Dahaba Djibril DIAGANA, membre du Bureau politique de l’UFP : «Les citoyens ont lu le pacte et attendent avec espoir ce qui en résultera»

Dahaba Djibril DIAGANA est membre du Bureau Politique de l’Union des Forces de Progrès (UFP), parti politique de l’opposition mauritanienne, depuis 11 ans.  Sur le plan professionnel, il est consultant-Entrepreneur, titulaire d’un diplôme d’ingénieur en informatique et d’un diplôme supérieur dans les domaines des managements, spécialisés en Emploi et Entreprenariat des Jeunes.  Il est aussi fortement impliqué dans plusieurs initiatives et organisations citoyennes dans les domaines de l’innovation, de l’amélioration du climat de l’insertion socio-économique des jeunes. Dans cet entretien, il revient sur la portée et le contenu du « pacte républicain » signé récemment entre les partis UFP, RFD, INSAV et le ministère de l’intérieur.

Initiativenews : Le RFD et l’UFP sont presque sortis bredouilles des récentes élections législatives, municipales et régionales. A part ces deux partis, aucun autre de l’opposition n’est signataire du pacte républicain. N’ est-ce pas un vice presque rédhibitoire ?

Dahaba Djibril Diagana : Rédhibitoire ?  Non : C’est plutôt une démarche salutaire. Il est vrai que nous sommes sortis avec des résultats pas satisfaisants, non conformes à ce que nous sommes. Cependant, il ne faut pas oublier que ces élections ont été contestées par toute la classe politique, majorité et opposition, une première dans l’histoire du pays. Les uns et les autres sont allés jusqu`à demander l’annulation pure et simple des scrutins. Tout cela montre la désorganisation et le manque de transparence. Il est hors de question de vouloir coute que coute se référer à ces résultats pour définir qui doit signer ou qui ne doit pas signer un accord politique… Nous sommes des partis légaux, souverains et historiques, composées d’hommes et de femmes de valeurs qui ont tout donné à la Mauritanie pendant plusieurs décennies. Malgré les soubresauts, les pièges et obstacles infinis, nos partis ont toujours lutté pour un idéal commun, inclusif.

Les deux partis (UFP et RFD), ont joué chacun un rôle historique, d’une manière ou d’une autre pour le pays.  Ils sont dirigés par deux hommes aux trajectoires, certes différentes, mais orientées vers un idéal de justices, d’équité et de progrès avec une constance remarquable.

Ahmed Ould Dadah, président du RFD, est un homme d’État qui a joué un grand rôle pour l’avènement de la Mauritanie moderne, après notre indépendance. Il fut ministre des finances à une période déterminante où il fallait partir presque de rien. Ensuite, premier gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie, il a créé l’ouguiya il y’a 50 ans, pilier incontestable de notre souveraineté nationale. Pour la célébration de notre monnaie nationale comme fierté, la BCM doit rendre un vibrant hommage à Ahmed Dadah. Acteur de première heure depuis l’avènement du multipartisme, ce qui fait de lui une figure historique de l’opposition démocratique depuis plus de 30 ans, un parcours magnifié par sa présence remarquable à tous les rendez-vous de notre histoire politique récente.

Mohamed Ould Maouloud, est un homme de science doublé d’un homme État lui aussi. Il a passé toute sa vie à lutter pour le peuple, depuis plusieurs décennies, face à tous les régimes avec une constance et une lucidité rassurante pour la justice et l’équité sociale. Il est enseignant de son État, professeur d’histoire à l’université de Nouakchott, il a continué à enseigner même après sa retraite en tant que bénévole. Ses travaux et recherches furent appréciés à la prestigieuse université la Sorbonne, ayant obtenus tous les honneurs d’une thèse de doctorat et même un droit de publication… c’est une fierté !

Si de telles personnalités historiques se trouvent encore engagées avec nous, je pense qu’il s’agit d’une grande chance qu’il faut exploiter pour s’inspirer au maximum de leurs expériences, mais aussi par devoir de reconnaissance aux hommes et aux femmes qui ont fait des sacrifices pour leur pays… Je pense que le président de la république est bien conscient de cela, d’où cette démarche pleine de maturité de grandeur que l’on peut attendre d’un chef d’État, mais aussi du parti au pouvoir INSAV.

Initiativenews : Mise en place d’un mécanisme crédible pour le règlement définitif des dossiers des droits de l’homme et des injustices… » A quoi ressemblera ce mécanisme ? De quels dossiers traitera-t-il ?

