste. Son background d’homme de culture immense était enviable. Il n’était pas facile à comprendre, lui qui tolérait tout, supportait tout et comprenait tous.
Imperturbable, il a assumé ses choix. Il n’a cherché ni richesse ni privilèges. Il s’est contenté de servir ; de rendre service plutôt. Au point de donner à plus riche que lui. Au point de ne rien laisser pour lui-même.
Il m’a dit souvent : « n’accepte jamais de te faire humilier par une personne pour des histoires d’argent. Evite ceux qui cherchent à t’utiliser comme passerelle. » Cette mise en garde me poursuit.
Que valait le monde et ce qu’il contient à ses yeux ? Pas grand-chose. « Oumeir ne cessait de dire à sa famille : il faut vous attendre à ce que je meure entre vos mains un jour. » M’a révélé hier soir Moktar Ould Moueyyel, son ami d’enfance, son intime ami qui l’a vu rendre le dernier souffle à ses côtés et parmi les siens.
MFO, dors en paix. Ceci n’est pas un hommage. Je n’ai pas la force de t’en rendre. Les mots ne seront pas à la hauteur. Chaque souvenir de toi sera une leçon de sagesse.
Je tenais juste à rappeler à toutes les personnes qui m’ont téléphoné pour me présenter leurs condoléances que j’étais effectivement pour toi un frère par-dessus tout. Elles avaient vu juste.
Qu’Allah te récompense du meilleur au paradis.
A Leila et aux filles, à notre frère et ami commun Mbouss, je dis courage. Que la patience et la foi soient notre arme afin que nous puissions supporter ton absence et honorer ta mémoire.
Kissima
Inna lillahi we inna lillahi we inna ileyhi rajioon rrahma wel Ghoovrann paix à son âme
Inna lillahi we inna ileyhi rajioon rrahma wel Ghoovrann paix à son âme,repose en paix mon ami et frère cher ami et frère
digne témoignage d’un homme sincère vis à vis d’un homme sincère. comme dit l’adage les cœurs qui se ressemble s’assemble. seulement les bonne personnes nous qui comme le prophète Mohammed. car c’est la volonté d’Allah. le prophète Mohamed psl a dit »L’œil pleure, le cœur s’attriste, mais nous ne disons que ce qui satisfait notre Seigneur. Ô Ibrâhîm ! Certes, ta séparation nous remplit de chagrin. »
Mes sincères condoléance Kissima qu’Allah lui accorde le paradis virdows.