L’oraison impossible

Le 17 décembre 2022, s’éteint, à Las Palmas de Gran Canaria où il se soignait d’un embarras marginal, l’un des enfants bénis de la Mauritanie – que cette dernière n’enfante plus – peut-être le dernier d’une fratrie en voie de disparition, celle du métissage joyeux, de la modernité, du sport et de la culture, au service du vivre-ensemble, selon l’acception universelle du mot. Ahmed Ould Hamza, promoteur des artistes, généreux tuteur des associations en herbe, prince de la société civile, gentilhomme de la cité, si singulier parmi les bédouins, incarnait, à sa manière, toute de franchise et de spontanéité, le lien indissoluble entre les deux rives du Fleuve Sénégal. Il y avait, en lui, du Sidiel Mokhtar Ndiaye et du El Hadj Ibnou Bou El Moghdad Seck, insignes symboles de la diversité d’un pays alors à l’aube de son enfance.

Mais, davantage que les illustres devanciers, jamais praticien de la politique – sous nos latitudes du moins – ne se montrait aussi proche de la jeunesse, ni tant attentif à l’égalité du genre. Les employé(e) s de la mairie de Nouakchott, à qui le hasard du suffrage universel offrit la chance de travailler à son ombre rassurante, se souviennent des apostrophes d’un chef d’équipe dont la rigueur, la mansuétude et l’altruisme s’équilibraient, en harmonie. Pareilles qualités se rencontrent rarement chez l’humain, surtout le détenteur des atours de la fortune, titulaire d’une bribe d’autorité ou locataire de quelque titre.

Ahmad Hamza (1952-2022) fut président de la Communauté urbaine de Nouakchott. Il était également Président de l’Alliance Franco Mauritanienne.

Qu’ajouter d’autre, au portrait d’une personnalité de renom, cependant douée de l’humilité sans effort ? Quel hommage funèbre convient-il de rendre à l’ami loyal ? Comment décrire, avec justesse, la courtoisie du débatteur hors-pair, quand prenait, toujours, le soin de persuader son contradicteur, avant de le remettre à l’aise, d’une tape rieuse sur l’épaule, en gage de consolation ?

Oui, il y a de ces chagrins tenaces que la prose la plus ambitieuse échoue à dire.

Aujourd’hui, silence et tristesse s’imposent, devant la dépouille d’un Mauritanien depuis longtemps en avance sur son temps, au point de nous avoir quittés trop tôt…

Adieu Ahmed !

Othman Ould Elyessa

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