Dahaba Djibril Diagana : Il y’a des dossiers pendants sans le règlement desquels il serait difficile voire impossible de vivre en harmonie. Il est temps que ces dossiers soient traités pour que la confiance soit rétablie entre une partie des citoyens et leur État.  Il s’agit de dossiers très sensibles dont le traitement nécessite attention, maturité et prudence pour atteindre l’objectif ultime.

Je pense que ce mécanisme prendra en compte la représentativité de l’ensemble des parties pour qu’à travers des discussions et un dialogue permanent, des solutions adéquates puissent être trouvées et mises en œuvre.

Initiativenews : Le pacte, insiste ses signataires, est ouvert à toute la classe politique. Comment convaincre les autres partis pour les amener à y adhérer ?

Dahaba Djibril Diagana : Vous savez, avant la publication des documents du Pacte Républicain, nous avons fait l’objet de toutes sortes des critiques pour la plupart malsaines. Ce qui n’est, en soit, pas mauvais, mais il y’a eu des tentatives de désinformations hasardeuses, inélégantes de la part de certains leaders, qui tentent de manipuler les citoyens, les désinformer. L’unique but de ces manouvres était de nous rendre inaudibles et saboter le pacte. C’est une aventure ratée, car les citoyens sont aujourd’hui attentifs. Ils ont lu le pacte et attendent avec espoir ce qui en résultera.

Là, on est devant les faits, nous appelons toutes les forces vives du pays à soutenir et à accompagner le Pacte Républicain pour atteindre ses objectifs qui sont nationaux, républicains et démocratiques. Si les élections n’ont pas suffi pour apaiser la situation du pays de façon générale, voici une occasion historique qu’il faut saisir.

Comment les convaincre ? C’est simple, le Pacte prend en charge l’ensemble des préoccupations du peuple, je pense qu’eux-mêmes, une fois qu’ils feront connaissance du contenu du document, le bon sens les amènera à revenir sur certains propos et à rabattre leurs cartes. Par conséquent, vu notre attachement à l’aboutissement de ce projet, nous avons entamé des démarches vers eux. INSAV s’occupent des partis de la majorité présidentielle, d’une part, d’autre part l’UFP et le RFD s’occupent des partis de l’opposition. Des rencontres sont effectuées, les résultats sont positifs pour certains, pour d’autres on est en attente. Dans tous les cas, nous pensons qu’à terme, avec ces démarches, on aboutira à un tournant plus ou moins inclusif et le peuple Mauritanien en sortira gagnant, c’est ce qui nous anime.

Initiativenews : Un autre point du pacte : « Appliquer la stricte séparation entre emplois politiques et postes techniques… » C’est quoi un emploi politique ? Concrètement, comment se fera cette séparation ?

Dahaba Djibril Diagana : Ces dernières années nous avons constaté une politisation outrancière de l’administration publique mauritanienne. Beaucoup de nominations injustifiées du point de vue de la compétence. Cela n’est pas approprié dans notre contexte national où le résultat doit être est le plus important.

Il est important que certaines fonctions fassent l’objet de sélections rigoureuses tenant   compte des compétences techniques et managériales

Nous avons tous étaient témoins de certaines révélations lors d’un grand atelier conduit par l’ancien ministre de l’économie et des secteurs productifs, sur les raisons des retards des projets de l’État, c’est édifiant comme illustration. Le point le plus important parmi les blocages c’est la compétence et les ressources humaines. 

Aujourd’hui, plusieurs démembrements en charge du portefeuille de l’État sont dans une situation peu reluisante, qui les vide de toute capacité à servir efficacement les citoyens. Il faut se mettre à la correction… le premier pas consiste donc à privilégier la compétence au-dessus de toute autre considération… . D’ailleurs cela faisait partie des engagements du chef de l’État lors de la campagne présidentielle de 2019.

Initiativenews : Le pacte prévoit la mise en place d’un comité d’orientation et de suivi pour sa mise en œuvre.  Quel sera le travail de ce comité ?

Dahaba Djibril Diagana : Les ateliers définiront les prérogatives dudit comité, par ailleurs, je pense que c’est tout à fait normal de mettre en place un tel comité, pour faire le suivi quotidien, hebdomadaire ou mensuel, de la mise en œuvre des recommandations. D’ailleurs, je pense qu’il faut institutionnaliser le dialogue dans ce pays, cela peut être une démarche innovante et très sophistiqué, le contexte géopolitique l’exige. 

Enfin, c’est un mécanisme approprié pour permettre à l’ensemble des parties de constater, d’orienter et d’améliorer les réponses aux doléances et préoccupations du peuple. C’est une approche participative rassurante.

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