Promouvoir la Planification Familiale en Mauritanie : Les acteurs comptent sur les Religieux pour relever le défi

En Mauritanie, la prise de décision en matière de planification familiale peut être sujet à discussions au sein du couple.
Hapsatou Sy est une jeune femme au foyer. Elle raconte ses difficultés à élever deux enfants qu’elle a eus en moins de trois ans. « J’ai vécu des moments très difficiles après avoir eu deux enfants en seulement 3 ans. J’ai essayé de parler de planification familiale avec mon mari, mais il a catégoriquement cité des objections religieuses. Mes efforts pour le convaincre ont été vains. »

Impliquer les hommes dans les débats sur la santé sexuelle et reproductive. Voilà un défi non négligeable en Mauritanie pays à cent pour cent musulman et marqué par les traditions patriarcales.
On trouve pourtant au sein de la Société Civile des leaders religieux et des jeunes engagés qui essaient de sensibiliser les communautés.
Les religieux tentent d’expliquer le point de vue de l’islam qui selon la plupart d’entre eux ne s’oppose nullement à l’espacement des naissances et à un suivi rigoureux de la santé reproductive.
Ils établissent un partenariat avec les acteurs engagés dans la promotion de la SR/PFe en vue de dissiper les idées fausses et montrer que la planification familiale est compatible avec les valeurs islamiques, tout en améliorant la santé des familles mauritaniennes.
« De nombreux Mauritaniens ont à tort l’idée que la planification familiale est contraire à l’islam, et certains leaders religieux méconnaissent le concept de la planification familiale. » Souligne L’Imam Abdallahi Cissé qui rappelle que dans une Fatwa, il est clairement indiqué que l’islam n’interdit pas l’espacement des naissances s’il est pratiqué conformément à ses enseignements. « La loi islamique soutient même l’utilisation de la contraception pour garantir le bien-être sanitaire, économique, social et éducatif du couple et de ses enfants. » Assure-t-il.
En sollicitant les éclaircissements auprès de leaders religieux informés, les activistes pour la santé reproductive cherchent à booster leur combat à travers le dialogue communautaire.
S’appuyant sur les engagements internationaux et nationaux, tels que le renouvellement de la CIPD, le partenariat de Ouagadougou et les politiques de santé, fournissent une base solide pour améliorer les services de santé sexuelle et reproductive, en particulier l’accès à l’espacement des naissances.
Selon Haby Mountagha Sow, responsable du Conseil de Dépistage Volontaire (CDV) au centre communautaire de l’Association des Gestionnaires pour le Développement, les leaders religieux jouent un rôle crucial dans leur initiative.
« Beaucoup pensent que la planification familiale va à l’encontre des principes de l’islam. Leur implication est fortement souhaitée car ils ont une influence directe sur la population. » Confie Haby qui rajoute : « le travail avec les jeunes ambassadeurs représentant l’ensemble de la Mauritanie dans le domaine de la planification familiale, n’a pas obtenu les résultats escomptés malgré nos efforts. »
Difficile de mobiliser les jeunes via les réseaux sociaux. Poursuit-elle. : « les commentaires n’ont pas été positifs. Certains vont jusqu’à dire que notre objectif est de pousser les jeunes vers des comportements de débauche. » Déplore la responsable du CDV de l’AGD.
Le défi reste énorme car « il faut travailler sur ces problèmes pour mieux sensibiliser et éduquer la population. » Conclut Haby Mountagha Sow.

Selon les spécialistes de la Santé reproductive, les méthodes modernes de contraception, telles que les pilules, les préservatifs, les implants, les produits injectables et les dispositifs intra-utérins, sont plus efficaces que les méthodes traditionnelles telles que le retrait et la méthode des cycles.
Seulement 30% des jeunes et des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans souhaitant retarder ou espacer leurs grossesses utilisaient une méthode de contraception moderne en 2015.
20% des femmes mariées âgées de 15 à 49 ans souhaitant retarder ou espacer leurs grossesses utilisaient une méthode de contraception moderne en 2015. Et 20% des femmes mariées âgées de 15 à 19 ans qui souhaiteraient espacer ou limiter leurs grossesses utilisaient un moyen de contraception en 2015.
Le dialogue ouvert, un allié indispensable.
Grâce à un dialogue ouvert, à l’éducation et à l’accès aux services de santé, les leaders religieux et les jeunes engagés peuvent grandement contribuer à promouvoir la planification familiale en Mauritanie. Leur collaboration pourrait améliorer la santé des mères et des enfants tout en respectant les valeurs culturelles et religieuses de la société.

A l’occasion de séminaires et d’ateliers de formations, les recommandations vont dans le sens de la poursuite des efforts visant à éduquer et à sensibiliser la population mauritanienne sur la planification familiale en mettant en avant la compatibilité de cette pratique avec les valeurs et les enseignements de l’islam.
Les OSC intensifient les campagnes de sensibilisation en utilisant des approches adaptées aux différents publics, notamment les jeunes, les couples mariés et les leaders religieux. Ces campagnes devraient mettre en avant les avantages de la planification familiale pour la santé maternelle, la santé des enfants et le bien-être familial.
Parmi les activités, la formation des leaders religieux reste un volet essentiel en ce qu’elle leur offre des outils d’appréciation objective sur les aspects médicaux et sociaux de la planification familiale, explique un responsable d’ONG qui souligne : « Il est temps de briser les barrières culturelles et religieuses qui ont entravé la promotion de la planification familiale en Mauritanie. »

Ousmane Hamed Doukourè : Initiatives News

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