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l’entretien qu’il nous a accordé, Mr Cheikh Abdellahi Bedda DG de la SOMELEC fait le point sur les réalisations et les pas franchis au cours des trois dernières années.
En 2019, la SOMELEC était dans une situation difficile. Aujourd’hui encore des voix s’élèvent pour pointer du doigt les performances de la société. Qu’en est-il au juste ?
Effectivement, nous avons hérité d’une situation particulièrement difficile sur tous les plans, aussi bien technique et financier qu’organisationnel et managérial. Le service connaissait des interruptions fréquentes et le taux d’accès des populations à l’électricité était très limité au moment où ces services deviennent de plus en plus indispensables pour notre population qui aspire légitimement à un niveau de vie décent.
Face à cette situation, il fallait faire le diagnostic de la situation et élaborer une feuille de route pour parer au plus pressé et définir une vision d’avenir. La Somelec a ainsi consenti au cours des trois dernières années, des efforts considérables pour corriger les déséquilibres, améliorer la qualité et la continuité du service et permettre l’accès à ces services au plus grand nombre d’habitants dans les meilleures conditions. Un projet en cours d’exécution vise à renforcer les infrastructures électriques dans 50 villes de l’intérieur du pays. Ce projet connu sous le nom « Projet 50 villes »financé par l’Etat et la SOMELEC à hauteur de 28,4 milliards MRO est déjà intervenu dans 10 villes dont il a doté les centrales de groupes électrogènes semi rapides de haute qualité.
C’est ainsi que 259 localités dans les différentes wilayas à l’intérieur du pays ont bénéficié d’actions concrètes dans le cadre d’un vaste programme d’électrification et d’extension de réseaux et de centrales. Le nombre des abonnés s’est accru de 100 000 nouveaux clients et le taux de desserte est passé de 42 à 53%.
La continuité du service a été sensiblement améliorée même si, évidemment, nous sommes bien conscients que beaucoup de choses restent encore à faire, c’est pour cela qu’aucune trêve n’est permise tant que ce sous-secteur clé n’a pas atteint un niveau de performance lui permettant d’être à même d’accomplir convenablement son rôle fondamental dans le développement socioéconomique du pays.
Quelles sont les grandes lignes de la restructuration en vue et quels sont ses objectifs ?
Nous avons d’abord instauré une nouvelle organisation en interne visant à optimiser les moyens et à moraliser la gestion en introduisant plus de rigueur et de transparence, notamment en matière de passation des marchés ainsi qu’au niveau des achats et approvisionnements La prochaine étape décisive sera une profonde restructuration de la SOMELEC qui sera scindée en une société mère (holding) et trois filiales dont l’une se chargera de la production et du transport de l’énergie tandis qu’une autre aura en charge la distribution et la commercialisation et une troisième sera dédiée exclusivement à l’électrification rurale. Nous pensons que cette configuration qui a donné satisfaction dans d’autres pays permettra une meilleure efficacité du système électrique national.
La SOMELEC a-t-elle les moyens de sa politique. Avant 2019, la société était présentée comme un gouffre financier. On parlait même de faillite du fait de lourds investissements jugés inutiles ?
La politique d’assainissement et de bonne gouvernance mise en œuvre a donné des résultats considérables en dépit d’une conjoncture particulièrement difficile marquée par les effets de la pandémie du Coronavirus et la crise énergétique mondiale qui a conduit nombre d’entreprises d’électricité à opérer des délestages ou à augmenter leurs tarifs. Chez nous, les autorités publiques ont préféré le maintien des tarifs en dépit d’un gap important entre les prix de revient moyen du kWh(environ 106 MRO) et son prix de vente fixé à 26 MRO pour plus de la moitié des abonnés( la catégorie sociale)et 59 MRO pour les abonnés domestiques.
Le phénomène des branchements anarchiques illégaux semble peser lourdement sur le budget de la société ?
En effet, nous livrons également une bataille sur ce front en menant des campagnes anti-fraude qui ont donné des résultats. Dans ce cadre, nous avons également fait recours à la loi qui sanctionne le vol de l’électricité et nous avons signé un marché avec un partenaire pour l’acquisition et l’installation de compteurs intelligents qui permettent de contrôler la consommation des usagers ainsi que la télé-relève et le prépaiement. Un programme de transformation numérique est en cours de réalisation.
L’orientation vers les énergies renouvelables semble être aujourd’hui une option stratégique pour la Mauritanie. Quel est le bilan dans ce domaine au cours des 3 dernières années ?
L’objectif du gouvernement est de diversifier le mix énergétique national par l’introduction massive des énergies renouvelables, solaires et éoliennes, dont notre pays recèle des potentialités considérables. Les essais de mise en service de la centrale éolienne de Boulenouar de 100 MW ont commencé et d’autres projets de ce type sont envisagés à court et moyen termes.
Quelles sont les perspectives de développement de la SOMELEC à court, moyen et long terme ?
Outre la réforme de la SOMELEC, la stratégie adoptée par le gouvernement est orientée vers l’introduction des énergies renouvelables, la construction d’un système électrique national interconnecté au lieu des petites unités isolés coûteuses et peu fiables et l’accès universel aux services d’électricité à l’horizon 2030. Nous pouvons ainsi envisager l’avenir de ce secteur stratégique dans notre pays avec sérénité. Nous pouvons ainsi envisager l’avenir de ce secteur stratégique dans notre pays avec sérénité.
Propos recueillis par Bakari Gueye
Source: Spécial HORIZONS/Novembre 2022
