L’OTI lance le prix du journalisme pour la transparence

A l’occasion de la célébration du 20ème anniversaire de la journée internationale de lutte contre la corruption, l’organisation pour la Transparence Inclusive (OTI) a lancé la première édition de son prix pour le journalisme d’investigation.

La cérémonie pour la distribution des prix pour la transparence inclusive a été organisée hier après midi à Nouakchott en présence de personnalités de la Société Civile et des journalistes de la presse nationale.

Nécessité de vulgariser le journalisme d’investigation

Dans son mot de bienvenue, Moustapha Sidati Secrétaire Général de l’OTI a rappelé l’importance de cette journée soulignant que le 31 octobre 2003, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la Convention des Nations Unies contre la corruption  et le 9 décembre 2005 a été déclaré Journée internationale de lutte contre la corruption, afin de sensibiliser le monde à ce problème et pour faire connaître le rôle de la Convention en matière de lutte et de prévention.

Cette convention a-t-il ajoutée accorde une place importante à la Société Civile et à la presse dans la lutte contre la corruption.

Le Secrétaire Général de l’OTI a souligné que l’action de l’ONG s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption.

L’objectif est entre autres de créer une opinion publique qui servira un garde-fou. Il a insisté au passage sur la nécessité d’une synergie des efforts des uns et des autres.

S’agissant du prix, son objectif est dit-il d’encourager la presse à détecter les failles dans ce domaine. Et pour ce faire les journalistes doivent bénéficier d’un renforcement de capacités et avoir un accès libre à l’information.

Pour Moussa Ould Hamed, Président du Jury du prix, le trio chargé de départager les concurrents a travaillé en toute indépendance et sans pression aucune. Il a remercié l’OTI pour l’intérêt qu’elle accorde à la presse.

Ould Hamed a déploré l’état dans lequel se trouve la presse mauritanienne qui fait face à une politisation excessive et au manque de spécialisation et de professionnalisme. Il est temps dit-il pour cette presse de murir et de s’orienter vers l’investigation journalistique.

Seulement il va falloir lui assurer la formation requise et lui donner les moyens humains et matériels.

La  presse nationale manque de tout cela, déplore-t-il et doit tendre vers l’institutionnalisation e la professionnalisation.

Et d’assurer que ce prix va contribuer à faire avancer les choses en développant le volet investigation.

3 catégories ont été primées : les écrivains-journalistes, les blogueurs et les institutions. Chaque lauréat bénéficie d’un cachet de 1 million pour la 1ère catégorie, 1 million pour la 2ème catégorie et 2 millions pour les institutions.

Les résultats ont été annoncés comme suit : dans la catégorie des blogueurs khadjetou Sidina a remporté le prix ; pour les écrivains journalistes le prix a été partagé entre Sidi Mohamed Chemad (Sahara Media) et Mohamed Abdallahi Isselmou (Taghadoumy) qui ont reçu chacun un cachet de 750.000 MRO.

Et enfin pour les institutions c’est le site Alakhbar a remporté le prix.

Les différents lauréats ont eu chacun 5 minutes pour expliquer le choix de son sujet et l’approche suivie pour son traitement.

Pour les institutions un résumé des documentaires en course a été diffusé.

La corruption, un cancer pour le développement

Il convient de rappeler que la corruption est un phénomène social, politique et économique complexe, qui touche tous les pays. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale.

La corruption s’attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l’État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l’unique fonction réside dans la sollicitation de pots-de-vin. Elle ralentit considérablement le développement économique en décourageant les investissements directs à l’étranger et en plaçant les petites entreprises dans l’impossibilité de surmonter les « coûts initiaux » liés à la corruption.

En Mauritanie la corruption est solidement ancrée dans les pratiques et dans le mode de gestion et ce malgré la mise en œuvre de programmes d’appui à la bonne gouvernance et d’institutions de régulation et de contrôle, le rôle croissant de la société civile et l’adhésion du pays à plusieurs conventions internationales.

En effet le pays est signataire de la Convention des Nations Unies contre la corruption, et en 2010 un projet de loi relatif à la lutte contre la corruption a été promulgué. C’est la fameuse loi n°2016.014 qui a été adoptée par le parlement.

Et dans son article 1, c’est une loi « visant à prévenir et combattre la corruption dans toutes ses formes » mais aussi faciliter et appuyer la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre la corruption et le recouvrement des avoirs qui y sont relatifs ; promouvoir l’intégrité et la transparence dans la gestion des secteurs public et privé et l’effectivité du principe de la responsabilité et la gestion saine des biens publics.

A noter que la Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption confère à la Société Civile la possibilité de s’exprimer, de formuler des avis et d’engager des actions auprès des autorités et de la justice.

Dans la rubrique « Sanction » de cette stratégie, il est envisagé de « restaurer la primauté du droit et rompre avec l’impunité :

Autre mesure brandie par la stratégie : « Appliquer systématiquement les sanctions prévues : Des sanctions efficaces seront appliquées à l’encontre de ceux qui nuisent à l’intérêt général à des fins d’enrichissement personnel. Les sommes indument acquises devront être restituées, majorées d’amendes. La responsabilité pénale et administrative des personnes morales sera appliquée et l’exclusion sera la règle pour les entreprises convaincues d’irrégularités au cours des procédures de passation de marchés. Les mesures de détection des délits de corruption seront renforcées, y compris en levant toute équivoque concernant le secret bancaire au cours des contrôles et des investigations pénales et fiscales. »

Il est aussi prévu de mettre en place un parquet anti-corruption : Il sera créé auprès du parquet de Nouakchott (avec des relais dans les cours d’appel) un pôle financier pour les investigations relatives à la corruption et aux délits économiques. Des chambres spécialisées pour ces délits seront établies au sein des Cours d’Appel et de la Cour Suprême.

Par ailleurs, l’obligation pour les hauts fonctionnaires, prévue par la loi du 18 septembre 2007, de faire une déclaration publique de patrimoine sera strictement appliquée et sa violation sanctionnée.

Et, au niveau du Parlement, le contrôle de l’exécution budgétaire sera étayé par des rapports soumis tous les six mois par le Gouvernement.

Concernant les acteurs non étatiques, la contribution active de la société civile à la mise en application de la stratégie sera encouragée. « Les organisations de la société civiles seront incitées à se mettre en réseau et à créer une structure représentative et efficace en matière de lutte contre la corruption. »

Et pour revenir à l’OTI, ses dirigeants, d’anciens sénateurs pour la plupart, elle est financée sur fonds propres. Un rapport financier sera publié chaque année. Le règlement intérieur interdit les contributions sécrètes.

Dans ce rapport annuel et ses avenants, l’OTI compte mettre sur les feux de la rampe les faits de corruption.

L’OTI promet aussi de s’investir dans la sensibilisation de l’opinion afin de faire comprendre à la population les dangers de la corruption qui a un effet direct sur leur vie quotidienne, sur l’éducation, la santé, les prix, les salaires, etc

Les dirigeants de l’ONG, des notables nationaux issus de tous les bords politiques annoncent avoir compris que la corruption est un cancer pour le pays et qu’il va falloir s’investir dans une lutte  sans merci.

Bakari Gueye

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